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Mary
Wollstonecraft |
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Mary
Wollstonecraft - (1759-1797). Institutrice, femme de lettres et l'une
des premières féministes britanniques. Elle est surtout
connue pour son pamphlet contre la société patriarcale
de son temps :
« Vindication of the Rights of Woman » * ( publié
en 1792 et immédiatement traduit en français sous le
titre « Défense des droits de la femme »).
Alors qu'en Angleterre s'affrontent partisans réformistes et
adversaires de la Révolution française, Mary Wollstonecraft
n'hésite pas à rapprocher les deux doctrines dans ce
pamphlet.
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Issue
d'une famille modeste, elle a personnellement souffert des discriminations
entre garçons et filles : son
père lui a refusé l'accès à l'enseignement
secondaire alors que son frère cadet y a été
envoyé. Par ailleurs, ce père battait sa mère
; enfant, elle avait tenté de prendre la défense de
celle-ci, laquelle lui a néanmoins toujours préféré
son frère cadet.
Dans son livre, Mary Wollstonecraft posait l'une des questions fondamentales
à ses yeux : la nécessité de l'éducation
des filles. Déjà elle exprimait le regret que l'on
ne cultivât pas assez l'esprit des femmes, ce qui leur ôtait
à peu près toute possibilité de gagner leur
vie honorablement. Elle compare l'exploitation dont sont victimes
les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié
ou à rémunérer leurs services sexuels, au sort
des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie, privées
de toutes perspectives professionnelles par les préjugés
et le défaut d'éducation, et réduites à
trouver un beau parti.
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En 1792, certains
observateurs pensaient que Mary Wollstonecraft était la femme
la plus célèbre d'Europe ; sa position parmi les penseurs
libéraux de son époque ne faisait plus de doute et,
pour avoir fait rimer féminisme et radicalisme, elle fut
reconnue tout à la fois comme une révolutionnaire
et comme une championne du sexe féminin. Son essai est empreint
de l'enthousiasme révolutionnaire qui régnait dans
les milieux libéraux qu'elle fréquentait et qui continuaient
à suivre le déroulement des événements
en France.
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En
France, elle sera vite oubliée jusqu'à sa redécouverte
par Flora Tristan en 1840. Celle-ci écrivit:
« Mary Wollstonecraft dit qu'elle considère les
femmes sous le point de vue élevé de créatures
qui sont, de même que les hommes, placées sur cette
terre pour développer leurs facultés intellectuelles.
La femme n'est ni inférieure ni supérieure à
l'homme : ces êtres ne diffèrent, sous le rapport de
l'esprit et de la forme, que pour l'harmoniser, et leurs facultés
morales étant destinées à se compléter
par l'union, ils doivent recevoir le même degré de
développement. Mary Wollstonecraft s'élève
contre les écrivains qui considèrent la femme comme
un être d'une nature subordonnée et destinée
aux plaisirs de l'homme. A ce sujet, elle fait une critique très
juste de Rousseau, qui établit que la femme doit être
faible et passive et l'homme actif et fort. (....)
Mary Wollstonecraft s'élève avec courage et énergie
contre toute espèce d'abus »
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Si,
en 1840, Flora Tristan s'exprimait en ces termes élogieux,
les réactions furent loin d'être unanimement enthousiastes
lors de la parution du livre. Les premiers commentaires, issus de
milieux libéraux et progressistes lui furent certes favorables
mais l'opinion publique dans son ensemble était loin d'accepter
une telle « impudence » de la part d'une femme. En témoigne
ce commentaire particulièrement sournois et machiste :
« Cela peut-être fantaisie, préjugé
ou obstination, nous ne contestons pas le mot, mais le système
actuel nous plait infiniment mieux; et, en vérité,
chère jeune dame, car, à cause du Miss qui précède
quelquefois votre nom, nous devons supposer que vous êtes
jeune, - essayez d'atteindre la « délicate élégance
d'esprit », la « douce docilité des manières
», « l'exquise sensibilité », ornements
premiers de votre sexe : nous sommes certains que vous en deviendrez
plus charmante et nous osons affirmer que vous serez infiniment
plus heureuse. »
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Françoise Barret-Ducrocq, professeur à l'université
Diderot-Paris 7 écrit : « À la fin du XVIIIe
siècle en Angleterre, les revendications de Mary Wollstonecraft
font l’effet d’une bombe. Elle déduit, de l’égalité
naturelle entre tous les êtres humains, l’égalité
entre les femmes et les hommes et, à partir du postulat selon
lequel la civilisation a été « très partiale
» vis-à-vis des femmes, elle réclame des mesures
fortes destinées à éradiquer cette injustice.
Parmi les plus novatrices : un système universel d’éducation
nationale mixte et l’ouverture aux femmes de tous les métiers.
Ce projet philosophique, le premier à se fonder sur le respect
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, restera
pourtant longtemps lettre morte. » |
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«
Défense des droits de la femmes » est le premier
grand livre féministe anglais, écrit par une femme.
Il frappe par son originalité, la fougue de son auteure,
son caractère précurseur et aussi le fait qu'il appuie
ses arguments sur des théories socialisantes.
Mary Wollstonecraft dédicaça son livre à Talleyrand,
ancien évêque d'Autun, en hommage à la déclaration
qu'il fit, au sujet du gouvernement révolutionnaire, et où
elle perçut l'esquisse d'une prise de conscience de l'injustice
faite au sexe féminin: « ... de voir une moitié
de la race humaine exclue par l'autre de toute participation au
gouvernement, était un phénomène politique
que l'on ne peut justifier par des principes abstraits. »
Mary Wollstonecraft était la mère de Mary Shelley,
(1897-1851) romancière, nouvelliste, auteure de récits
de voyage, et surtout connue pour son premier roman, Frankenstein,
écrit à l'occasion d'un séjour à Genève
en 1816.
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M.
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* http://books.google.com/books?id=qhcFAAAAQAAJ
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Quelques extraits
de « Défense des droits de la femme ».
Persuader les femmes
« Je souhaite persuader les femmes d'essayer d'acquérir
la force physique et morale ; je souhaite les convaincre que les mots
doux, un cœur sensible, des sentiments délicats et un goût
raffiné sont à peu de chose près synonymes de
faiblesse et que ces êtres qui ne sont que des objets de pitié
et, de la sorte, d'amour, deviendront bientôt des objets de
mépris. »
Sur la royauté
:
« Rien ne peut faire apparaître la royauté
sous un jour plus méprisable que les divers crimes par lesquels
les hommes ont accédé au trône. De viles intrigues,
des crimes contre nature et tous les vices qui dégradent
l'homme ont été les étapes vers cet honneur
suprême, et pourtant des milliers d'hommes ont, par indolence
laissé les membres inertes des descendants de ces monstres
rapaces reposer paisiblement sur leurs trônes ensanglantés
».
Sur l'armée
:
« Une armée de métier, par exemple est incompatible
avec la liberté parce la subordination et la sévérité
sont les véritables nerfs de la discipline militaire et que
le despotisme est nécessaire pour donner de la force aux
entreprises dirigées par une seule volonté. »
Sur l'armée
et... les femmes
« Les armées de métier ne peuvent jamais
être constituées d'hommes résolus et robustes
; elles peuvent être des machines bien disciplinées,
mais on y verra très rarement des hommes en proie à
de fortes passions ou à des facultés très rigoureuses.
Quant à la profondeur de l'intelligence, je me risquerais
à affirmer qu'elle est aussi rare dans l'armée que
chez les femmes; et je maintiens que la cause en est la même.
»
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