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Statistiques.
Population de
Paris de l'année 1790.
L'usage existe depuis
longtemps de présenter, tous les ans au roi un état de la population
de Paris. Autrefois c'était le magistrat, chef de la police, qui
avait cet honneur ; aujourd'hui c'est M. le maire et les administrateurs
au département de la police. Ce devoir fut négligé l'année dernière
par l'effet des circonstances; mais le résultat du travail n'en
fût pas moins inséré dans la Gazette de France, d'où tous
les journaux le copièrent comme une instruction utile.
Un commissaire au Châtelet, M.
Joron, était chargé de la rédaction de cet état ; il les faisait
sur les relevés qui lui étaient adressés par les paroisses, hôpitaux,
maisons religieuses et sur d'autres renseignements authentiques.
C'est véritablement un travail utile et bien présenté. La municipalité
vient de prendre des arrangements pour qu'il se continue sous la
direction d'un administrateur de police ; M. Joly en est chargé
aujourd'hui.
C'est ce travail que, conformément à l'ancien usage, M. le maire,
à la tête du département de police, a eu l'honneur de présenter
au roi, le 16 de ce mois.
Il résulte des tableaux qu'il contient qu'en 1790 le nombre des
baptêmes s'est élevé, à Paris, à 20.005, savoir : 10.133 garçons
et 9.872 filles. Celui des morts à été de 19.447 savoir : 10.074
hommes et 9.373 filles et femmes ; dans ce nombre sont comprises
les personnes mortes en religion et les étrangers.
Le nombre des mariages a été de 5.866 ; et celui des enfants trouvés
reçus à l'hôpital qui leur est destiné, de 5.849, savoir : 2.967
garçons, et 2.875 filles.
Il résulte de la comparaison de ce tableau avec celui de l'année
1789, qu'il y a eu, en 1790 , 123 enfants trouvés, 622 baptêmes,
1.085 mariages de plus, et 944 morts de moins qu'en 1789.
Il résulte aussi de la comparaison des morts et des naissances,
que celles-ci ont surpassé les premières de 558 en 1790.
On voit encore par ce travail qu'en 1790 il est mort 6.019 personnes
dans les divers hôpitaux de Paris, savoir: 3.372 hommes, et 2.647
femmes et que 1.660 femmes y ont fait leurs couches ; ce qui fait
1.370 morts et 13 naissances de moins dans les hôpitaux qu'en 1789.
Ce résultat certain prouve que, malgré la suspension des travaux
et les autres causes de détresse publique, moins de personnes sont
mortes aux hôpitaux pendant 1790 qu'en 1789 ; il est vrai
que le nombre des enfants trouvés s'est accru de 123 ; mais cette
circonstance peut tenir en partie à la négligence des règlements
si sagement établis par M. Necker, sur le transport de ces innocentes
créatures. Il en vient des provinces à l'hôpital de Paris; on les
y fait passer avec d'autant plus d'empressement que l'intolérantisme
des campagnes ne connaît point de mesure à l'égard des enfants illégitimes,
et qu'ils y sont, comme leurs mères, un objet d'opprobre et de réprobation
publique.
On a pu remarquer encore que le nombre des mariages a été, en 1790,
de plus d'un cinquième plus considérable que celui de l'année précédente,
et que les naissances, pendant ce même temps, ont surpassé les morts
de 558.
Dans une ville comme Paris, où les affaires, le commerce, les plaisirs
et la liberté morale attirent un grand nombre d'individus qui n'y
sont pas nés, je crois qu'on peut adopter, pour l'estimation du
nombre des personnes qui l'habitent, le plus grand des rapports
indiqué par les économistes pour calculer la population, c'est 33
; ce nombre multiplié par 20.005, nombre des naissances en 1790,
donne un produit de 660.165 habitants. En multipliant le nombre
des morts par le même facteur, on a 641.751, ce qui est à peu près
le terme moyen des calculs ordinaires sur la population de Paris.
(Article
de M. Peuchet.)
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