|
Une
taille moyenne, mais bien prise, une complexion maigre, des cheveux
blonds, le front haut, large et superbement orné, de grands yeux
bleus, un nez aquilin, des lèvres pâles, un menton rond, un teint
frais et coloré, sont les principaux traits qui distinguent, au
physique, l'archiduc Charles d'Autriche. Le son de sa voix est clair
et mélodieux, sa mine agréable et d'une attachante bonté. Son extérieur
est noble et simple, majestueux et sans faste ; il ne se distingue
ni par l'étalage de sa suite, ni par le nombre de ses valets. Il
pousse la retenue et la simplicité de sa table jusqu'à la frugalité
; mais il porte toujours le charme d'une conversation aimable par
sa douceur, et piquante par sa gaieté. Son plan de vie est d'une
régularité invariable ; toujours levé de très grand matin, il consacre
les prémices de sa journée au Dieu qui lui forma une si belle âme
; le reste de son temps, jusqu'au dîner, est employé, est employé
aux affaires qu'il est dans l'usage de résumer avant de les quitter.
Après son repas, il prend deux heures de récréation, qu'il passe
à lire ou à jouer du piano-forte, aux exercices du cheval ou de
la promenade, à visiter ses amis, ou au spectacle. Il fuit les plaisirs
bruyants. Son âme sensible et cultivée, qui se complaît dans les
jouissances du coeur, n'a jamais sacrifié aux plaisirs grossiers
d'une sensualité passagère. Comme général, l'archiduc est assez
connu par ses exploits. Les batailles de Theiningen, Schlingen,
Ostrach et Stokach, rendront son nom immortel comme leur souvenir,
et cette esquisse suffit, sans doute, pour l'histoire à laquelle
il appartient, au portrait d'un prince béni de l'Allemagne, révéré
de l'Europe, estimé de l'ennemi, et auquel la postérité la plus
reculée, plus juste encore peut-être que la génération présente,
accordera le tribut d'admiration que ses contemporains n'ont pu
lui refuser.
(Le
Publiciste, 5 floréal an VIII.)
|
|
|
|