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Janissaires

 

Encyclopédie, tome 8, 1765, p 446 :

 
 

Janissaire : s.m. (Hist. turq.) soldat d’infanterie turque, qui forme un corps formidable en lui-même, et surtout à celui qui le paie.

Les gen-y-céris, c’est-à-dire, nouveaux soldats, que nous nommons janissaires, se montrèrent chez les Turcs (quand ils eurent vaincus les Grecs) dans toute leur vigueur, au nombre d’environ 45 mille, conformément à leur établissement, dont nous ignorons l’époque. Quelques historiens prétendent que c’est le sultan Amurath II, fils d’Orcan, qui a donné en 1372, à cette milice déjà instituée, la forme qu’on voit subsister encore.

L’officier qui commande cette milice s’appelle jen-y-céris aghafi, ; nous disons en français l’aga des janissaires.; et c’est un des premiers officiers de l’empire. Comme on distingue dans les armées de sa hautesse les troupes d’Europe et les troupes d’Asie, les janissaires se divisent aussi en janissaires de Constantinople, et janissaires de Damas. Leur paye est depuis deux aspres jusqu’à douze ; l’aspre vaut environ six liards de notre monnaie actuelle.

Leur habit est de drap de Salonique, que le grand seigneur leur fait donner toutes les années, le jour de Ramazzan. Sous cet habit ils mettent une surveste de drap bleu ; ils portent d’ordinaire un bonnet de feutre, qu’ils appellent un zarcola, et un long chaperon de même étoffe qui pend sur les épaules. Leurs armes sont en temps de guerre un sabre, un mousquet, et un fourniment qui leur pend du côté gauche. Quant à leur nourriture, ce sont les soldats du monde qui ont toujours été le mieux alimentés ; chaque oda de janissaires avait jadis, et a encore, un pourvoyeur qui lui fournit du mouton, du riz, du beurre, des légumes, et du pain en abondance. (...)

Le bonnet de cérémonie des janissaires  est fait comme la manche d’une casaque : l’un des bouts sert à leur couvrir la tête, et l’autre tombe sur leurs épaules ; on attache à ce bonnet sur le front, une espèce de tuyau d’argent doré, long d’un demi-pied, garni de fausses pierreries. Quand les janissaires marchent à l’armée, le sultan leur fournit des chevaux pour porter leur bagage, et des chameaux pour porter leurs tentes ; savoir un cheval pour dix soldats, et un chameau pour 20. (...)

Ordinairement on les met en sentinelle aux portes et aux carrefours de la ville : tout le monde les craint et les respecte, quoiqu’ils n’aient qu’une canne à la main, car on ne leur donne leurs armes, que lorsqu’ils vont en campagne. (...)

On leur fait faire deux serments lors de leur enrôlement : le premier, de servir fidèlement le grand-seigneur ; le second, de suivre la volonté de leurs camarades. En effet, il n’y a point de corps plus uni que celui des janissaires., et cette grande union soutient singulièrement leur autorité ; car quoiqu’ils ne soient que 12 à 13 mille dans Constantinople, ils sont sûrs que leurs camarades ne manqueront pas d’approuver leur conduite. De-là vient leur force, qui est telle, que le grand-seigneur n’a rien au monde de plus à craindre que leurs caprices. Celui qui se dit l’invincible sultan, doit trembler au premier signal de la mutinerie d’u misérable janissaire.

Combien de fois n’ont-ils pas fait changer à leur fantaisie la face de l’empire ? les plus fiers empereurs et les plus habiles ministres, ont souvent éprouvé qu’il était pour eux du dernier danger d’entretenir en temps de paix une milice si redoutable. Elle déposa Bajazet II en 1512 ; elle avança la mort d’Amurat III en 1595; elle menaça Mahomet III de le détrôner. Osman II, qui avait juré leur perte, ayant imprudemment fait éclater son dessein, en fut indignement traité, puisqu’ils le firent marcher à coups de pied depuis le sérail jusques au château des Sept Tours, où il fut étranglé en l’an 1622. Mustapha que cette insolente milice mit à la place d’Osman, fut détrôné au bout de deux mois, par ceux-là même qui l’avaient élevé au faîte des grandeurs. Ils firent aussi mourir le sultan Ibrahim en 1649, après l’avoir traîné ignominieusement aux Sept Tours ; ils renversèrent du trône son fils Mahomet IV, à cause du malheureux succès du siège de Vienne, lequel pourtant n’échoua que de la faute de Cara-Mustapha, premier visir. Ils préférèrent à cet habile sultan son frère Soliman III, prince sans mérite, et le déposèrent à son tour quelque temps après. Enfin, en 1730, non contents d’avoir obtenu qu’on leur sacrifiât le grand-visir, le rei-Effendi, et le capitan-bacha, ils déposèrent Achmet III, l’enfermèrent dans la prison, d’où ils tirèrent sultan Mahomet, fils de Mustapha II, et le proclamèrent à sa place. Voilà comme les successions sont réglées en Turquie.

 
 

 

Dictionnaire de l'Académie  Française, 5e édition, Paris 1798 :

 
 

Janissaire : s.m. Soldat de l’infanterie turque, qui sert à la garde du Grand-Seigneur. Les janissaires firent bien leur devoir dans cette bataille. Les Janissaires sont établis pour la sûreté de la personne du Grand-Seigneur.

 
 

 

 

 

     

 

 

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