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On lit dans le Journal des Débats de ce lundi 13
mars 1815 : |
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Italie.
Milan, 1er mars 1815.
Le zèle, sinon suspect, du moins très maladroit de
quelques personnes, remplit depuis quelques mois l'Italie de fausses
nouvelles, qui sont répandues avec une intention apparente
de nuire au roi Joachim et aux buonapartistes. C'est ainsi qu'on
reçoit aujourd'hui des lettres de Rome dans lesquelles ont
dit que le Pape a lancé une bulle contre le roi de Naples ;
qu'il a déclaré que ce royaume, comme fief du Saint-Siège,
était donné au roi Ferdinand, et qu'il a demandé
aux puissances chrétiennes une force armée pour mettre
à exécution cette décision. Les mêmes
lettres affirment que la reine Caroline est malade de peur et de
chagrin, tandis que les journaux de Naples la font assister aux
fêtes et aux spectacles. D'autres lettres écrites de
Livourne disent que 2600 hommes de la ci-devant garde impériale
ont quitté l'île d'Elbe, où il n'y a jamais
eu plus de neuf cents gardes en tout. Aujourd'hui, on nous peint
la Valteline comme un foyer révolutionnaire ; demain
ce sera Genève ou Lausanne. On fait semblant de voir de toutes
parts des conspirations. Cette tendance des esprits n'est pas propre
à ramener le calme que nous désirons dès longtemps.
(Gazette de Lausanne). |
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Paris,
12 mars 1815.
On vient de recevoir les nouvelles les plus satisfaisantes de S.A.R.
Monsieur ; le maréchal Macdonald, duc de Tarente, a
rejoint S.A.R. à Lyon, le 9 du courant ; les habitants
de cette ville ont témoigné le plus courageux dévouement ;
ils ont détruit les ponts, et ils se seraient défendus
jusqu'à la dernière extrémité, s'ils
avaient eu quelques pièces de canon. Le maréchal Macdonald,
après avoir examiné l'état des munitions de
guerre, a pensé qu'il fallait se replier sur la route de
Clermont avec les troupes, qui sont toutes restées inébranlablement
fidèles pour y réunir de nouveaux bataillons, de l'artillerie,
et pour rentrer aussitôt dans Lyon si Buonaparte se portait
en avant. Tous les corps militaires et toute la population du Midi
ont ainsi un point de ralliement, d'où ils partiront pour
attaquer Buonaparte sur les derrières. Tout fait espérer
que la délivrance de Lyon n'est pas éloignée.
Tous les braves, tous les fidèles de ces contrées
se réuniront autour d'un chef dont la fidélité
est aussi sûre que la bravoure est prouvée. Pendant
ce temps, les maréchaux Ney et Suchet viennent de Besançon
et Strasbourg avec les troupes sous leurs ordres ; c'est par
eux que Buonaparte a vaincu ses ennemis, c'est par eux qu'il sera
vaincu lui-même : la France doit sa gloire à ces
braves guerriers ; elle leur devra son salut.
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La frégate le Lis, partie de Toulon, s'est emparée
du brick et des bâtiments de transport qui ont mis à
terre Buonaparte et sa suite. |
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Chambre
des Pairs de France
Du samedi
11 mars 1815.
Compte-rendu à la Chambre des Pairs par M. le Chancelier,
en vertu des ordres de Sa Majesté.
(...)
C'est dimanche, 5 de ce mois, que nous avons reçu la première
information du débarquement opéré par l'ennemi.
D'après des rapports sur l'exactitude desquels nous croyons
pouvoir compter, il n'avait que sept cents hommes de la vieille
garde, à peu près trois cents Corses et cent-quarante
étrangers venus avec lui de l'île d'Elbe, c'est à
dire en tout 1140 hommes.
C'est avec cette poignée de monde qu'il est débarqué,
le 1er, à Cannes près Antibes; il débarqua
sans résistance, parce qu'il n'y avait pas de troupes suffisantes
pour s'y opposer, n'y ayant pas même de troupes sur un point
qui n'était pas menacé. Buonaparte paraît avoir
échoué dans ses tentatives sur Antibes; il s'est avancé
vers Digne, où il était le 4, sans recevoir de nouveaux
renforts.
Le préfet du Var a dépêché des courriers
à tous les préfets voisins, et notamment à
Lyon, pour instruire des événements. C'est par un
de ces courriers que le préfet de Lyon a reçu la nouvelle
du débarquement, qu'il nous a transmise le 5 par une première
dépêche télégraphique; une seconde du
même jour, rectifiant la première, réduisait
à mille ou onze cents hommes le nombre des troupes qu'on
avait d'abord évaluées à seize cents.
D'après ces premières nouvelles, Monsieur, frère
du roi, est parti dans la nuit du dimanche au lundi.
Des courriers expédiés de tous côtés
ont ordonné des mouvements de troupes pour rassembler, sous
les ordres de Monsieur, une armée qui devait être,
après sa réunion, de 30.000 hommes, dont trois à
quatre de cavalerie.
(.......;)
Les bulletins télégraphiques se sont succédé
lentement. Le ministre de la guerre a continué d'expédier
des courriers relatifs à la marche des troupes. Le service
des estafettes a été sur-le-champ rétabli;
nous en avons reçu quelques unes les 7 et 8 qui ont apporté
des lettres du préfet du Var, de celui des Basses-Alpes,
et qui toutes annoncent le meilleur esprit, la plus ferme volonté
de résister à l'ennemi, et promettent de bonnes dispositions
de la part des troupes.
Nous n'avons aucune nouvelle que Buonaparte eut reçu des
renforts; nous avions donc tout lieu d'espérer que sa téméraire
entreprise n'aurait d'autre effet que d'affermir l'autorité
légitime en débarrassant la France de l'éternel
ennemi de son repos et de son bonheur.
Quel a donc été notre étonnement quand la dépêche
télégraphique du 8 nous a informés qu'il était
attendu à Grenoble le soir même, et qu'une seconde
du même jour annonçait que Grenoble devait être
rendu.
Cette dépêche, contrariée par le mauvais temps,
ne nous est parvenue que le 9 au soir.
Hier 10, nous avons reçu celle de Lyon du 8, huit heures
et demie du matin, portant ces seuls mots : Les princes partent
à l'instant; Buonaparte est attendu à Lyon ce soir;
je pars pour Clermont. (C'est le préfet qui parle.)
Il n'était pas question de Grenoble dans cette lettre, et
nous aimions à nous flatter qu'il résistait encore;
mais cette espérance vient d'être détruite par
une lettre de Monsieur du 8 au soir, que S. M. n'a reçue
que ce matin par un courrier et dont elle a daigné me permettre
la lecture pour que j'en donnasse connaissance à la Chambre
des Pairs.
(...)
Telle est donc, Messieurs, la position réelle où se
trouve aujourd'hui la France : Buonaparte arrivé avec onze
cents hommes fait de rapides progrès. Nous ne savons pas
au juste jusqu'à quel point les défections ont pu
grossir sa troupe; mais ces défections ne sont pas douteuses
quand on voit Grenoble occupé, et la seconde ville du Royaume
prête à tomber, et probablement déjà
tombée au pouvoir de l'ennemi.
De nombreux émissaires de Buonaparte se portent auprès
de nos régiments, quelques-uns sont dans leurs rangs; il
est à craindre que beaucoup d'hommes égarés
ne cèdent à ces perfides insinuations, et cette crainte
seule affaiblirait nos moyens de défense.
On ne peut guère arrêter l'effet des mauvaises dispositions
qui nous alarment qu'en s'aidant beaucoup de cette bonne et fidèle
garde nationale, généralement composée de manière
à la mettre à l'abri du danger de la séduction.
Le Roi s'est empressé de la mettre en réquisition
dans tout le royaume. Le Général Desolle, qui la commande,
va vous lire l'ordonnance du roi rendue à cet effet. Une
seconde ordonnance met en permanence les conseillers généraux
de département et d'arrondissement pour régulariser
ce grand mouvement.
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Post-Scriptum
Une dépêche télégraphique de Metz porte
que le maréchal Oudinot, duc de Reggio, à la première
nouvelle du débarquement de Buonaparte, a rassemblé
toute la troupe qu'il commande, au nombre de 13,000 hommes. Il leur
a dit qu'il ne les avait jamais trompés depuis qu'ils combattaient
ensemble ; qu'avec sa franchise ordinaire, il leur déclarait
qu'il était prêt à donner des feuilles de route
à tous ceux qui voudraient aller joindre Buonaparte ;
mais qu'il voulait être sûr de tous ceux qui resteraient
librement avec lui. Il n'y a eu qu'un cri de vive le roi !
vive notre général !
Le duc de Trévise a reçu de nouveau, à Lille,
le serment de la garnison.
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On lit dans le Journal de Paris de ce lundi 13 mars 1815
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