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Dans
le pays d’Eiffel, le jour de Saint-Mathieu, les garçons de
la commune se rassemblent et mettent à l’enchère chaque
fille, en les nommant les unes après les autres ; chacune
d’elles est adjugée à celui qui en offre davantage.
Il acquiert le droit exclusif de la fréquenter pendant six
mois. Dans quelques autres cantons les garçons en plantant
le mai, tiraient au sort les filles du village, chacun devenait
le sigisbée de celle qui lui était échue, durant
une année entière. Il devait répondre de sa
virginité, lorsqu’elle se mariait, s’il n’avait pas dénoncé
sa conduite auparavant.
L’usage du tabac à fumer est général ; on voit
quelquefois des femmes et souvent des enfants la pipe à la
bouche, il y a des hommes qui ne la quittent pas même pour
se coucher. Dans les montagnes de l’Eiffel, il y a des cantons dénués
d’horloges où la pipe est une espèce de clepsydre
pour les habitants, lorsque le voyageur les interroge sur la distance
d’un village à l’autre, au lieu de répondre il y a
tant de lieues, ils disent : il y a tant de pipes de tabac.
M. Boucqueau, préfet de l’ex-département de Rhin-et-Moselle,
dit que ce trait est doublement caractéristique en ce qu’il
peint en même temps la continuité de l’habitude et
la situation isolée de quelques hameaux. Cet administrateur
ayant été curieux de s’informer de quoi se servaient
plus anciennement ces mêmes habitants, pour exprimer les divisions
du temps, avant que l’usage du tabac fût répandu, on
lui fit connaître que les chapelets leur rendaient le même
service, et qu’ils disaient la distance d’un ou deux chapelets,
expression que l’on retrouve encore consacrée dans quelques
opérations de la cuisine et de l’économie domestique
de ces bonnes gens. (Bulletin de la Société de géographie
de France, 1828, p. 263)
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