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Heeren (Ahkold-Hermann-Louis)
naquit le 25 octobre 1760 à Asbergen, village près
de Brême, où son père était ministre
protestant. Il était alors destiné à la même
carrière que son père ; mais n'ayant aucun goût
pour la théologie, il étudia la philosophie et l'histoire,
surtout celle de l'antiquité. Il attira d'abord l'attention
du monde savant par la publication de Ménandre : De Encomiis
(Gœttingue, 1785). Plus tard il publia les Extraits de
Stobée (Gœttingue, 1792-1801), pour lesquels il avait
réuni les matériaux en visitant les bibliothèques
de l'Allemagne, de l'Italie et de la France. En 1787, Heeren fut
nommé professeur extraordinaire, et en 1794 professeur titulaire
de la chaire de philosophie à l'université de Gœttingue,
qu'il échangea en 1801 contre celle d'histoire. Cette circonstance,
et le succès qu'obtinrent ses travaux, l'engagèrent
à se livrer avec une nouvelle ardeur aux études historiques.
Il fit paraître alors ses Idées sur la politique,
les relations et le commerce des principaux États de l'antiquité,
dont il avait déjà publié une esquisse. «
Cet ouvrage, dit M. M. Monjean (J.. des Econ., t. II),
qui a opéré une révolution dans la manière
d'envisager l'histoire de l'antiquité, est le plus beau titre
de son auteur et le fondement de sa réputation. Jamais
on n'avait tracé un tableau plus vaste et plus vrai des éléments
divers qui caractérisent la civilisation de l'antiquité...
L'histoire des relations commerciales, l'état économique
et financier des nations, leur système colonial y tiennent
une grande et légitime place... Infatigable au travail, Heeren
poursuivit presque en même temps plusieurs publications historiques,
notamment une Histoire de la Littérature classique depuis
la Renaissance (Gœttingue, 1797-1802, 2 vol. in-8°); un
Manuel de l'Histoire ancienne (Gœttingue, 1799) ; un Manuel
historique du Système politique des États européens
et de leurs colonies, depuis la découverte des deux Indes
(Gœttingue, 1800). Après un intervalle de quelques années,
il mit au jour ses Recherches sur les sources des principaux
historiens et géographes anciens ; un Essai sur
l'Influence des Croisades, couronné par l'Institut de
France en 1808 ; des Mélanges d'Histoire et de Politique
(Gœttingue, 1821, 3 vol. in-8°).
Le mérite de Heeren était trop réel pour qu'il
ne fût pas généralement reconnu. Ses cours étaient
très suivis ; les corps savants, et parmi eux l'Institut
de France, s'empressèrent de l'admettre au nombre de leurs
membres, et les gouvernements lui accordèrent, des distinctions
honorifiques. Il était conseiller intime de justice, membre
de la Légion d'honneur, etc. II mourut le 7 mars 1842.
« M. Heeren, dit encore M. Monjean, n'est pas
de ces historiens métaphysiquement nébuleux, tels
qu'en voit éclore le ciel de la Germanie, qui ont besoin
préalablement d'une connaissance approfondie des faits pour
qu'on les comprenne, ou du moins qu'on essaie de les comprendre
; il ne faut pas le compter non plus au nombre de ces éclectiques
judicieux qui choisissent entre les faits seulement ceux qui peuvent
sourire à l'esprit du lecteur et font de l'histoire pittoresque.
Il sait faire à la fois, selon l'ordre qu'ils occupent et
l'influence qu'ils exercent, la part des faits et des idées
qui les gouvernent, il a toutes les qualités des historiens
de sa nation, sans en avoir les défauts, et il n'est pas
d'historien français qui lui soit supérieur pour la
clarté de la pensée et l'ordonnance de la composition.
On ne sait ce qu'il faut le plus admirer en lui, ou l'étendue
des recherches, ou la profondeur des vues philosophiques. »
Manuel de l'histoire ancienne considérée tout le rapport
du constitutions, du commerce et des colonies des divers États
de l'antiquité. Traduit de l'allemand, par M. Alex. Thurot.
Paris, F. Didot, 1823-1827-1837, 4 vol. in-8.
De la politique et du commerce des peuples de l'antiquité.
Traduit de l'allemand sur la 4e et dernière édition,
par M. W. Suckau (avec des additions dues à l'auteur et à
M. Stahl). Paris, F. Didot, 1830 et années suivantes, 7 vol.
in-8.
Le titre de l'original est : Ideen über Politische, den
Verkehr und den Handel der vornehmsten Voelker der allen Welt.
1re édit., Gœttingue, 2 vol., 1793-96; 4e édit., 1824-26,
5 vol. Une première traduction de cet ouvrage a été
faite par H. Désaugiers sur l'édition de 1793, qui
a paru à Paris ( le 1er vol. : Peuples d'Afrique, en 1800
; le 2e vol. : Peuples d'Asie, en 1820.) Mais cette édition
est très incomplète.
L'ouvrage de Heeren a été, du reste, traduit dans
presque toutes les langues de l'Europe, et les savants de tous les
pays sont d'accord sur le haut mérite de cette œuvre. (Voy.
Mac Culloch : The littérature of political economy.)
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