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Biographie
universelle, ancienne et moderne (Michaud), supplément, tome
58, Paris, Michaud frères, 1835.
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Beurnonville
(le marquis Pierre Riel de), maréchal de France, né
le 10 mai 1752, à Champignoles, près de Bar-sur-Aube,
d'une famille de bourgeoisie, fut d'abord destiné à
l'état ecclésiastique ; mais pendant qu'il suivait,
sans vocation, un cours de théologie, il obtint, dès
l'âge de quatorze ans, son admission dans le beau corps de la
gendarmerie de Lunéville, où les simples cavaliers avaient
rang de sous-lieutenant, et passa en 1775, avec ce grade, dans le
régiment colonial de l'Ile-de-France, où il devint bientôt
capitaine. Après avoir fait, sous Suffren, les trois campagnes
de l'Inde (1779-1781), où il reçut deux blessures, il
revint a l'île Bourbon, et y fut successivement aide-major,
major et commandant des milices. A la suite de quelques querelles
avec le gouverneur de cette colonie, il fut destitué en 1789,
et vint aussitôt en France, où il porta ses plaintes
a tous les pouvoirs, et même à l'assemblée nationale.
On lui donna pour toute satisfaction la croix de Saint-Louis. S'étant
déclaré avec beaucoup de chaleur pour la cause de la
révolution, il publia un projet de constitution des colonies
orientales. M. Chasteauneuf dit (probablement d'après
Beurnonville lui-même) que le ministre de la marine Thévenard
avait adopté ses plans, et qu'il lui destinait le gouvernement
de l'île Bourbon, lorsqu'il fut remplacé par Bertrand-Moleville.
La guerre ayant éclaté en 1792, Beurnonville devint
aide-de-camp du maréchal Luckner, avec le grade de colonel,
et le 13 mai 1792 maréchal de camp. On le chargea aussitôt
de la défense du camp de Maulde, où il résista
pendant plusieurs mois à des forces supérieures. Cette
résistance lui valut de grands éloges du général
en chef, et un peu plus tard le grade de lieutenant-général.
Dumouriez, qui l'avait pris dans une grande affection, et qui, soit
à cause de son courage, soit à cause de sa haute stature,
l'appelait l'Ajax français, le fit venir, à
marches forcées, de la frontière du nord, avec sa division,
dans les premiers jours de septembre, pour prendre part aux grands
événements qui allaient s'accomplir dans les plaines
de la Champagne. Beurnonville arriva la veille de la bataille de Valmy,
et il concourut a cette facile victoire. Nommé aussitôt
après commandant de l'avant-garde, il suivit les Prussiens
dans leur retraite, qu'il avait ordre de ne pas inquiéter,
et il témoigna plusieurs fois dans ses rapports toute son impatience
d'un pareil ordre. Il commandait une division à Jemmapes, et
il reçut ce jour-là même (4 novembre), sur le
champ de bataille, la commission de général en chef
de l'armée du centre, destinée à conquérir
le Luxembourg et le pays de Trêves, tandis que Dumouriez
allait envahir la Belgique. Mais cette conquête ne fut pas aussi
facile qu'on l'avait espéré. Les Français essuyèrent
à la Montagne Verte, à Pelligen et à Grewen-Macker
des pertes considérables, que Beurnonville dissimula de son
mieux. Il donna même a cette occasion un exemple de réticence
et de mensonge tel qu'aucun autre rapport ou bulletin officiel ne
l'a surpassé depuis. « L'ennemi, dit-il, a
perdu beaucoup de monde, et nous en avons été quittes
pour le petit doigt d'un chasseur.» Cette gasconnade fit
longtemps rire toute la France ; et elle donna lieu à cette
épigramme:
Quand
d'ennemis tués on compte plus de mille,
Nous
ne perdons qu'un doigt, encor le plus petit!
Holà
! monsieur de Beurnonville,
Le
petit doigt n'a pas tout dit.
Dumouriez n'ayant pu lui-même rejeter les Autrichiens au-delà
du Rhin, et s'étant vu forcé de s'arrêter derrière
la Roër pour y prendre ses quartiers d'hiver, Beurnonville fut
obligé de prendre les siens derrière la Sarre (1).
Mais dès les premiers jours
de février, ayant été nommé ministre de
la guerre a la place de Pache, il se rendit à Paris, où
il était a peine entré dans ces nouvelles fonctions
qu'aux prises avec le parti de la montagne, il se vit environné
de toutes sortes de difficultés. Il écrivit alors à
la Convention nationale que, se croyant plus propre à servir
la patrie par son épée que par sa plume, il demandait
sa démission pour retourner a l'armée. Cette demande
excita beaucoup de rumeur dans l'assemblée, et la démission
ne fut acceptée qu'à condition que le ministre rendrait
ses comptes avant de partir. Il les rendit ; et déjà
il était près de s'éloigner, lorsqu'une nouvelle
nomination aux mêmes fonctions (du 4 mars 1793), obtenue par
une sorte de triomphe du parti modéré, le força
de rester. Quelques jours après il faillit être assassiné
par des émissaires de la société des jacobins,
auxquels il n'échappa qu'en escaladant les murs de son jardin.
Il reçut à la même époque une lettre de
Dumouriez, qui lui faisait part de ses griefs contre la convention
nationale, sans toutefois lui communiquer ses projets de résistance,
sur lesquels il est probable que lui-même n'était pas
encore fixé. Beurnonville, environné d'ennemis et de
délateurs, ne put se dispenser de communiquer cette lettre
à la convention nationale, et ce fut sans doute d'après
cette apparence de confiance et de dévouement que, quelques
jours plus tard, lorsqu'il s'agit d'exécuter le décret
d'arrestation contre ce général, les commissaires de
la convention crurent devoir se faire accompagner du ministre de la
guerre, qu'ils destinaient à le remplacer. C'était pour
Beurnonville un rôle bien embarrassant. Dumouriez l'a accusé
longtemps d'une noire ingratitude ; mais plus tard il a reconnu
dans ses Mémoires que son Ajax lui était resté
fidèle au moins d'intention. Ce qu'il y a de sûr, c'est
que, témoin des vives altercations qui s'élevèrent
entre le général et les commissaires, Beurnonville ne
proféra pas une parole ; que lorsque Dumouriez voulut l'excepter
de l'ordre d'arrestation qu'il donna pour ceux-ci, le ministre, effrayé
d'une telle exception, lui dit à voix basse : « Vous
me perdez » et que le général l'ayant compris
ordonna aussitôt de le réunir aux commissaires, ce qui
le sauva évidemment d'une mort certaine ; car s'il est vrai
que cette arrestation préserva de l'échafaud plusieurs
de ces commissaires, et notamment Bancal (Voy. ce nom, LVII, 97),
il ne l'est pas moins que, soit qu'il fût retourné à
Paris, soit qu'il eût conservé le commandement de l'armée,
Beurnonville, lié comme il l'était avec le parti de
la Gironde, qui succomba dans le mois suivant, n'eût pu échapper
aux proscriptions qui le frappèrent.
Livré aux Autrichiens, il fut conduit de prison en prison,
d'abord à Ehrenbreitstein, puis a Egra et à Olmutz,
d'où il fit à plusieurs reprises de vains efforts pour
se sauver. « Vingt-sept mois de fièvre, sur trente-trois
passés dans des cachots humides, a dit le maréchal
Macdonald, et les mauvais traitements qu'il eut à supporter,
altérèrent sensiblement la santé de mon illustre
ami. La vigueur de son tempérament et surtout son courage purent
seuls l'arracher à la mort. » Enfin , au mois de
novembre 1795, son échange et celui des commissaires pour la
fille de Louis XVI fut convenu avec l'Autriche, et ils revinrent dans
leur patrie, où tout était bien changé depuis
une absence de deux ans et demi. Ils furent parfaitement accueillis
par la convention nationale, que tant de révolutions et de
catastrophes avaient mutilée, décimée, et aussi
un peu éclairée. Beurnonville recouvra aussitôt
son grade militaire, et il obtint même le commandement de l'armée
de Sambre-et-Meuse, qu'il ne conserva que quelques mois.
Revenu a Paris au commencement de 1797, il s'y trouvait dans une sorte
de disgrâce au plus fort de la lutte entre le directoire et
les conseils législatifs. Disposé a suivre le parti
qu'il croyait devoir triompher, il rechercha avec beaucoup d'empressement
Pichegru et les autres chefs des clichiens,
et fut même près d'être nommé par eux l'un
des cinq directeurs ; Barthélémy
ne l'emporta que de quelques voix. Mais lorsque la révolution
du 18 fructidor eut renversé un parti que tant d'avantages
avaient semblé favoriser, Beurnonville ne songea plus qu'à
faire oublier ses liaisons avec lui, et il y réussit
tellement, que, dès le mois suivant, il fut chargé par
le directoire du commandement de toutes les troupes françaises
qui se trouvaient en Hollande (2).
Mais, quels que fussent ses talents et sa flexibilité, on doit
remarquer que Beurnonville n'a jamais pu rester longtemps a la même
place. Le directoire, qui dans ce temps-là faisait chez les
Bataves des essais de révolution et de constitution, pensa
que Joubert entrerait mieux dans ses vues, et lui donna la place de
Beurnonville, qui revint à Paris, pourvu, suivant l'usage de
ces sortes de disgrâces, d'une commission d'inspecteur-général.
Telle était sa position
vers la fin de 1799, lorsque Bonaparte, revenu d'Egypte, l'associa
a ses projets d'élévation, ainsi que tous les hommes
de quelque influence qui voulurent y prendre part. Beurnonville se
montra un de ses coopérateurs les plus zélés
dans l'audacieuse entreprise du 18 brumaire, et il en fut récompensé
dès le mois suivant par l'ambassade de Berlin, où l'on
ne lui donna pas néanmoins des preuves d'une extrême
confiance, puisque Duroc y fut envoyé presque aussitôt
chargé des plans et des secrets les plus importants. L'affaire
la plus remarquable qui fut alors confiée a Beurnonville auprès
de la cour de Berlin, paraît être l'arrestation de quelques
royalistes français qui s'étaient établis a Bareuth,
et dont Bonaparte voulut se faire livrer les personnes et les papiers.
Ce fut à sa demande, intimée par l'ambassadeur de France,
que la Prusse fit arrêter ces malheureux, qui furent détenus
pendant plusieurs mois (Voy, Imbert-Colomès, XXI, 202 , et
Précy, XXXVI, 36).
On a dit dans un ouvrage d'origine prussienne (les Mémoires
tirés des papiers d'un homme d'Etat, tom. VIII) que c'était
au ministre Hardenberg, et surtout a la belle et bonne reine Louise,
que Pichegru dut l'avantage d'être averti à temps pour
se sauver. Mais, s'il en est ainsi, pourquoi les amis de Pichegru
ne furent-ils pas également prévenus ? Et il resterait
encore le tort ineffaçable d'avoir livré les papiers
d'une agence royale, qui furent apportés a Paris par l'ambassadeur
Beurnonville lui-même, papiers qui compromirent beaucoup de
monde, et dont la police fit imprimer la plus grande
partie, sous le titre de Papiers saisis à Bareuth,
1 vol. in-8°, de l'imprimerie nationale, Paris, 1800 (3).
Beurnonville ne retourna pas a Berlin ; il fut bientôt envoyé
en la même qualité à Madrid, où il trouva
une cour plus humble encore, plus docile, et où il lui fallut
être plus exigeant, plus sévère. Mais il ne le
fut point assez au gré du consul, qui dès-lors voulait
que tous les trésors, toute la marine et tous les soldats de
l'Espagne fussent à sa disposition. Pour signifier de telles
prétentions, ou pour intimer de pareils ordres la voix de Beurnonville
ne fut pas trouvée assez forte ni assez impitoyable. On l'accusa
de faiblesse, même d'incapacité, et il fut rappelé
pour être absorbé dans le sénat, d'où
l'empereur ne le tira pas une seule fois pendant tout son règne
pour lui confier des fonctions de la moindre importance. Il lui donna
cependant le titre de comte, celui de grand officier de la Légion-d'Honneur
; mais il ne le fit pas maréchal, ainsi que tous les généraux
qui avaient commandé en chef. Il ne lui croyait ni capacité
ni valeur, et l'on voit dans les Mémoires de Sainte-Hélène
qu'il ne le regardait pas comme capable de remuer un bataillon.
Ce n'est qu'au commencement de 1814, lorsque l'imminence du péril
le força d'employer tout le monde, que Beurnonville fut envoyé
commissaire extraordinaire sur la frontière de l'Est ; mais
tout allait bientôt être décidé par les
armes, et les événements militaires forcèrent
Beurnonville à revenir dans la capitale dès la fin de
mars. Il n'y était arrivé que depuis quelques jours,
lorsque les alliés s'en emparèrent. Admis aussitôt
dans les projets de M. de Talleyrand pour le rétablissement
des Bourbons,
il fut un des membres du gouvernement provisoire qui gouverna en attendant
leur arrivée. Louis XVIII, dès qu'il fut sur le trône,
le récompensa de son zèle en le faisant pair de France,
et en l'admettant dans son conseil. Mais lorsque Napoléon revint
de l'île d'Elbe, l'année suivante, il le proscrivit par
un décret, ainsi que tous les autres membres du gouvernement
provisoire, et il ordonna le séquestre de ses biens.
Beurnonville se réfugia auprès de Louis XVIII, à
Gand, et il revint trois mois après avec ce prince, qui le
rétablit dans tous ses titres, et l'envoya présider
le collège électoral de la Moselle, où il prononça
un discours d'ouverture empreint du plus ardent royalisme. A son retour,
le ministre de la guerre Clarke le nomma président d'une commission
chargée d'examiner les réclamations des anciens officiers,
c'est-a-dire de prononcer sur les nombreuses demandes de grades, de
pensions ou de décorations, qu'adressaient alors au roi tous
les émigrés et les Vendéens. C'étaient
pour un général de la république et un sénateur
de l'empire des fonctions embarrassantes, et elles lui attirèrent
plus d'une fois, de la part des réclamants, des railleries
et des épigrammes assez piquantes. Cependant il y mit, on ne
peut le nier, autant de justice que d'impartialité, et il acquit
des droits réels a la confiance du roi, qui le nomma commandeur
de Saint-Louis le 8 juillet 1816, puis marquis, ministre d'état,
membre du conseil privé et enfin maréchal de France.
Ainsi, Beurnonville fut sans contredit un des hommes les plus favorisés
de la restauration, à laquelle cependant on a vu qu'il ne songeait
guère avant le 31 mars 1814. Depuis cette époque, il
la servit franchement et avec zèle jusqu'à sa mort,
le 23 avril 1821.
Il s'était marié dans les colonies. Devenu veuf, il
épousa, en 1805 , Mlle de Durfort (4). N'ayant
point laissé de postérité, il eut pour successeur
à la chambre des pairs un de ses neveux, le maréchal-de-camp
baron de Beurnonville qu'il avait élevé comme son fils
et adopté comme tel. Son éloge y fut prononcé
(séance du 12 juin) par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr,
son ancien ami, en l'absence du maréchal Macdonald, également
son ami, qui se trouvait malade. Ce discours fut imprimé, suivant
l'usage, par ordre de la chambre, in-8° de 15 pages. Les francs-maçons,
dont il était un des grands-maîtres les plus zélés
elles plus assidus, firent imprimer après sa mort: 1° Fête
funèbre en l'honneur du maréchal Beurnonville, grand
commandeur, etc., Paris , 1821, in-8°; 2° Pompe funèbre
célébrée par les loges réunies de l'orient
de Marseille en mémoire de T. F. maréchal Beurnonville,
Marseille, 1821,in-4°. M—Dj.
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(1)
Il écrivait au comité de la guerre : «Citoyens
législateurs..., depuis le 6 nov. jusques au 23 dec. que
l'armée est rentrée dans ses cantonnements, elle a
constamment vécu sur le pays ennemi ou sur ceux de Nassau
et de Deux-Ponts, dont elle tire encore la plus grande partie de
ses subsistances. J'ai constamment tiré de ces divers pays,
depuis le commencement de novembre, trois cents milliers de foin,
et dix-huit mille boisseaux d'avoine tous les jours, que j'ai payés
en bons, et sans avoir déboursé un écu. Cependant
ma situation est telle, qu'ayant tout consommé dans le pays
ennemi d'entre Sarre et Moselle, j'ai été forcé
de prendre une ligne défensive depuis Saarbruck jusqu'à
Longwy, et que je n'ai trouvé aucun moyen sur mes derrières
pour pouvoir exister. J'ai été forcé d'éloigner
ma cavalerie, mes chevaux d'ambulance
et d'artillerie faute de fourrages, et je suis réduit maintenant
à ne pouvoir mettre un cheval à mes avant-postes,
faute d'une botte de foin. Je me vois enfin réduit à
la dure nécessité de reculer mes lignes défensives
ou de renvoyer mes pièces de campagne, faute de fourrages,
pour pouvoir faire exister le peu de chevaux d'artillerie qui leur
sont attachés. A l'égard des autres objets de subsistances,
il résulte, des états de situation qui m'ont été
remis par les commandants des places, que je n'ai que pour quinze
jours de vivres à Metz, pour douze à Sarre-Louis,
et pas pour deux à Thionville, et il en est de même
de toutes mes places de première ligne. J'observe que toutes
mes places n'ont pas le tiers des garnisons sur le pied de guerre
; qu'au moyen de sept mille hommes que je viens d'envoyer au secours
de Custine, il ne m'en reste pas huit d'infanterie pour surveiller
quarante-huit lieues de frontière ; qu'étant dépourvu
de fourrages, je ne puis faire usage de ma cavalerie ; et que si
Thionville était seulement investi par quinze mille hommes,
cette excellente place, qui s'est si vaillamment défendue,
serait obligée de se rendre en moins de cinq jours par la
faim, ainsi que les autres. L'on m'a dit qu'il existait des magasins
immenses à Châlons. Je me suis assuré, en y
passant moi même, qu'il n'y a pas de quoi nourrir mon armée
seulement pendant six jours. On m'a dit que ces magasins immenses
se versaient sur Metz ; je n'ai rencontré que quarante-cinq
voitures en route, au lieu de deux cent cinquante qui me sont nécessaires…
Finalement je recevais
à l'époque de mon départ quarante-cinq sacs
de farine, et j'en consomme cinq cents. Bref, je suis sans agent
du directoire
(des achats des subsistances militaires). Théodore Cerf-Beer
a déserté son poste, malgré l'extrême
pénurie où il a vu l'armée, malgré même
les moyens locaux qu'on lui a offerts, etc. ; et un tel agent mérite
une punition exemplaire ; ou si de telles fautes restent impunies,
on ne peut calculer sur les opérations militaires les plus
intéressante. J'ai combattu dans la Belgique, dans l'Ardenne
et dans le pays de Trêves, et j'ai toujours été
parfaitement satisfait de l'ancienne administration.»
Mais depuis l'établissement du directoire des achats, Beurnonville
se plaint d'être sans fourrages, bientôt sans pain,
d'avoir ses places compromises faute de subsistances. Il dénonce
Bidermann comme infiniment coupable. L'armée crie
à la trahison. Le général insiste
sur la nécessité d'avoir derrière chaque armée
des magasins d'abondance, « pour la subsistance des grandes
forces que la république se propose de mettre sur pied ;
» il craint que l'Angleterre n'intercepte, par des croisières,
les vivres qu'en pourrait tirer de l'Amérique septentrionale,
de la côte de Barbarie et de Dantzick. «Nous devons,
dit-il, en terminant sa lettre, redoubler de précautions
; car, en portant tous les bras cultivateurs sur la frontière,
il n'est pas douteux que notre sol complétera difficilement
nos besoins. » L'original de ce document inédit,
et d'un haut intérêt pour l'histoire des premières
guerres de la révolution, est dans le cabinet de l'auteur
de cette note. V—ve.
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au texte.
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(2)
Général en chef de l'armée du Nord dans l'an
VI ( 1798), Beurnonville avait fait graver, pour tête de ses
lettres, une vignette, où l'on voyait la liberté tenant
un drapeau surmonté du bonnet rouge, et sur un autel les droits
de l'homme, avec un niveau ; à droite et à gauche des
canons, des mortiers, des fascines , etc. V—ve .
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(3)
Il se trouvait dans les papiers saisis plusieurs lettres de la main
de Louis XVIII, qui ne furent pas imprimées.
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(4)
Fille cadette de Félicité-Jean-Louis-Etienne, comte
de Durfort, ancien ambassadeur de France à Venise ; mort dans
cette ville en 1801, sans en être sorti pendant la révolution,
et dont les biens avaient été confisqués et vendus,
quoique deux arrêtés du département de la Seine,
pris en 1793, eussent prononcé sa radiation. Beurnonville écrivit
de Madrid le 5 floréal an XIII, à M. Boulay de la Meurthe,
conseiller d'état, chargé du contentieux des domaines,
pour réclamer le maintien des deux arrêtés, et
pour empêcher la vente du petit domaine de Sajac , qui avait
été provisoirement affecté à l'hospice
civil de Carcassonne, et qui restait invendu. « L'état,
écrivait-il, a eu plus de trois ou quatre millions de cette
famille injustement dépouillée. Il ne reste plus que
ce domaine, de la valeur d'à-peu-près trente mille livres
, etc. » V—ve.
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Beurnonville,
général en chef,
Ambassadeur de la République française près
la Cour d'Espagne,
Né à Champigneulle, le 10 mai 1752.
Dès l'âge de seize ans (en 1758), Beurnonville entra
au service en qualité de sous-lieutenant de cavalerie.
Son activité et les talents militaires qu'il déploya,
surtour dans les trois campagnes de l'Inde, en 1779, 1780 et 1781,
l'élevèrent bientôt aux grades supérieurs.
Maréchal de camp en 1792, il se distingua à l'occupation
des gorges de Porentrui, à la prise de Menin, de Courtrai,
et dans la belle défense du camp de Maulde, à la suite
de laquelle il fut promu au rang de lieutenant général.
Commandant en chef de l'armée du Nord, il y mérita
le glorieux surnom d'Ajax français, dans la célèbre
journée du 20 septembre qui sauva Paris ; et c'est à
lui que l'on dut la retraite de l'armée prussienne, la prise
de Quiévrain, des hauteurs de Bossu, enfin la victoire de
Gemmapes. Porté au ministère de la guerre en 1793,
il y fit admirer la sagesse de son administration.
Commissaire chargé de la réorganisation de l'armée
du Nord, lors de la trahison de Dumourier, il fut arrêté
et resta prisonnier trente mois en Autriche.
Echangé ensuite contre la fille de Louis XVI, il prit le
commandement en chef des armées du Nord et Batave réunies,
et refit la brave armée de Sambre et Meuse que des malheurs
avaient désorganisée. Aux mémorables journées
des 18 et 19 brumaire an VIII, il fut un des premiers généraux
en chef à s'ssocier aux travaux de Bonaparte qui, découvrant
en lui un négociateur habile, lui confia le soin de rallier
la Prusse éloignée, et de négocier la paix
avec la Russie.
Aprsè avoir terminé le travail des indemnités
germaniqes et les plus grands intérêts de la France
au Nord et en Allemagne, il vient d'être désigné
par le premier consul pour une mission non moins importante en Espagne.
Ferme et sage au Conseil,
Sur le Rhin et l'Issel il fixa la victoire;
Il parut dans les fers comme aux champs de la gloire,
Tour-à-tour général et ministre d'Etat.
(Par un poète prussien) |
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