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Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Waterloo raconté en 1818

 

     
Le texte suivant, rédigé trois ans après les événements "par une société de militaires et de marins" dont on peut supposer qu'elle comptait parmi ses membres des militaires qui avaient participé à la bataille (ou tout au moins qui avaient parlé avec des témoins), témoigne de la confusion qui régnait encore dans l'esprit des Français au sujet de la localisation du village de Mont-Saint-Jean et de ses alentours. On remarquera aussi que, d'après ce document, la cavalerie attachée au 6e corps (les divisions Domon et Subervie) aurait pris part aux charges sur le centre droit de l'armée de Wellington, et que le 6e corps se serait ainsi trouvé dépourvu de cavalerie.  
 

 

Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer, qui ont eu lieu pendant la révolution française, par une société de militaires et de marins. Tome quatrième, Paris, Ménard et Desenne, 1818, pp. 225-230.

   
 

WATERLOO.

18 juin 1815. - L’armée anglaise, commandée par lord Wellington, et l’armée prussienne par le maréchal Blücher, s'étaient séparées après la déroute de Fleurus. La première se porta sur Genappes, et fut repoussée par nos cuirassiers jusqu’à l’entrée de la forêt de Soignies : c’est là qu'elle prit sa position, protégeant son centre par le village de Mont-Saint-Jean, étendant son aile droite derrière un ravin près de Merck-Braine, et sa gauche couverte également par un ravin près la ferme de Ter-la-Haie. Le village de Waterloo était en face de sa ligne. C'est dans cette position avantageuse qu'elle attendait l'armée française.
Nos troupes, animées par les succès qu'elles venaient de remporter, arrivaient avec la plus grande diligence. Napoléon établit son quartier-général à la ferme de Caillou, près Planchenois, et fit ses dispositions pour donner la bataille. Il forma son armée sur un rideau opposé à la position de Mont-Saint-Jean. Le premier corps, commandé par le comte d'Erlon, occupa le centre, sa gauche appuyée sur la route de Bruxelles; le deuxième corps, sous les ordres du comte Reille, s'opposant à la droite de l'armée anglaise, fut placé à la gauche entre les deux routes de Bruxelles et de Nivelles, communiquant par sa droite avec le premier corps ; les cuirassiers furent placés en réserve derrière, et la garde en réserve sur les hauteurs. Une partie du sixième corps, commandé par le comte Lobau, forma l'aile droite ; l'autre partie resta en arrière pour observer les Prussiens qui, sous les ordres de Bulow, semblaient prendre cette direction.
Par ces dispositions, l'armée française présentait un front parallèle à celui des Anglais. La pluie, qui tombait par torrents depuis près d'un jour, suspendit l'ardeur des soldats, qui, des deux côtés, brûlaient d'en venir aux mains. Les forces n'étaient pas égales : l'armée anglaise montait à quatre-vingt-dix mille hommes, et la nôtre n'en comptait pas plus de soixante à soixante-dix mille.
Enfin, vers les onze heures du matin, le temps s’éclaircit, la pluie cesse, et la canonnade commence du côté de l'armée française ; aussitôt un grand nombre de tirailleurs s'en détachent. La division du prince Jérôme s'ébranle et se porte la première en avant ; elle assaille un bois dont l'ennemi occupait une partie, et le château d'Hougoumont. Trente pièces de canon soutinrent par un feu vif et pressé les troupes qui défendaient la ferme et le bois : le bois fut emporté et occupé par les troupes de Reille ; mais la ferme fit une résistance longue et opiniâtre ; les combattants de part et d'autre y firent les plus grands efforts ; les attaques s'y succédaient avec la plus grande rapidité. La position enfin fut emportée par nos obusiers, et occupée par la division du prince Jérôme.
Cependant la bataille s'était engagée sur toute la ligne ; une artillerie nombreuse foudroyait de tous côtés les colonnes d'attaque. Napoléon porta alors tous ses efforts sur le centre ; le comte d’Erlon attaqua le village de Mont-Saint-Jean, et une brigade de sa division s'avança avec la plus grande impétuosité contre les forces anglaises, qui, ne pouvant résister à la vivacité de cette attaque, reculent et abandonnent le sommet de leur position et quelques pièces. Dans ce moment l'artillerie anglaise se dirige sur une seconde brigade du comte d‘Erlon et y fait un grand ravage, tandis qu'une division de cavalerie ennemie chargea sa batterie par la droite et démonta quelques canons. Aussitôt s'ébranlent les cuirassiers du général Milhaud ; ils tombent sur cette division, l'enfoncent, la dispersent et l’anéantissent en un moment.
Napoléon, voyant le premier corps déjà en avant, le fait remplacer dans sa position par la garde, au milieu de la plaine. On vit alors s'engager près du Mont-Saint-Jean la charge de cavalerie la plus brillante, exécutée par les cuirassiers et les lanciers, suivis par plusieurs régiments : ils fondent ensemble sur l'infanterie,sur les batteries, sur les nombreux escadrons anglais, promènent le désordre, les ravages et la mort.
Aussitôt, emportés par une vivacité subite, dans l'impatience de la victoire, se précipitent les escadrons français qui étaient en réserve, ils couronnent les hauteurs du Mont-Saint-Jean et tombent sur l'infanterie ennemie. Ce mouvement inopiné, et opéré sans ordre exprès, qui, fait à temps, devait décider la victoire, devint funeste et causa peut-être la perte de la bataille ; car, comme il était impossible de les rappeler, et que seuls ils affrontaient toutes les masses d'infanterie et de cavalerie de l'ennemi et leurs nombreuses batteries, toute la cavalerie française se mit en marche et donna de tous côtés pour les soutenir. Ainsi la partie du sixième corps, qui était destinée à maintenir les Prussiens se trouva dépourvue de cavalerie ; et Wellington avait conservé sa réserve intacte, tandis que la nôtre était occupée au centre de la bataille.
Dans le même moment, les avant-gardes de la division prussienne de Bulow débouchèrent sur son flanc droit, et s'engagèrent avec le corps du comte Lobau ; la division prussienne s'étendit tout entière jusqu'à Planchenois, voulant par cette manœuvre arriver sur les derrières de l'armée française. Napoléon, à la nouvelle de son arrivée, se refusa plusieurs fois à envoyer du secours au sixième corps, persuadé que c'était le maréchal Grouchy, à qui il avait donné l'ordre de se rapprocher. Mais le maréchal, qui avait suivi les Prussiens jusqu'à Wavres, et combattu le corps d'armée de Thielmann, retenu par des chemins impraticables, ignorait le mouvement de Blücher pour se rapprocher des Anglais, et n'avait reçu que très tard les ordres de Napoléon.
Lorsqu'il fut reconnu que l'armée prussienne attaquait notre flanc droit, Napoléon ralentit son mouvement sur le centre, et envoya au comte Lobau le général Duhesme avec la jeune garde et quelques batteries qui faisaient partie des réserves d'infanterie. L'ennemi fut contenu et repoussé sur ce point. Débarrassé des Prussiens pour quelque temps, Napoléon voulut mettre à profit des instants si précieux ; il tente un grand effort sur le centre ; infanterie, cavalerie, artillerie, il dirige tout sur ce point ; fait avancer la moyenne garde ; entouré de ses aides de camp, il se porte lui-même en avant, et donne le signal de l’attaque. On combat partout avec acharnement, le massacre est horrible ; la valeur devient désespoir, mais on remarque dans les mouvements généraux de l'armée anglaise un peu d'hésitation ; encore un effort et la victoire est aux Français...
Tout-à-coup, sur les flancs de notre aile droite se précipite toute l'armée prussienne ; nos troupes trop faibles reculent ; pour les soutenir il faut diviser nos forces : mais il reste encore une ressource, la vieille garde va finir de renverser les Anglais, qui semblent se préparer à la retraite. Elle s'avance inébranlable au milieu des désordres et du trouble ; elle paraît calme, et par-là devient plus terrible pour l'ennemi. La jeune garde cependant, envoyée sur les plateaux au-delà du mont Saint-Jean, inquiétée par des batteries anglaises, s'y porta pour les renverser. La nuit commençait ; une charge de quelques escadrons ennemis les mit en désordre ; ils fuient et entraînent avec eux d'autres régiments qui, voyant reculer des troupes de la garde, pensent que c'est la vieille garde et s’ébranlent ; le mouvement se communique aussitôt aux régiments voisins; Tout est perdu, s'écrie-t-on ; la garde est repoussée, sauve qui peut. Ces cris répandent une terreur subite dans les premiers rangs ; ils se décomposent, tournent le dos à l'ennemi, poussent devant eux et rompent les troupes qui s'avancent pour les soutenir.
Wellington s'aperçoit de cette déroute inattendue, et s'étonne de voir fuir des vainqueurs ; cependant, en général habile, il fait avancer toutes ses troupes, lâche sa cavalerie dans la plaine, et foudroie avec ses nombreuses batteries la vieille garde encore entière, et qui marchait au pas de charge, la baïonnette en avant, pour ressaisir la victoire. Les efforts de ces braves furent inutiles ; parmi nos autres troupes tout est en désordre, cavalerie, infanterie, artillerie, tout reflue vers les premières positions ; tout se précipite à-la-fois à travers les caissons, les bagages, les pièces de canon brisées, les monceaux de morts entassés.
La garde seule, toujours intrépide, soutient encore et le choc des fuyards, qui ne peut l'ébranler, et les efforts de l'ennemi, qui ne peuvent l’effrayer. Elle s'avance toujours sans se déployer ni tirer un seul coup de fusil. Mais pourra-t-elle seule arrêter la marche de toute une armée qui se dirige contre elle ? Elle recule enfin, entraînée par la masse des Français, qui fuient précipitamment, elle recule, mais malgré elle, mais en ordre, et semble, par sa retraite lente et tranquille, regretter de n'avoir pas péri avec tous les braves que la France a perdus dans cette fatale journée.
L’ennemi pressait vivement les derrières des débris de notre armée, et chassait devant lui tout ce qui se trouvait encore sur le champ de bataille. C'est sur ce champ de bataille que succombèrent les premiers soldats de l’armée française : au milieu de la déroute générale ils combattaient encore ; les troupes ennemies leur proposent de se rendre : La garde meurt, et ne se rend pas, s'écrie leur brave chef, le général Cambronne, et il tombe avec eux mortellement blessé.
Les Prussiens et les Anglais réunis poursuivent leurs succès avec la plus grade activité. En vain plusieurs fois les restes de notre armée essaient de se rallier. Enfin, par la marche la plus savante, par une retraite qui égale toutes celles qu'on admire justement jusqu'à ce jour, le maréchal Grouchy conserve son corps d'armée tout entier, ramasse tous les fuyards qui se trouvent sur son passage, traverse soixante lieues de pays au milieu des armées anglaise et prussienne, et toujours suivi par elles, sans leur donner prise, il ramène, au grand étonnement de tous, quarante mille hommes de toutes armes et en bon ordre sous les murs de Paris.
Tel fut le résultat de cette journée, qui devait décider le destin de l'Europe ; des deux côtés on vit jusqu'où peut aller le courage, lorsqu'il combat pour l'honneur national ; mais combien les Français furent au-dessus de leurs ennemis ; d'abord vainqueurs, ensuite vaincus par la plus étrange révolution, ils furent plus grands, ils s’acquirent plus de gloire par ce revers, que si la victoire n'avait pas abandonné leurs drapeaux.

     

 

 

L'ensemble du volume peut être consulté à : http://books.google.be/books?id=8iLYVkT9VioC

     

 

 

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