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8 août 1812     9 août 1812    10 août 1812

 

     

L'Empereur est à Witepsk.

 
 

 

Itinéraire des Archives de Caulaincourt :

   
 

Le 9, monté le Curde à 6 heures et demie, visité les ponts, la manutention, parcouru la ville, inspecté les chargements des voitures de vivres hors de la porte de Souraje, rentré à 8 heures et demie.

     

 

Le général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur :

   
  L’Empereur nous répétait sans cesse que l'armée russe, qui pouvait et devait être si nombreuse et qu'on lui avait dit au complet, n'avait pas plus de 150.000 hommes, en y comprenant Wittgenstein et les petits corps, que l'empereur Alexandre était trompé par ses généraux et ses commissaires, qu'il n'avait que des cadres à cause de l'abus des non-combattants. Il me répétait cela souvent et ajoutait qu'il était sûr que nous l'avions trompé sur le climat de la Russie comme sur le reste, que ce pays était comme la France, seulement que l'hiver y durait plus longtemps, et qu'on avait, pendant six ou sept mois, le froid que nous avions quelquefois pendant douze à quinze jours. Ces reproches, faits souvent avec aigreur, se renouvelaient en toute occasion. Je représentais vainement à l'Empereur que je n'avais rien exagéré, que je lui avais dit la vérité sur tout comme le plus fidèle de ses serviteurs. Je ne le persuadais pas. Une fois cependant, pendant le séjour de Witepsk, il me fit l'honneur de causer avec moi sans la moindre aigreur, quoiqu'il fût toujours sous le charme de ses mêmes illusions. Il croyait à une bataille, parce qu'il la désirait, et qu'il la gagnerait, parce que cela lui était indispensable. Il ne mettait pas en doute que l'empereur Alexandre ne fût forcé par sa noblesse à lui demander la paix, parce que ce résultat était la base de ses combinaisons. Aucun raisonnement, l'expérience qu'il venait de faire depuis le Niémen, rien ne pouvait l'éclairer sur le fatal avenir. La vue des soldats, leur enthousiasme quand ils l'apercevaient, les revues, les parades et surtout les rapports souvent enflés du roi de Naples et de quelques autres généraux lui montaient la tête et, en dépit de quelques bonnes inspirations, suite de ses réflexions ou de celles qu'on lui faisait dans quelques moments opportuns, son enivrement continuait.
(...)
Si l'Empereur voyait parfois sa véritable situation et les conséquences de cette guerre, s'il en causait par moment sans passion, l'instant d'après, c'était un autre discours. L'Empereur retombait dans ses anciennes illusions et revenait à ses gigantesques projets. La moindre escarmouche, l'arrivée de quelques renforts, de quelques caissons, un rapport du roi de Naples, quelques cris de « Vive l'Empereur » à la parade, et surtout les lettres de Wilna (1) suffisaient pour lui monter de nouveau la tête.
(1) Où se trouvait le duc de Bassano, ministre des Relations extérieures..
     

 

   
 

 

     

 

Journal de l'Empire du dimanche 9 août 1812 :

   
 

Grand-Duché de Varsovie. Varsovie, 23 juillet. Les députations polonaises envoyées à Dresde et à Wilna sont ici de retour. Il y aura demain une séance extraordinaire de la Confédération générale, dans laquelle il sera fait lecture de la réponse que S.M. L'Empereur a daigné faire à la députation ; ensuite un Te Deum sera chanté dans la cathédrale, et la journée se passera en réjouissances.

 
 

 

 

L'Aveuglement de Napoléon  par Bernard Coppens

 

10 août 1812

 

 

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