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SCHAUENBOURG
(Le baron), lieutenant-général, né en Alsace,
d'une famille noble, était major du régiment de Nassau
au service de France, lorsque la révolution éclata.
Il en embrassa le parti, devint général des troupes
de la république, et fut employé à l'armée
de Rhin et Moselle, où les échecs qu'il éprouva
motivèrent sa destitution en septembre 1793. Cependant il
fut, par la suite, réintégré dans son grade,
servit de nouveau en Alsace en 1796, et aida le général
Schérer à repousser un corps autrichien qui avait
pénétré, le 18 septembre, dans le fort de Kehl.
En 1798, il dirigea les forces que, par la plus odieuse violence,
le directoire fit entrer en Suisse. Arrivé devant Soleure,
il adressa au commandant de la place une sommation conçue
en ces termes :
« Le directoire exécutif m'ordonne d'occuper la
ville de Soleure. Si j'éprouve la moindre résistance,
et qu'une seule goutte de sang soit versée, les membres du
gouvernement soleurien en répondront sur leurs têtes,
et j'en ferai la justice la plus prompte et la plus inexorable.
Notifiez la volonté du directoire à votre gouvernement.
Je vous accorde une demi-heure pour vous déterminer : passé
ce temps, je brûle votre ville et je passe la garnison au
fil de l'épée.»
Soleure
devint sa conquête, et Berne ouvrit ses portes. Le 3 mars,
il fit déclarer au conseil de cette ville «qu'averti
par des avis certains, que la plupart des individus des deux sexes
renfermés dans les maisons de force, n'y étaient détenus
qu'à cause de leur attachement à la France, il exigeait
que tous fussent élargis ; qu'autrement, les magistrats subiraient
le traitement qu'avaient éprouvé ces amis de la liberté.»
Le 5, après une action sanglante dans le Grauholz près
de Fraubrunnen, dans laquelle les milices Bernoises (jointes au
landsturm ou levée en masse ) firent des prodiges
de valeur, il envoya son rapport au directoire. « Dans sa
relation digne du sujet, a dit Mallet Dupan, l'exterminateur des
bergers de l'Underwald avoue n'avoir pas vu de journee plus
chaude ; et il ajoute: "Une grande quantité d'habitants
des différents cantons furent témoins du combat. Leur
visage s'allongeait à mesure que nous avancions.
Si nous n'eussions pas dompté ces hommes aveuglés,
dans peu l'insurrection serait devenue générale. La
victoire a coûté beaucoup de sang ; mais c'étaient
des rebelles qu'il fallait soumettre.»
Le général Schauenbourg fit ensuite saccager le couvent
de Notre-Dame des Ermites, arrêter le rédacteur de
la gazette du Haut-Rhin, et provoqua des mesures sévères
contre le député suisse Billiter, qui avait fait des
réclamations contre la conduite de l'armée française.
Il démentit plus tard le bruit d'un projet de réunion
de la Suisse à la France, et combattit les insurgés
du district de Stanz.
Le nouveau corps législatif helvétique, voulant reconnaître
ses services, déclara, à la fin de septembre 1798,
qu'il avait bien mérite de la Suisse ; ce qui fut pris par
beaucoup de monde pour une dérision. Il remit, en 1799, le
commandement à Masséna. Ayant été attaqué
par Briot, pour sa conduite militaire dans ce pays, il vint à
Paris à la fin d'août 1799, pour se justifier auprès
du directoire ; fut ensuite nommé inspecteur-général
d'infanterie, et en exerçait encore les fonctions dans la
5e division, à l'époque des événements
de 1814. Il fut alors nommé par le Roi au même emploi,
et décoré de la croix de grand-officier de la Légion-d'honneur,
le 29 juillet, et de celle de commandeur de St.-Louis le 23 août.
Il a été admis à la retraite depuis le second
retour de S. M.
S. S.
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