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On lit dans le Journal des Débats de ce dimanche
12 mars 1815 : |
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Marseille,
5 mars 1815.
Rien de bien positif sur la marche de Buonaparte sinon qu'il cherche
à gagner le Dauphiné. Toute la garde urbaine a signé
hier une adresse pour partir. Ils ont remis cette soumission au
prince Masséna, qui leur a répondu « Mes
amis, soyez tranquilles ; il est dans la souricière.
S'il faut que nous marchions, je serai à votre tête. »
Le corps des portefaix a offert aussi de marcher en masse. Ils sont
1400 ; plus de 600 ont servi.
L'esprit des Marseillais est toujours le même pour les Bourbons :
il est même meilleur que jamais. Hier, toute la garde urbaine
était en grand uniforme. L'après-midi on a promené
par la ville en grand cortège le buste de Louis XVIII :
le soir toute la foule s'est portée à la comédie
avec le buste : on est monté sur le théâtre
et l'on y a chanté des couplets en l'honneur du Roi et des
Bourbons. Toute la foule a répondu, et d'une voix unanime
tout le peuple a juré fidélité à Louis
XVIII. Le soir, il y a eu des chants royaux jusqu'à onze
heures au Cours, à la Canebière et sur le port. Plus
de trois mille hommes suivaient... On a arrêté quelques
déserteurs de l'île d'Elbe qui portaient des boutons
à l'aigle. Les enfants leur donnaient la chasse à
coups de pierre. Huit cents hommes de la garde urbaine vont, dit-on,
se rendre à Toulon, pour y remplacer la garnison qui est
partie. |
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15e
Division militaire.
Ordre du Jour.
Les troupes stationnées dans la 15e division militaire sont
prévenues que M. le maréchal de France comte Jourdan,
gouverneur de la division, est arrivé hier à Rouen.
M. le maréchal gouverneur est persuadé que la tentative
insensée de Buonaparte, dont les troupes ont été
instruites par la proclamation et l'ordonnance du Roi qui leur ont
été adressées hier, aura excité parmi
elles la plus profonde indignation.
Celui qui, après avoir abdiqué lorsqu'il était
entouré de son armée vient maintenant à la
tête d'une poignée d'hommes avec le projet d'armer
les Français contre les Français, est un ennemi public.
Son entreprise ridicule tend à livrer la patrie aux horreurs
de la guerre civile, et à ramener les troupes étrangères
sur le territoire français.
Le Roi, plein de confiance dans la bravoure et la fidélité
de son armée, confie au courage des troupes l'intérêt
des familles, le dépôt sacré de la constitution,
le salut du trône et l'honneur de la patrie. Nous répondrons
à cette honorable confiance. Nos serments nous lient au Roi,
l'honneur nous commande d'y être fidèles, la reconnaissance
nous en fait un devoir. M. le maréchal-gouverneur qui connaît
le bon esprit dont sont animés les régiments stationnés
dans la division, est convaincu que dans cette circonstance ils
s'empresseront de manifester de la manière la plus énergique
leur amour et leur dévouement pour le Roi et pour la patrie.
Fait au quartier-général, à Rouen, le 10 mars
1815.
Le maréchal de France, gouverneur de la 15e division,
Signé, Jourdan. |
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Paris,
11 mars 1815.
Une dépêche télégraphique reçue
ce matin, datée de Lyon a huit heures et demie, annonce que
Bonaparte a dû coucher à Bourgoing le 9.
Aucune dépêche télégraphique et aucune
lettre ne font connaître que Grenoble lui ait ouvert ses portes.
( Moniteur du 11 mars.)
Le bruit s'est généralement répandu ce soir que
M. le duc d'Orléans à la tête de vingt mille hommes,
avait repoussé Buonaparte au-delà de Bourgoing. |
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Les extraits suivants feront connaître quelques unes des dispositions
prises par les autorités civiles et militaires dans les départements
des Hautes-Alpes et de l'Isère :
Une lettre du préfet des Hautes-Alpes en date du 4 mars,
et adressée au ministre de la guerre, porte que Buonaparte,
arrivé à Cannes le 1er mars, est entré le 2
à Seranou, le 3 à Castellane, le même jour à
Barème ; qu'il devait arriver le 4 à Digne, et,
selon toutes les apparences, à Gap le lendemain. M. le maréchal-de-camp
commandant le département s'est aussitôt rendu dans
les forteresses pour veiller à leur défense ;
des instructions ont été adressées aux sous-préfets
pour y jeter au besoin des colonnes de gardes urbaines, et les tenir
à la disposition de l'autorité militaire. Tous les
maires du la Durance ont reçu l'ordre de faire toutes les
dispositions nécessaires pour la défense du fleuve ;
toutes les mesures de précaution pour les caisses publiques
ont été prises, les communications avec Valence et
Grenoble bien établies.
L'esprit public est bon dit M. le préfet en terminant sa
lettre ; mais surpris à l'improviste les habitants ne
peuvent offrir de ressources importantes. Quoi qu'il en soit leur
sentiments de fidélité peuvent bien être un
moment comprimés, mais rien ne peut les anéantir.
Le lieutenant-général comte Marchand, commandant la
1re subdivision de la 7e division militaire, écrit de Grenoble,
au ministre de la guerre, en date du 5 mars, qu'à la première
nouvelle du débarquement de Buonaparte, il a rassemblé
chez lui les officiers-généraux et supérieurs
de la garnison pour leur faire part de cette nouvelle ; tous
les officiers sont animés du meilleur esprit et l'on peut
compter entièrement sur eux. Les soldats entendront ainsi
qu'eux la voix de l'honneur et du devoir. Le lieutenant-général
Mouton-Duvernet venait de passer à Grenoble, se rendant dans
les Hautes-Alpes. M. le lieutenant-général Marchand
attendait ses rapports pour agir. Le gouvernement ajoute-t-il, peut
compter que nous sommes tous pénétrés de l'importance
d'un pareil événement et que nous ferons tous notre
devoir.
Le même lieutenant-général comte Marchand écrit
en date du 7 qu'il est instruit de l'arrivée de Buonaparte
près de Gap. Il a réuni toutes les forces dont il
pouvait disposer à Grenoble, pour conserver au Roi le précieux
dépôt que cette ville renferme. Le lieutenant-général
Mouton-Duvernet s'est dirigé sur Valence. Toutes les troupes
qui étaient disponibles à Chambéry ont reçu
ordre de se rendre à Grenoble, ainsi que deux cents hussards
de Vienne. Une proclamation adressée aux troupes a produit
le meilleur effet sur l'esprit du soldat et des habitants.
Une lettre du lieutenant-général Mouton-Duvernet,
datée de Grenoble le 6 mars, donne les détails suivants :
il a été convenu, entre le général et
le lieutenant-général comte Marchand, que dans le
cas où, ce qui est présumable, porte la lettre, Buonaparte
sortant de Gap prendrait à gauche pour éviter Grenoble
et par les montagnes viendrait par Serre et Digne pour passer l'Isère,
soit à Romans, soit à Valence, des troupes seraient
au premier avis dirigées sur ce point, pour se réunir
aux 150 chevaux du 4e régiment d'artillerie légère
et aux 200 hommes à pied du même régiment qui
se trouvent dans cette ville. Le général Mouton-Duvernet
proteste qu'il tirera des faibles moyens qui sont à sa disposition
tout le parti possible, et prie S. Exc. le ministre de la guerre
de compter sur son zèle, son activité et sur sa ferme
résolution de faire, ainsi que tous les militaires sous ses
ordres, son devoir en homme d'honneur.
(Moniteur du 11 mars.) |
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PROCLAMATION.
Au château
des Tuileries, le 11 Mars 1815.
Après vingt-cinq ans de révolution, nous avions, par
un bienfait signalé de la Providence, ramené la France
à un état de bonheur et de tranquillité. Pour
rendre cet état durable et solide, nous avions donné
à nos peuples une Charte qui , par une constitution sage,
assurait la liberté de chacun de nos sujets. Cette Charte
était depuis le mois de juin dernier la règle journalière
de notre conduite ; et nous trouvions dans la Chambre des Pairs
et dans celle des Députés, tous les secours nécessaires
pour concourir avec nous au maintien de la gloire et de la prospérité
nationales. L'amour de nos peuples était la récompense
la plus douce de nos travaux, et le meilleur garant de leurs heureux
succès. C'est cet amour que nous appelons avec confiance
contre l'ennemi qui vient souiller le territoire français,
qui veut y renouveler la guerre civile. C'est contre lui que toutes
les opinions doivent se réunir. Tout ce qui aime sincèrement
la patrie, tout ce qui sent le prix d'un gouvernement paternel et
d'une liberté garantie par les lois, ne doit plus avoir qu'une
pensée, de détruire l'oppresseur qui ne veut ni patrie,
ni gouvernement, ni liberté. Tous les Français, égaux
par la Constitution doivent l'être aussi pour la défendre.
C'est à eux tous que nous adressons l'appel qui doit les
sauver tous. Le moment est venu de donner un grand exemple ;
nous l'attendons de l'énergie d'une nation libre et valeureuse :
elle nous trouvera toujours prêt à la diriger dans
cette entreprise à laquelle est attaché le salut de
la France. Des mesures sont prises pour arrêter l'ennemi entre
Lyon et Paris. Nos moyens suffiront, si la nation lui oppose l'invincible
obstacle de son dévouement et de son courage. La France ne
sera point vaincue dans cette lutte de la liberté contre
la tyrannie, de la fidélité contre la trahison, de
Louis XVIII contre Buonaparte.
Signé Louis. |
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On
lit dans le Journal de Paris de ce dimanche 12 mars 1815
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Paris,
12 mars 1815.
Une dépêche télégraphique reçue
avant-hier 10, datée de Lyon à huit heures et demie,
annonce que Buonaparte a dû coucher à Bourgoin le 9,
et qu'on s'attendait à ce qu'il pourrait entrer à Lyon
dans la soirée du 10.
Aucune dépêche télégraphique et aucune
lettre ne font connaître que Grenoble lui ait ouvert ses portes.
(Moniteur du 11 mars.) |
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S. Exc. le maréchal Moncey, ministre-d'état, premier
inspecteur-général de la gendarmerie royale, a fait
publier l'ordre du jour suivant en date du 9 de ce mois :
Gendarmes, Buonaparte vient de pénétrer dans une de
nos provinces, les armes à la main ; les ennemis du
trône et de la patrie chercheront à s'emparer de cet
événement pour allumer la guerre civile parmi nous ;
leur attente, également insensée et criminelle, sera
trompée.
Gendarmes, je connais les sentiments d'honneur qui vous animent.
C'est en ce moment surtout que, par l'accomplissement le plus scrupuleux
de vos devoirs, vous donnerez, au meilleur des rois, des preuves
d'un dévouement sans bornes, et de la fidélité
que vous lui avez jurée. Je viens de nouveau de m'en porter
garant auprès de son auguste personne.
J'ai droit de compter que, dans vos communications avec moi, et
dans vos relations avec les autorités civiles et militaires,
vous apporterez la rapidité et l'exactitude que réclament
les circonstances.
Vous vous conformerez soigneusement aux mesures prescrites dans
l'ordre du jour du 8 de ce mois, qui vous a été adressé
en mon nom, par M. le lieutenant-général comte Lagrange
, durant une absence de dix jours que j'ai faite en Franche-Comté,
pour mes affaires personnelles, avec la permission de S. M.
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Modes.
Les chapeaux retroussés par devant et agrafés en biais,
que l'on croyait ne plus être de mode, ont été
très communs pendant plusieurs jours sur la route du bois de
Boulogne et aux Tuileries. On y a vu quelques robes de levantine couleur
de rose, et beaucoup de robes de mérinos blanc ; ces dernières
avaient des rouleaux lilas ou verts ; deux ou trois étaient
faites en forme de pelisse, et les deux pans flottaient écartés
l'un de l'autre. On a vu également quelques spencers de mérinos
blanc. Les modistes emploient fréquemment deux nuances de vert :
le gros vert et le vert pré. Ce sont des liserés lilas
que l'on met sur les chapeaux de crêpe jaune.
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