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  Annuaire 1789-1815   >   France   >   Colonies françaises

Dernière modification le 14 décembre 2006.

Esmangart

Le Moniteur (“seul journal officiel”) publie le 12 vendémiaire an 10 (4 octobre 1801) l’analyse suivante d’un ouvrage consacré aux colonies françaises. On y remarque la proposition de revenir à la vieille pratique de la traite des nègres, abolie en France en même temps que l’esclavage par la loi du 16 pluviôse an 2 (4 février 1794).

De là à rétablir l’esclavage...  ?!


 

Des colonies françaises, et en particulier de l’île de Saint-Domingue, par Charles Esmangart, ancien officier de marine.

A Paris, chez H. Agasse*, imprimeur-libraire, rue des Poitevins, n° 18, an 10.

 

Tel est le titre d’une brochure que vient de publier le même auteur à qui l’on doit un écrit sur la marine française, lequel obtint, au commencement de l’an 9, un succès mérité auprès de tous les bons esprits qui se sont occupés de cette branche essentielle de l’administration publique.

Ce nouvel ouvrage nous paraît fait pour produire une vive sensation, soit par l’importance du sujet, soit par la manière dont il est traité : la modération avec laquelle s’exprime le citoyen Charles Esmangart, prouve un homme pénétré de la vérité de ce qu’il avance, et quelqu’éloigné qu’on pût être de ses idées, il est difficile de ne pas les adopter après qu’il les a présentées avec tant de clarté et de précision, et lorsque c’est dans une longue expérience qu’il puise la principale force de ses raisonnements. Son but est de détourner le gouvernement de tout projet d’établissements nouveaux : il veut au contraire que la France s’occupe des moyens de rendre à ses possessions actuelles l’éclat dont la guerre leur a fait perdre une partie, mais dont elles conservent toujours la source. Enfin, il pense, et il démontre avec évidence que de toutes les colonies qui nous restent, c’est surtout l’île de Saint-Domingue qui mérite la sollicitude et les efforts du gouvernement.  Nous allons donner une analyse rapide de cet intéressant ouvrage.  (...)

Nous suivons l’auteur à Saint-Domingue, et nous rappelant avec lui que cette superbe colonie, la première des Antilles pour la fertilité, pour la population et la richesse, contenait, en 1789, cinq cent vingt mille individus, et faisait pour deux cent cinquante millions d’exportation annuelle ; nous cherchons la cause de cet accroissement prodigieux qui fut l’ouvrage d’un siècle ; nous la trouvons dans l’amélioration des cultures, dans l’augmentation et le renouvellement de la population par la traite, dans le traitement plus doux et plus humains que les colons français exerçaient envers les nègres, circonstance sur laquelle se sont accordés tous les voyageurs et les écrivains de toutes les nations. Mais les malheurs de la révolution et les désastres de la guerre, ont détruit en partie ce brillant édifice. Est-il possible d’en réparer les ruines ? C’est ce qu’affirme le citoyen Esmangart ; et si quelque chose peut sembler digne d’estime, c’est la bonne foi d’un colon qui pense et qui prouve que l’émancipation des nègres, après avoir, par son imprudente précipitation, amené tant de calamités, n’est point un obstacle au rétablissement de la colonie, et qu’il serait aussi injuste qu’impolitique de revenir sur le principe de cette émancipation.

Pour maintenir la subordination, si nécessaire parmi les différentes classes d’habitants, surtout aujourd’hui que l’affranchissement des nègres et l’habitude de l’indiscipline les ont rendus plus difficiles à contenir, l’auteur fait sentir la nécessité d’établir un gouvernement très fort, et au moment même où il publiait ses idées à cet égard et rappelait l’ancienne administration des colonies, il se rencontrait avec le système que le gouvernement français avait adopté pour la Guadeloupe et qu’il vient de faire connaître. Parmi les moyens qu’il conseille, un des premiers, selon lui, doit être de rétablir les habitants dans leurs droits de propriété, et de protéger leur rentrée sur leurs plantations.

(...)

Après avoir retracé le tableau de l’ancienne prospérité de Saint-Domingue, et indiqué les mesures nécessaires pour la faire revivre, le citoyen Charles Esmangart examine les avantages que promet à la France la partie de l’île qui appartenait à l’Espagne, et qui nous a été cédée par cette puissance. (...)

Les avantages futurs qui résulteront de cette nouvelle possession dépendent des progrès de la culture et de l’accroissement de la population. Ces deux causes inséparables, comme leurs effets, seront infaillibles. Mais quel est le moyen d’augmenter la population ? Il en est un que l’auteur regarde comme le plus efficace, et qui, fondé sur les bases qu’il lui indique, ne serait contraire ni à la justice, ni à l’humanité. Ce moyen, c’est la traite, pratiquée par tous les peuples de l’Europe, et à laquelle la France n’a aucune raison de renoncer. Il propose donc un engagement de sept années, au bout desquelles les nègres nouvellement achetés, auraient, par leurs travaux, indemnisé les cultivateurs de toutes leurs avances, et seraient libres de rester alors sur les habitations de leurs premiers maîtres, ou d’aller employer pour d’autres leurs bras et la jouissance de leur personne. Pour quiconque connaît le climat des colonies, et est bien convaincu qu’elles ne seront jamais peuplées utilement que par des ouvriers nègres, les raisonnements du citoyen Esmangart sont de toute évidence, et ses réponses à toutes les objections, d’une sensibilité feinte ou malentendue, paraîtront l’effet d’une philanthropie mieux éclairée, qui, au lieu de l’état continuel de guerre et de l’esclavage éternel auquel les nègres sont condamnés dans leur pays, ou dans les colonies étrangères, leur présente, dans nos possessions, un prompt acheminement à la civilisation et à la liberté.

(...)

Cette brochure, plus substantielle que bien des volumes, honore également le bon esprit, le talent et le zèle du citoyen Charles Esmangart.

   

  *H. Agasse était le propriétaire du Moniteur (le seul Journal officiel).

 

 

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