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Faber
du Faur, journal illustré esquissé sur les lieux pendant
la campagne de Russie de 1812.
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Aux
environs de Kozusczina
le 11 juillet
1812.
L'armée
avait passé le Niémen, pourvue de vivres pour vingt
jours; car on avait espéré atteindre Wilna en combattant
toujours et livrer près de cette ville une bataille décisive.
De cette manière les transports de vivres auraient pu suivre
les troupes et une victoire complète eût fait le reste.
Mais la retraite continuelle des Russes reculait sans cesse la bataille.
Faire halte pour attendre l'arrivée des convois, c'eût
été renoncer à la probabilité d'empêcher,
par une vive poursuite, la jonction des armées de Barclay
de Tolly et de Bagration, et de pouvoir détruire ces deux
armées l'une après l'autre. On suivit donc l'ennemi
de près, et 400.000 hommes se virent, sans aucune provision
de vivres, engagés, jour par jour, marche par marche, sur
le sol d'un pays inhospitalier que venaient de dévaster et
amis et ennemis, et qui avait eu peine à nourrir autrefois
la poignée de Suédois conduits par Charles XII.
Ce fut surtout la grande colonne, sous les ordres immédiats
de Napoléon, et dont le troisième corps d'armée
faisait partie, qui eut le plus à souffrir. Elle suivait
la grande route, où l'avant-garde française avait
consumé tout ce que les Russes, dans leur retraite, n'avaient
point détruit. Réduits à la nécessité
de se procurer des vivres pendant la marche, les régiments
érigèrent des détachements mobiles, que, chaque
jour avant le départ, ils envoyaient du bivouac dans les
villages situés à droite et à gauche de la
route, et par où les troupes n'avaient point encore passé.
Ces détachements avaient l'ordre d'enlever tout ce qu'ils
pourraient trouver d'aliments, et, après avoir suivi les
flancs de l'armée pendant quelques heures, ils devaient,
autant que possible, rejoindre les régiments vers le soir.
Pour mieux faire leurs courses, la plupart s'étaient procurés
de petits chevaux russes, dont ils avaient fait leurs montures,
et qui leur servaient en même temps de chevaux de somme, quand
ils n'avaient pu trouver de voitures. Lorsque, le soir, on approchait
de la place du bivouac, on voyait affluer de tous côtés
ces cavaliers envoyés à la recherche qui, au lieu
d'accompagner à pied leurs chevaux chargés de vivres,
étaient le plus souvent perchés sur le bagage même. |
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D'après la Correspondance de Napoléon Ier (tome 24),
quelques lettres écrites par l'Empereur ce 11 juillet 1812
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Au
Prince de Neuchâtel et de Wagram, major général
de la Grande Armée, à Vilna.
Vilna,
11 juillet 1812.
Mon Cousin
, répondez au roi de Westphalie que vous recevez avec étonnement
sa lettre du 9 juillet à dix heures après midi; que
l'ordre du 30 est positif; qu'on s'y exprime en ces termes : «
Vous devez vous diriger sur Minsk. Le général Reynier,
sans cependant perdre de vue de couvrir Varsovie, se dirigera sur
Nesvije. » Ceci veut dire que le premier but du général
Reynier doit être de couvrir Varsovie; que le second, si l'ennemi
retirait toutes ses troupes de la Volhynie et qu'il n'y eût
plus rien à craindre pour le Grand-Duché, serait de
se diriger sur Nesvije. Mais, comme tous les faits tendent à
prouver que l'ennemi a laissé deux divisions dans la Volhynie,
il est convenable que le général Reynier ne perde
pas de vue son principal but, qui est de couvrir Varsovie. Arrêtez
donc son mouvement à Slonime. Le prince Schwarzenberg passera
devant lui pour se porter d'abord sur Nesvije, et ensuite sur la
Dvina. Que le général Reynier envoie des partis sur
Pinsk, et se place en échelons de manière à
tomber sur les flancs de tout ce qui voudrait déboucher sur
Varsovie. Dans cette position, il rétrogradera sur Varsovie
si ce pays est menacé; mais, tant que l'ennemi le saura sur
les débouchés de Pinsk ayant des corps prêts
à tomber sur ses flancs, et que d'ailleurs il aura à
craindre notre entrée en Volhynie, il sera hors de mesure
de se porter sur le territoire de Varsovie, et, s'il le faisait,
ce ne serait pas impunément. Le général Reynier
doit aussi renvoyer à Praga le régiment qui était
destiné pour la garnison de cette place et qui en a été
mal à propos ôté. La position du général
Reynier sur les derrières est donc utile. Sa Majesté
n'est pas surprise que vous ne compreniez pas que des instructions
données à cent lieues de distance ont des buts opposés
que les événements doivent éclaircir; mais
ce dont elle se plaint, c'est qu'au lieu d'étudier ces instructions
vous n'en teniez aucun compte. Pour couvrir le duché de Varsovie
il n'est pas du tout nécessaire d'être sur le Bug,
et, si cela était, le premier but du général
Reynier étant de couvrir le duché, il aurait dû
laisser des troupes sur le Bug, apprenant que l'ennemi avait laissé
deux divisions en Volhynie. Mais comme vous n'étiez pas informé
de ce que Bagration avait laissé en Volhynie, que vous ignoriez
combien de divisions il avait avec lui, que vous ne vous êtes
pas même mis à sa poursuite, et qu'il a pu faire sa
retraite aussi tranquillement que s'il n'avait eu personne derrière
lui ; tout cela étant à rebours des usages de la guerre,
il n'est pas extraordinaire que tout soit de même. Le général
Reynier, selon ce que l'ennemi aura laissé en Volhynie, est
donc le maître, soit de retourner à Brzesc, soit de
rester à Slonime, en envoyant des partis surPinsk. Mais le
principal est, jusqu'à ce que l'ennemi ait retiré
ses troupes de la Volhynie, qu'il laisse un corps d'observation
à portée de couvrir Varsovie et de tomber sur tout
ce qui, de la Volhynie, menacerait le duché et les derrières
de l'armée. Donnez ordre au général Reynier
d'écrire directement au major général et d'envoyer
les renseignements qu'il a. Sa Majesté juge convenable que
ce soit le général Reynier qui reste en observation
pour garder le Grand-Duché , et non le prince Schwarzenberg;
bien des raisons la déterminent sur cet objet. Le Roi doit
faire connaître au prince Schwarzenberg que mon désir
est qu'il se dirige, si Varsovie n'est pas imminemment menacée,
sur Nesvije.
Napoléon.
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Au
Prince de Neuchâtel et de Wagram, major général
de la Grande Armée, à Vilna.
Vilna, 11 juillet
1812.
Mon Cousin,
donnez l'ordre ou duc deTrévise de partir demain à
une heure du matin avec la division Delaborde, ayant huit pièces
de canon, 600 chevaux de cavalerie légère de la Garde,
chasseurs à cbeval, lanciers polonais et hollandais, commandés
par le général Lefebvre-Desnoéttes. Il aura
aussi avec lui tous les constructeurs de fours de la Garde, le parc
du génie, composé d'une compagnie du train du génie,
d'une compagnie de marins de la Garde, de plusieurs compagnies de
mineurs et sapeurs, telles que le général Chasseloup
en donnera le compte, et enfln d'une compagnie des ouvriers du Danube
avec ses officiers. Il fera en sorte que tout cela se mette en route
à trois heures du matin. Une heure après, il fera
partir la division Roguet pour suivre son mouvement. Il se portera,
par Lovarichki, Mikhalichki et Kobylnik, sur Gloubokoïé.
Il aura soin que tout son monde ait des vivres à raison d'une
demi-ration de pain, d'une once et demie ou deux onces de riz, et
d'une livre de viande, pour le 12, le 13, le 14, le 15, le 16, le
17 et le 18. Le général Lefebvre-Desnoëttes gagnera
deux jours avec sa cavalerie, un commissaire des guerres, les constructeurs
de fours, une compagnie de sapeurs et un officier du génie,
afin de construire douze fours à Gloubokoïé.
Le commissaire des guerres fera sur-le-champ des réquisitions
dans tous les environs, afin de réunir de la farine, du blé,
des fourrages et de la viande, et d'assurer la subsistance des troupes.
Une brigade de mon service léger suivra le duc de Trévise
et sera sous ses ordres, avec un détachement de ma Maison,
pour établir mon quartier général à
Gloubokoïé. Le général Roguet aura également
avec lui huit pièces d'artillerie. Vous donnerez l'ordre
au duc de Danzig de faire partir demain pour Sventsiany la brigade
de chasseurs à pied commandée par le général
Curial, avec la batterie de huit pièces que j'ai attachée
à cette brigade. Elle aura avec elle des vivres pour le 12,
le 13, le 14, le 15, le 16, le 17 et le 18. La brigade de grenadiers
à pied se tiendra prête à partir également
pour Sventsiany, le 13 à une heure du matin, ayant aussi
des vivres pour les 13, 14, 15, 16, 17, 18 et 19. La cavalerie de
la Garde commencera son mouvement demain, 12, pour se porter sur
Sventsiany ; elle le continuera le 13. Un major de la Garde, avec
3 ou 400 chevaux, marchera avec le duc de Danzig. Le général
Sorbier aura ordre de me remettre l'état de ses convois,
en me faisant connaître les lieux où ils doivent arriver
chaque soir; les têtes de ces convois ne passeront point Sventsiany.
Le général Eblé me remettra l'état de
l'équipage de pont, en me faisant également connaître
le lieu où il arrive chaque jour; il ne dépassera
pas non plus Sventsiany. Le général Kirgener aura
ordre de me remettre l'état du parc, et ne dépassera
pas non plus Sventsiany. On dressera un tableau en règle
de tout ce mouvement, et il me sera remis. Vous donnerez des ordres
pour établir, le plus promptement possible, la route de Sventsiany
à Gloubokoïé, en mettant à chaque marche
un détachement d'infanterie et un petit détachement
de cavalerie, et en y assurant les postes. Le grand écuyer
fera placer l'estafette sur la route de Vilna à Sventsiany,
et sur celle de Sventsiany à Gloubokoïé; cependant
ce mouvement ne sera démasqué au delà de Sventsiany
que le 14, de sorte que les relais n'arrivent à Postavy que
le 15 et à Gloubokoïé que le 16. Il me sera rendu
compte, jour par jour, de la marche de ces colonnes sur les deux
routes de Gloubokoïé, par Sventsiany et Mikhalichki.
Le petit quartier général, avec les convois qui sont
à la suite, arrivera à Sventsiany le 13, et se reposera
le 14, de manière à pouvoir être le 17 ou le
16 à Gloubokoïé, s'il en reçoit l'ordre.
Il sera nommé sur-le-champ un officier d’état-major
pour se rendre avec le général Lefebvre-Desnoëttes
à Gloubokoïé, dont il prendra le commandement.
Il sera envoyé une escouade de gendarmerie pour maintenir
l'ordre sur les derrières du corps du duc de Trévise.
On mettra à l'ordre de ce corps qu'on doit marcher en ordre
et ne point piller, et que les traîneurs seront arrêtés
et fusillés.
Napoléon |
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