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Bernadotte
(Charles-Jean), prince royal de Suède, etc. etc. Né
à Pau en Béarn, le 27 janvier 1764, il entra au service
comme soldat, en 1780, et se trouvait, à l’époque
de la révolution, sergent dans le régiment de royal-marine,
dont M. Merle-d’Ambert était colonel. Son activité,
ses talents et sa bravoure lui valurent un avancement rapide, et
il commandait déjà une demi-brigade, lorsque Kléber,
l’ayant distingué, l’employa avec succès dans diverses
expéditions, et le fit nommer général. Il obtint
bientôt après, le commandement d’une division de l’armée
de Sambre-et-Meuse, à la tête de laquelle il se trouva
à la bataille de Fleurus en 1794 ; contribua au passage du
Rhin, près de Neuwied, en 1795, et s’empara ensuite de la
ville d’Altorf. En 1796, il passa à l’armée d’Italie,
partagea la gloire de l’expédition du Tagliamento, et prit
Palma-Nova, Lamina, Caporetto, etc. etc. A l’époque qui précéda
le 18 fructidor, il signa une adresse, au nom de sa division, contre
le parti qui succomba à cette époque, et fut envoyé
à Paris par Bonaparte pour présenter au directoire
les drapeaux pris à Peschiera, après la bataille de
Rivoli. Nommé au commandement de Marseille, vers la fin de
septembre 1797, il préféra retourner à la tête
de sa division, et fut nommé ambassadeur à la cour
de Vienne, en janvier 1798. Une espèce d’insulte qu’il y
reçut de la part des habitants, dans une fête, à
la suite de laquelle le palais fut forcé, et quelques coups
de fusils tirés, le déterminèrent à
quitter aussitôt la capitale de l’Autriche. Arrivé
à Paris, il refusa le commandement de la 5e division militaire,
et donna également sa démission de l’ambassade de
La Haye, qui lui avait été conférée.
Il obtint, en 1799, le commandement en chef d’une armée d’observation,
fit bombarder Philipsbourg, et chasser de Francfort les agents de
l’Autriche et les émigrés. Après l’espèce
de révolution du 30 prairial an 7, qui expulsa Merlin, Treilhard
et Lareveillère, du directoire, Bernadotte, fut nommé
ministre de la guerre, et donna à ce département une
grande impulsion. Ses liaisons avec quelques démocrates ayant
alarmé le directoire, il fut bientôt remplacé
par Millet-Mureau. Le 18 brumaire, auquel il s’était opposé,
avec peu de vigueur, il est vrai, lui valut la place de conseiller
d’Etat, puis celle de général en chef de l’armée
de l’Ouest, dont il remit, l’année suivante, le commandement
au général Laborde, à cause de sa santé
qui s’affaiblit tout à coup d’une manière alarmante
: on ajoutait même que des motifs de jalousie et des craintes
politiques étaient la cause du marasme qui paraissait le
consumer. Il échappa néanmoins aux dangers de cette
maladie, et devint maréchal d’empire lorsque Bonaparte fut
proclamé empereur. En juin 1804, il obtint le commandement
de l’armée d’Hanovre, et quelques mois après fut nommé
chef de la 8e cohorte de le légion d'honneur, puis décoré
d’une foule d’ordres étrangers. Vers la fin de septembre
1805, il se réunit aux Bavarois, nouveaux alliés de
la France, et les reconduisit dans leur capitale, après la
victoire importante remportée à Ulm. C’est au mois
de juin 1806 qu’il fut créé prince de Ponte-Corvo.
Employé de nouveau dans la guerre contre la Prusse, il en
attaqua la réserve à Halle, la mit en déroute,
et s’empara ensuite de la ville. Il continua de se distinguer dans
cette campagne et la suivante ; fut chargé, en 1809, du commandement
du 9e corps de la grande armée, composée en partie
de Saxons, et remporta un grand avantage sur les Autrichiens en
avant de la tête du pont de Lintz. A la nouvelle du débarquement
des Anglais dans l’île de Walcheren, il quitta précipitamment
l’armée, et prit la direction des forces destinées
à les repousser. Après leur départ, il revint
à Paris, fut proclamé prince de Suède par les
états du royaume, et fit son entrée à Stockholm
le 1er novembre suivant. Depuis lors, il parut moins circonspect
dans sa haine contre Bonaparte, et après les désastres
de celui-ci à Moscou, il entra ouvertement dans la coalition,
se mit à la tête d’un corps suédois, se joignit
aux Anglais et aux Prussiens, attaqua les Français sur divers
points, et se rendit ensuite à Berlin, où il fut reçu
comme libérateur de l’Allemagne. Nommé presqu’aussitôt
généralissime des forces de la coalition, il battit
successivement les maréchaux Oudinot et Ney, et ne cessa
de poursuivre l’armée française que quand elle eût
repassé le Rhin. Là parut se borner la part qu’il
voulait prendre à la défaite de ses compatriotes et
à la ruine de sa patrie ; il resta en effet dans le Brabant
hollandais pendant que les Alliés marchaient sur Paris, et
ne parut dans cette capitale qu’après la chute de Napoléon
et la restauration de la maison de Bourbon. Des motifs politiques
lui firent même abréger son séjour en France.
Il vit le roi en passant à Compiègne, rejoignit son
armée à Lubeck, en mai 1814, se prépara à
marcher en Norwège, et publia un ordre du jour dans lequel
on lisait : « A l’époque où le Danemarck fournissait
à la France des marins pour ses flottes, la Suède
refusa de s’incliner devant l’idole du jour, et se confiant en sous
propres forces, refusa de fournir ceux qu’on lui demandait ; elle
a fait plus, elle s’est unie, à cette époque, la plus
critique dont puissent faire mention nos annales, au monarque dont
Napoléon avait juré la perte : elle est fière
d’avoir devancé, dans cette résolution, toutes les
autres nations. » Enfin, heureux jusqu’au bout, il prit possession
de la Norwège au mois de novembre 1814, et se fit chérir
de ses nouveaux sujets. C’est en vain que des événements
inattendus sont venus encore une fois changer la face du monde politique
en 1815, et faire disparaître d’un trône usurpé,
l’un des plus anciens camarades de Bernadotte, la fortune de celui-ci
n’en a point été ébranlée, et tout porte
à croire que, plus sage ou plus adroit, il achèvera
sa carrière avec autant de gloire et plus d’honneurs qu’il
ne l’a commencée. |
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