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Nouvelle
biographie générale depuis les temps les plus reculés
..., Volume 22
Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand, M.),Firmin-Didot, Paris
1858. |
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Le maréchal (Grouchy) se prévaut surtout des ordres
de Napoléon, qui lui enjoignaient de marcher sur Wavres ;
mais le général Berthezène répond que
le même ordre lui disait de suivre la trace des Prussiens,
d'instruire l'empereur de leur marche, et de se tenir continuellement
en communication avec le quartier général. «
L'empereur s'est trompé sur le plan des alliés,
dit le maréchal ; il était persuadé, d'après
la connaissance qu'il avait de leur système de guerre, que
les Prussiens se retiraient sur Namur ; ses ordres étaient
positifs : il m'avait séparé de lui. »
Mais l'ordre général dominant était toujours
de se placer entre les Prussiens et les Anglais et d'empêcher
leur jonction, puisque la séparation des deux corps n'avait
eu lien que dans la supposition de l'action séparée
des deux armées alliées. D'ailleurs, comme commandant
de la cavalerie d'abord, et ensuite comme chef supérieur
des généraux Pajol et Exelmans, le maréchal
ne devait-il pas surveiller la marche des Prussiens et éclairer
l'empereur sur leur changement de direction et sur leur marche de
flanc pour rejoindre les Anglais ? « Je ne pouvais marcher
au bruit du canon, ajoute le maréchal, puisque la
veille le maréchal Ney avait été blâmé
pour une marche semblable, qui avait empêche un succès
d'être complet. La canonnade ne pouvait me surprendre, puisque
l'empereur m'avait prévenu qu'il allait battre les Anglais
à Waterloo.» Sans doute, répond-on, si
les Prussiens avaient été tous devant vous à
Wavres, vous auriez bien fait d'y rester ; mais il ne fallait pas
batailler avec une arrière-garde, pendant que le corps principal,
en avance déjà sur vous, vous dérobait son
mouvement de jonction. L'empereur avait eu tort de ne pas réserver
un corps au centre ; c'est vrai, mais il fallait y suppléer
par de fréquentes communications avec la gauche et être
toujours prêt a vous porter vers elle. Enfin, et pour faire
la part de chacun, ajoutons qu'entraînés par une ardeur
irréfléchie, les jeunes généraux n'écoutaient
pas la voix des vieux chefs, que les ordres s'exécutaient
mal, que plus d'une fois Grouchy fut désobéi, et qu'il
ne fut pas toujours maître de ses mouvements, par le fait
de ses subordonnés. Napoléon a donc été
injuste lorsqu'il a dit : « A Waterloo Grouchy s'est perdu
; j'aurais gagné cette affaire sans son imbécillité.
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Grouchy
Berthezène
Pajol
Excelmans |
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