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Déclaration
"Les puissances
européennes se sont réunies à Vienne pour consolider les bases fixées
par la paix de Paris. Ce travail était aussi compliqué que difficile.
Il s'agissait de rétablir ce qu'avaient détruit vingt années de
désordres, de reconstruire l'édifice politique au milieu des décombres,
de relever des états écroulés, de ramener les autres à de justes
limites, de disposer d'un grand nombre de pays vacants par la chute
même du pouvoir qui les a engloutis. Il s'agissait aussi d'empêcher,
par une sage répartition de forces entre les principaux Etats, la
prépondérance d'un seul, et, avec elle le retour de ces dangers
qui, récemment encore, ont instruit et effrayé le monde.
Ce grand ouvrage
est terminé. De grands obstacles ont été aplanis, des questions
délicates résolues, des prétentions contradictoires conciliées.
Si le congrès n'a
pas rempli toutes les espérances, comblé tous les vœux, consolidé
toutes les infortunes qui pèsent sur les peuples et les individus
; si enfin il n'a pu atteindre cette perfection idéale dans l'ordre
social, qu'on a si souvent et si vainement poursuivie, du moins
il a rempli les divers devoirs qui lui étaient imposés. En réglant
tous ces intérêts dont le choc pouvait replonger l'Europe dans de
nouvelles convulsions, il a satisfait tous les partis, adouci des
sacrifices inévitables par des avantages évidents, et, sourd à toute
autre voix qu'à celle d' l'humanité souffrante et fatiguée, il a
sacrifié au besoin d'une paix permanente l'éclat passager qu'une
conduite moins conciliante aurait répandu sur ses travaux.
Les souverains,
en se séparant, attentifs à l'époque nouvelle qui s'ouvre pour les
peuples, reconnaissent que le premier de leurs devoirs est de maintenir
cette paix qui fut achetée par tant d'efforts généreux et de sacrifices
pénibles, par le dévouement héroïque des peuples et la gloire des
soldats. Ils sentent le besoin de se dévouer de nouveau à ces occupations
salutaires dont les derniers orages ne les ont que trop souvent
distraits, de ranimer les arts, de perfectionner les lois et d'assurer
le bonheur des nations. Ils sont plus que jamais convaincus que
la sûreté et la force des Etats ne peuvent être garanties que par
la sagesse des gouvernements et l'amour de leurs peuples ; que les
conventions les plus positives, les traités les plus solennels,
les combinaisons les plus profondes de l'art diplomatique ne sont
que d'inutiles auxiliaires, si la justice et la modération ne président
pas dans les cabinets ; et que la meilleure garantie de la tranquillité
générale repose dans la volonté de chaque puissance de respecter
les droits de ses voisins, ainsi que dans leur décision f
fermement prononcée de faire cause commune contre tous ceux qui,
en méconnaissant ce principe, tenteraient de franchir les frontières
que le système politique vient de leur assigner.
En se séparant,
les souverains, déjà unis par leurs malheurs passés et par le sentiment
de leurs intérêts actuels, ont conclu une alliance simple et sacrée,
celle de subordonner toute considération à l'inviolable maintien
de la paix, et d'étouffer dans sa naissance tout projet tendant
à la détruire par tous les moyens que la Providence a placés dans
leurs mains.
Puissent les nations
de l'Europe se reposer avec confiance sur cette union solennelle
! Puisse de nouveau reparaître au milieu d'elles l'espoir et la
sécurité, et, avec eux, les travaux de la paix et les progrès des
arts ! Puissent de sombres alarmes ne pas rappeler au souvenir ces
infortunes cruelles dont les souverains sont jaloux d'éloigner pour
jamais le retour ! Puissent la religion, le respects pour les autorités
légitimes, la soumission aux lois, l'horreur enfin de tout ce qui
pourrait troubler l'ordre et le repos public, devenir les nouveaux
liens de la socité ! Puissent d'utiles relations rapprocher tous
les peuples, et faire disparaître chez eux toute autre jalousie
que celle des vertus ! Hommage enfin à ce grand et éternel principe,
qu'il n'y a pour les peuples et les individus de bonheur que dans
le bien-être de tous !"
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