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(Début
de l'article)
Ce
qui est curieux, c'est que Chuquet qualifie le Pontornini de "premier
portrait de Bonaparte", alors qu'il a publié lui-même,
dans le même ouvrage, ce qui semblerait bien être le premier authentique
portrait du futur empereur (avec toutes les réserves qui s'imposent,
car le Pontornini doit engager à rester très prudent sur en la matière),
réalisé à l'école militaire de Paris, donc avant le séjour de Bonaparte
à Valence.
Il
s'agit d'une caricature qui aurait été dessinée sur les pages d'un
atlas par un condisciple de l'école militaire.
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"Un
cadet qui couvrait de caricatures les pages blanches de son atlas
fit alors une charge amusante de Bonaparte. Il le représenta marchant
au secours de Paoli. Un vieux professeur essaie de retenir Napoléon
par la perruque. Mais le jeune homme, le regard torve, l'air déterminé,
s'éloigne d'un pas ferme, les deux mains appuyées sur un bâton.
Au-dessous de cette pochade, le dessinateur anonyme a écrit les
mots : "Bonaparte, cours, vole au secours de Paoli pour le
tirer des mains de ses ennemis".
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(cliquez sur l'image pour la voir
en grand.)
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Si
l'authenticité de ce dessin n'est pas "indiscutable" (discutons
toujours), il faut quand même lui accorder qu'il représente Bonaparte
tel qu'il devait être en 1785, coiffé à l'ordonnance, les cheveux
liés en queue, avec une boucle sur le côté.
La
crédibilité de ce portrait, en tout cas, est plus grande que celle
du Pontornini.
Dans
sa préface, Chuquet remercie le prince de Beauffremont, duc d'Atrisco,
qui lui a fait connaître
l'atlas des Archives Nationales où se trouve la caricature de Napoléon.
Apparemment l'atlas s'y trouverait encore. Mais à qui a-t-il appartenu,
qui aurait dessiné la caricature, comment est-il arrivé aux Archives
nationales ? Je l'ignore, et Chuquet l'ignorait aussi, semble-t-il.
Jacques
Godechot, traitant de la jeunesse de Bonaparte dans l'ouvrage collectif
dirigé par Jean Mistler (Hachette, 1968 et Rencontre Lausanne, 1969),
qualifie le document de "témoignage irréfutable".
Cependant, réfutons toujours, c'est bon pour la santé (mentale).
Si la tournure du personnage est bien plus crédible que dans le
"Pontornini", on s'étonnera quand même de l'orthographe
"Bonaparte" au lieu de "Buonaparte". L'authenticité
de la caricature de l'atlas des archives nationales fera donc l'objet
de notre prochain concours.
Le
respect dû à la mémoire de Jacques Godechot ne nous empêchera pas
de constater que le "Napoléon" de Mistler nous
donne, lui aussi, une reproduction du Pontornini avec la légende
suivante ; "Le premier portrait de Napoléon, dessiné par
un de ses camarades à Brienne. " Il est curieux que personne
ne se soit avisé, en relisant l'ouvrage, que le portrait est daté
"1785", alors que Godechot signale dans le texte que Napoléon
a quitté Brienne en octobre 1784… C'est que l'histoire napoléonienne
est tellement connue, que personne ne s'avise de rien vérifier.
Sinon, où irait-on ?
Il faut d'ailleurs constater que le plus souvent,
le "Pontornini" est coupé sur le côté droit, amputant
la date de son dernier chiffre, ce qui permet à l'occasion de la
rectifier en "1783", et de faire correspondre le portrait
avec le séjour à Brienne.
(suite)
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