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Le
Bulletin du 20 juin 1815 analysé
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Je
propose ici une lecture attentive du bulletin
dicté par Napoléon le 20 juin 1815, soit deux
jours après la bataille. J'ai mis en évidence tous
les passages qui montrent que Napoléon raconte la bataille
de façon erronée quant à la disposition des
lieux.
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Nouvelles
de l'Armée.
(Le Moniteur Universel, Supplément extraordinaire au N° du
21 juin. [1815] |
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(...)
"
A dix heures du soir, l'armée anglaise occupa
Mont-Saint-Jean par son centre, se trouva en position
en avant de la forêt de Soignes ; il aurait fallu pouvoir disposer
de trois heures pour l'attaquer, on fut donc obligé de remettre au
lendemain.
Le quartier-général de l'Empereur fut établi à la ferme de Caillou,
près Planchenoit. La pluie tombait par torrents. Ainsi, dans la journée
du 16, la gauche, la droite et la réserve, ont été également engagées
à une distance d'à peu près deux lieues. |
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Le centre de l'armée anglaise occupait une position en avant de Mont-Saint-Jean. |
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Bataille
de Mont-de-Saint-Jean. *
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A
neuf heures du matin, la pluie ayant un peu diminué, le 1er corps
se mit en mouvement, et se plaça, la gauche sur la route de Bruxelles,
et vis-à-vis le village de Mont-Saint-Jean,
qui paraissait le centre de la position de l'ennemi.
Le second corps appuya sa droite à la route de Bruxelles, et sa
gauche à un petit bois à portée de canon de l'armée anglaise. Les
cuirassiers se portèrent en réserve derrière, et la garde en réserve
sur les hauteurs. Le 6e corps, avec la cavalerie du général d'Aumont,
sous les ordres du comte Lobau, fut destinéà se porter en arrière
de notre droite, pour s'opposer à un corps prussien qui paraissait
avoir échappé au maréchal Grouchy, et être dans l'intention de tomber
sur notre flanc droit, intention qui nous avait été connue par nos
rapports, et par une lettre du général prussien, que portait une
ordonnance prise par nos coureurs.
Les troupes étaient pleines d'ardeur. On estimait les forces
de l'armée anglaise à 80 mille hommes ; on supposait que le corps
prussien, qui pouvait être en mesure vers le soir, pouvait être
de 15 mille hommes. Les forces ennemies étaient donc de plus de
90 mille hommes. Les nôtres étaient moins nombreuses.
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"qui
paraissait le centre de la position de l'ennemi"
il s'agit donc d'une estimation, le village supposé se trouvant
derrière la crête échappe au regard. |
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A
midi, tous les préparatifs étant terminés, le prince Jérôme, commandant
une division du 2e corps, et destiné à en former l'extrême gauche,
se porta sur le bois dont l'ennemi occupait une partie. La canonnade
s'engagea ; l'ennemi soutint par 30 pièces de canon les troupes
qu'il avait envoyées pour garder le bois. Nous fîmes aussi de notre
côté des dispositions d'artillerie. A une heure, le prince Jérôme
fut maître de tout le bois, et toute l'armée anglaise se replia
derrière un rideau.
Le
comte d'Erlon attaqua alors le village de Mont-Saint-Jean,
et fit appuyer son attaque par 80 pièces de canon. |
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Le
1er corps (d'Erlon) n'attaqua pas le village, mais la position anglaise
située 1 km en avant du village. |
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Il s'engagea là une épouvantable canonnade,
qui dut beaucoup faire souffrir l'armée anglaise.
Tous les coups portaient sur le plateau. |
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"qui
dut beaucoup faire souffrir l'armée anglaise", on le suppose
puisque l'armée anglaise n'est pas visible, abritée
derrière la crête. |
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Une
brigade de la 1re division du comte d'Erlon
s'empara du village de Mont-Saint-Jean ; une seconde
brigade fut chargée par un corps de cavalerie anglaise, qui lui fit
éprouver beaucoup de pertes. Au même moment, une division de cavalerie
anglaise chargea la batterie du comte d'Erlon par sa droite, et désorganisa
plusieurs pièces ; mais les cuirassiers du général Milhaud, chargèrent
cette division, dont trois régiments furent rompus et écharpés. |
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Une
brigade de la 1re division du comte d'Erlon s'empara de la ferme
de la Haie-Sainte. |
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Il
était trois heures après midi. L'Empereur fit avancer la garde pour
la placer dans la plaine sur le terrain qu'avait occupé le premier
corps au commencement de l'action : ce corps se trouvant déjà en avant.
La division prussienne, dont on avait prévu le mouvement commença
alors à s'engager avec les tirailleurs du comte Lobau, en prolongeant
son feu sur tout notre flanc droit. Il était convenable, avant de
rien entreprendre ailleurs, d'attendre l'issue qu'aurait cette attaque.
A cet effet, tous les moyens de la réserve étaient prêts à se porter
au secours du comte Lobau et à écraser le corps prussien, lorsqu'il
se serait avancé. |
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Cela
fait, l'Empereur avait le projet de mener
une attaque par le village de Mont-Saint-Jean, dont
on espérait un succès décisif ; mais par un mouvement d'impatience
si fréquent dans nos annales militaires, et qui nous a été souvent
si funeste, la cavalerie de réserve s'étant aperçue d'un mouvement
rétrograde que faisaient les Anglais pour se mettre à l'abri de nos
batteries, dont ils avaient déjà tant souffert, couronna les hauteurs
du mont Saint-Jean et chargea l'infanterie. Ce mouvement, fait à temps
et soutenu par les réserves, devait décider de la journée, fait isolément
et avant que les affaires de la droite ne fussent terminées, devint
funeste. |
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"mener une attaque par le village" n'est pas très
clair mais doit vouloir dire "à travers le village"
ou "à partir du village", et certainement pas en
direction de. C'est "le village" dont s'est emparé
la brigade de la 1re division, c'est-à-dire la Haie-Sainte
et ses alentours. |
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N'y
ayant aucun moyen de contremander, l'ennemi montrant beaucoup de masses
d'infanterie et de cavalerie, et les deux divisions de cuirassiers
étant engagées, toute notre cavalerie courut au même moment pour soutenir
ses camarades. Là, pendant trois heures, se firent de nombreuses charges
qui nous valurent l'enfoncement de plusieurs carrés et six drapeaux
de l'infanterie anglaise, avantage hors de proportion avec les pertes
qu'éprouvait notre cavalerie par la mitraille et les fusillades. Il
était impossible de disposer de nos réserves d'infanterie jusqu'à
ce qu'on eût repoussé l'attaque de flanc du corps prussien. Cette
attaque se prolongeait toujours et perpendiculairement sur notre flanc
droit. L'Empereur y envoya le général Duhesmes avec la jeune garde
et plusieurs batteries de réserve. L'ennemi fut contenu, fut repoussé
et recula ; il avait épuisé ses forces et l'on n'en avait plus rien
à craindre. C'est ce moment, qui était celui indiqué pour une attaque
sur le centre de l'ennemi.
Comme les cuirassiers souffraient par la mitraille, on envoya quatre
bataillons de la moyenne garde pour protéger les cuirassiers, soutenir
la position et si cela était possible, dégager et faire reculer dans
la plaine une partie de notre cavalerie. |
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On envoya deux autres bataillons pour se tenir en potence sur l'extrême
gauche de la division, qui avait manœuvré sur nos flancs, afin de
n'avoir de ce coté aucune inquiétude, le reste fut disposé en réserve,
partie pour occuper la potence en
arrière de Mont-Saint-Jean, partie sur le plateau
en arrière du champ de bataille qui formait notre position de retraite.
Dans cet état de chose la bataille était gagnée, nous occupions
toutes les positions que l'ennemi occupait au commencement de l'action,
notre cavalerie ayant été trop tôt et mal employée, nous ne pouvions
plus espérer de succès décisifs. Mais le maréchal Grouchy ayant
appris le mouvement du corps prussien, marchait sur le derrière
de ce corps, ce qui nous assurait un succès éclatant pour la journée
du lendemain. Après huit heures de feux et de charge d'infanterie
et de cavalerie toute l'armée voyait avec satisfaction la bataille
gagnée et le champ de bataille en notre pouvoir.
Sur les huit heures et demie, les quatre bataillons de la moyenne
garde qui avaient été envoyés sur
le plateau au-delà de Mont-St-Jean pour soutenir
les cuirassiers, étant gênés par sa mitraille, marchèrent à la baïonnette
pour enlever ses batteries. Le jour finissait, une charge faite
sur leur flanc par plusieurs escadrons anglais les mirent en désordre,
les fuyards repassèrent le ravin, les régiments voisins qui virent
quelques troupes appartenant à la garde à la débandade, crurent
que c'était de la vieille garde et s'ébranlèrent : les cris tout
est perdu, la garde est repoussée, se firent entendre, les soldats
prétendent même que sur plusieurs points des malveillants apostés
ont crié sauve qui peut. Quoiqu'il
en soit, une terreur panique se répandit tout à-la fois sur tout
le champ de bataille, on se précipita dans le plus grand désordre
sur la ligne de communication, les soldats, les canonniers, les
caissons se pressaient pour y arriver ; la vieille Garde qui était
en réserve en fut assaillie, et fut elle-même entraînée.
Dans un instant, l'armée ne fut plus qu'une masse confuse,
toutes les armes étaient mêlées, et il était impossible de reformer
un corps. L'ennemi qui s'aperçut de cette étonnante confusion, fit
déboucher des colonnes de cavalerie ; le désordre augmenta, la confusion
de la nuit empêcha de rallier les troupes et de leur montrer leur
erreur.
Ainsi une bataille terminée, une journée finie, de fausses
mesures réparées, de plus grands succès assurés pour le lendemain,
tout fut perdu par un moment de terreur panique. Les escadrons même
de service, rangés à côté de l'Empereur, furent culbutés et désorganisés
par ces flots tumultueux, et il n'y eut plus d'autre chose à faire
que de suivre le torrent. Les parcs de réserve, les bagages qui
n'avaient point repassé la Sambre, et tout ce qui était sur le champ
de bataille sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il n'y a eu même
aucun moyen d'attendre les troupes de notre droite ; on sait ce
que c'est que la plus brave armée du monde, lorsqu'elle est mêlée
et que son organisation n'existe plus.
(...) |
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mener une attaque par le village de Mont-Saint-Jean |
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Dans sa traduction du plan de Craan, publiée en 1817,
le capitaine Gore, du 30th Rgt, écrit en note :
This
battle has obtained three different names from the following causes
:—It is called the battle of Waterloo, by the Duke of Wellington,
(...)— Of Mont St. Jean, by Napoleon; through error, from his having
mistaken the farm of La Haie Sainte for that of Mont St. Jean (...).
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