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LEGRAND
(Claude-Juste-Alexandre), général français,
naquit au Plessier-sur-Saint-Just (Oise), le 23 février 1762.
Devenu orphelin à 15 ans, il entra au service comme soldat
dans le régiment Dauphin, infanterie, le 16 mars 1777. Il
y était sergent-major en 1786, lorsqu’il obtint son congé.
Il se maria ensuite à Metz, reprit du service en 1790 et
fut nommé chef d'un bataillon de volontaires de la Moselle.
L'année suivante le gouvernement le chargea de l'inspection
d'une partie de l'armée de la Moselle et, en 1793, il fut
élevé au grade de général de brigade.
Employé en cette qualité à l'armée de
Sambre-et-Meuse, il eut part aux victoires d’Arlon, de Fleurus et
de Juliers. En 1795, le passage du Rhin à Ham, au-dessus
de Dusseldorf, lui offrit une nouvelle occasion de se distinguer.
Dans la nuit du 6 août (19 thermidor), il s'embarque avec
un bataillon de grenadiers, traverse le Rhin sous le feu d'une redoute
ennemie, dont la clarté de la lune dirige les coups. Les
grenadiers se précipitent sur ses pas, culbutent 2.000 hommes,
et s'emparent de sept pièces de canon. Legrand se porte rapidement
sur Dusseldorf, qu'il enlève de vive force, et fait prisonnier
le commandant, avec sa garnison de 1500 hommes. Cette brillante
opération fut terminée en moins de sept heures. Le
général en chef, Jourdan, la mentionna en ces termes
dans son rapport : La conduite du général Legrand
et son intrépidité sont au-dessus de tout éloge.
Bientôt après, Legrand donna de nouvelles preuves de
talent et de courage à l'attaque des hauteurs de Poperg,
de Leinsfeld, et facilita la prise de Cassel. On le vit encore,
en 1796, effectuer un second passage du Rhin à Weissenthurn,
et tenir en échec l'ennemi aussi longtemps qu’il le fallut
pour établir un pont sur le fleuve. ll se distingua encore
aux batailles de Wurtzbourg, de Liptingen ; et le grade de
général de division fut en 1799 la récompense
de ses nombreux services. Il prit alors le commandement des troupes,
en avant du fort de Kehl. Legrand commençait à peine
à se rétablir d'une maladie grave, lorsque Masséna
l'appela près de lui en Helvétie ; mais, peu
de temps après, l'ennemi s'étant renforcé dans
la vallée de la Kintzig, il vint reprendre son premier poste
sur la rive droite du Rhin. Dans la campagne suivante, sous les
ordres de Moreau, il eut la gloire d'attacher encore son nom à
la victoire de Hohenlinden. En 1801, il fut choisi pour commander
le Piémont, et il y rétablit bientôt l'ordre,
par sa modération et son désintéressement autant
que par ses sages et vigoureuses mesures. Le gouvernement consulaire
le nomma inspecteur-général d'infanterie en 1802.
Lors de la formation du camp de Saint-Omer, il y commanda la troisième
division. En 1805, également employé sous les ordres
du maréchal Soult, il contribua aux succès de la campagne
d’Autriche, et décida en faveur des Français le combat
de Wertingen, se signala à l'affaire de Hollabrunn et particulièrement
à la bataille d'Austerlitz où, avec une faible partie
de sa division, il contint pendant plus de douze heures, sur les
points de Telnitz et de Sokolnitz, tous les efforts de l'aile gauche
russe, lui fit quatre mille prisonniers et enleva douze pièces
de canon ; il en fut récompensé par le grand-cordon
de la Légion d'honneur et le titre de comte. Commandant,
en 1806, une division du quatrième corps d’armée,
il se distingua de nouveau à la prise de Lubeck, à
Iéna, Eylau, Heilsberg et devant Kœnisberg ; puis en
1809, dans la campagne d'Autriche, aux combats d'Ebersberg, de Gross-Aspern
et ensuite à Essling et Wagram. Mais ce fut surtout dans
la désastreuse campagne de Russie, en 1812, qu‘il se fit
le plus d'honneur en combattant sous les ordres du duc de Bellune.
On y trouve son nom mentionné, dans tous les rapports et
bulletins, pour sa bravoure et son sang-froid imperturbable. ll
eut un cheval tué sous lui à l'affaire de Polotsk,
et prit le commandement du deuxième corps d'armée,
lorsque le maréchal Gouvion Saint-Cyr eut été
blessé. Ce fut en forçant le passage de la Bérézina,
le 28 novembre 1812, et en sauvant, par son intrépidité,
les débris de l'armée française et l'empereur
Napoléon lui-même, qu'il reçut la blessure dont
il mourut à Paris le 8 janvier 1815. Il avait été
nommé sénateur en 1813. Se trouvant à Paris
en avril 1814, il fut un des premiers généraux à
se soumettre au gouvernement royal. Louis XVIII le créa pair
dans le mois de juin suivant. Ses dépouilles mortelles ont
éte déposées au Panthéon. Legrand a
laissé un fils de son second mariage avec la fille du ministre
Schérer. C'était un fort beau militaire, et ses manières
nobles et gracieuses le distinguaient de la foule des généraux
de cette époque. ll était très aimé
des soldats ; et, blessé gravement comme il le fut,
il n'échappa au désastre de la Bérézina
que par l'amour de ses grenadiers, qui le portèrent longtemps
sur un brancard.
M-d j.
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