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Début
de l'article : voir Joseph Vernet
et Carle Vernet.
Le sentiment poétique, l'inspiration, la fécondité
qu'avait Joseph ; la grâce, l'esprit, la verve dont Carle
était doué, toutes ces qualités si rarement
réunies, M. Horace Vernet les possède. Il fut aussi
précoce que son père ; il est aussi poète
que son aïeul. Il les a dépassés tous les deux
par l'élévation de la pensée, par l'harmonie
de la composition, par la vigueur et la solidité du coloris.
Sa réputation se fit vite, et grandit tous les jours. Après
avoir débuté par un tableau d'histoire plein de fougue
et d'énergie, afin de prendre rang parmi les peintres du
premier ordre, il exécuta plusieurs batailles, et une suite
de scènes militaires aussi bien rendues que spirituellement
inventées, qui eurent toutes un grand succès et popularisèrent
rapidement son nom. Sans doute il avait étudié profondément
le caractère des soldats de l'empire ; sans doute il
avait été enthousiasmé par les exploits gigantesques
de cette génération, car il la reproduisit plus tard,
sous la restauration, avec tant d'exactitude, d'habileté
et de grandeur, que la collection de ses dessins deviendra un jour
indispensable à consulter par les historiens qui voudront
parler de ces temps épiques de notre siècle. Cette
œuvre seule aurait fait la réputation de M. Horace Vernet,
comme elle fit celle de quelques-uns de ses imitateurs. Mais M.
Horace Vernet ne se contenta pas de produire une foule de tableaux
de genre pleins d'intérêt et d'esprit, il continua
à s'exercer dans la grande peinture : il fit successivement
le Massacre des mamelucks et la Bataille de Fontenoi,
tableaux d'une manière différente, d'un mérite
égal, et où il prouva que son pinceau pouvait dorénavant
lutter avec tous ses contemporains dans l'art, et remplacer l'école
de David qui s'éteignait. M. Horace Vernet, célèbre
de bonne heure, fut, jeune encore, nommé membre de l'Académie
des beaux-arts. Il obtint même un honneur auquel ses pères
n'avaient pu prétendre, celui de remplacer Pierre Guérin
comme directeur de l'école de Rome. Là il prouva qu'il
était aussi bon administrateur que maître distingué.
Malgré les nombreuses occupations que lui imposait sa direction,
il trouva encore le temps d'exécuter deux tableaux qui sont
peut-être ses chefs-d'œuvre, inspirés qu'ils furent
dans la capitale des arts. L'un est une Promenade du pape,
où l'éclat du coloris rappelle Rubens, et la pureté
du dessin les peintres les plus célèbres des écoles
d'Italie. L'autre est une Rencontre de Michel-Ange avec Raphaël
sur les marches du Vatican. (...)
Nous sommes loin d'avoir parlé de toutes les œuvres remarquables
de M. Horace Vernet. Outre une foule de tableaux d'histoire et de
genre que la gravure a rendus populaires, les plafonds et les divers
sujets commandés que M. Horace Vernet a exécutés
pour les monuments publics, font de lui, à l'heure qu'il
est, le peintre le plus fécond et le plus connu de notre
époque. Et cependant, malgré cette grande renommée,
malgré ses succès nombreux, M. Horace Vernet est appelé,
nous le croyons, à de plus hautes destinées :
né en juin 1789, il n'en est qu'à la moitié
de sa carrière d'artiste, et nous espérons que cette
seconde moitié sera plus importante encore que la première,
et qu'un jour, s'il persévère dans son activité
et progresse dans son talent, il lui est réservé de
devenir notre Guido Reni.
Jules A. David.
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