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Bacciochi
(Marie-Anne-Elisa Bonaparte), naquit à Ajaccio en
Corse, le 8 janvier 1777, de Carlo Bonaparte et de Maria-Letitia
Ramolino. Elle fut élevée à la maison royale
de Saint-Cyr, et vint ensuite demeurer à Marseille avec sa
mère et avec la plus grande partie de sa famille, qui avait
été obligée de quitter la Corse quand cette
île passa sous la domination anglaise. C'est à Marseille
qu'elle épousa, le 16 floréal an V (5 mai 1797), Félix
Bacciochi, officier d'infanterie, comme elle issu d'une famille
noble de l'île de Corse. On raconte que son frère Napoléon,
déjà possesseur d'une haute renommée qu'il
s’était faite à la tête de l'armée d'Italie,
consulté par sa mère sur ce mariage, manifesta son
opposition à une alliance qui ne secondait ni sa fortune
ni son ambition. Ne pouvant le faire changer d'avis, Mme Bonaparte
et sa fille Elisa s'avisèrent de lui écrire que n'ayant
reçu de lui aucune réponse aux lettres qui lui avaient
été adressées au sujet de ce mariage, mais
ne doutant pas qu'elle dût être favorable, on s'était
déterminé à le conclure. Aussi a-t-on remarqué
que par la suite la fortune de M. Bacciochi ne parut point proportionnée
à l'intimité des liens qui l'unissaient à la
nouvelle dynastie. Elisa vint à Paris avec sa famille vers
le milieu de l'an VI, époque où son frère Lucien
fut nommé membre du Conseil des Cinq-Cents. Elle y montra
un goût éclairé pour la littérature et
les pour les arts ; sa maison devint le rendez-vous de ce qu’il
y avait de plus distingué à Paris dans ce genre. La
révolution du 18 brumaire, dont les suites élevèrent
sa famille si haut, augmenta singulièrement cette espèce
de cour. Boufflers et La Harpe, MM. de Chateaubriand et de Fontanes
en furent les principaux ornements. Nommée Grande Duchesse,
ayant le gouvernement général des départements
de la Toscane, elle a continué, dans cette dignité,
à se montrer l'amie et la protectrice des arts. Avec de la
supériorité d'esprit et de la fermeté de caractère,
elle a gouverné la Toscane de manière à y laisser
d’honorables souvenirs. Jalouse de son autorité, elle n'y
associa jamais M. Bacciochi, quoiqu’ils aient été
couronnés tous deux sous le titre de princes de Lucques et
de Piombino, le 10 juillet 1805. L'effigie de M. Bacciochi se voyait
aussi sur les monnaies de la principauté, mais seulement
en seconde ligne et cachée à moitié derrière
celle de sa femme. On a fait à Elisa le reproche de s'être
trop laissé subjuguer par les personnes qui l'entouraient
, et de n'avoir pas toujours songé à les choisir dignes
du rang qu’elle occupait. Lorsque la révolution de 1814 vint
renverser la fortune de sa famille, Elisa songea un moment à
se fixer à Naples ; mais des motifs politiques ne permirent
pas à Murat de la recevoir dans ses États. Elle établit
alors sa résidence à Bologne, où elle fut bien
accueillie. En 1815, après le retour de Bonaparte en France,
elle quitta l’Italie pour venir à Trieste dans les États
autrichiens. Peu après elle se réunit avec sa sœur
Caroline, veuve de Murat, d'abord au château de Haimbourg,
à peu de distance de Vienne, et ensuite au château
de Brunn. En dernier lieu elle habitait la maison de campagne de
Santo Andrea, près de Trieste. Elle laisse, de son mariage
avec M. Bacciochi, une fille née le 3 juin 1806, et baptisée
sous le nom d'Elisa Napoléon, qui continue d'habiter, avec
son père, le château de Santo Andrea, sous le nom de
comtesse Napoliana. |
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