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Déclaration finale du Congrès de Vienne, mars 1815

     

  L'Oracle, 24 mars 1815 :    
 

Déclaration

"Les puissances européennes se sont réunies à Vienne pour consolider les bases fixées par la paix de Paris. Ce travail était aussi compliqué que difficile. Il s'agissait de rétablir ce qu'avaient détruit vingt années de désordres, de reconstruire l'édifice politique au milieu des décombres, de relever des états écroulés, de ramener les autres à de justes limites, de disposer d'un grand nombre de pays vacants par la chute même du pouvoir qui les a engloutis. Il s'agissait aussi d'empêcher, par une sage répartition de forces entre les principaux Etats, la prépondérance d'un seul, et, avec elle le retour de ces dangers qui, récemment encore, ont instruit et effrayé le monde.

Ce grand ouvrage est terminé. De grands obstacles ont été aplanis, des questions délicates résolues, des prétentions contradictoires conciliées.

Si le congrès n'a pas rempli toutes les espérances, comblé tous les vœux, consolidé toutes les infortunes qui pèsent sur les peuples et les individus ; si enfin il n'a pu atteindre cette perfection idéale dans l'ordre social, qu'on a si souvent et si vainement poursuivie, du moins il a rempli les divers devoirs qui lui étaient imposés. En réglant tous ces intérêts dont le choc pouvait replonger l'Europe dans de nouvelles convulsions, il a satisfait tous les partis, adouci des sacrifices inévitables par des avantages évidents, et, sourd à toute autre voix qu'à celle d' l'humanité souffrante et fatiguée, il a sacrifié au besoin d'une paix permanente l'éclat passager qu'une conduite moins conciliante aurait répandu sur ses travaux.

Les souverains, en se séparant, attentifs à l'époque nouvelle qui s'ouvre pour les peuples, reconnaissent que le premier de leurs devoirs est de maintenir cette paix qui fut achetée par tant d'efforts généreux et de sacrifices pénibles, par le dévouement héroïque des peuples et la gloire des soldats. Ils sentent le besoin de se dévouer de nouveau à ces occupations salutaires dont les derniers orages ne les ont que trop souvent distraits, de ranimer les arts, de perfectionner les lois et d'assurer le bonheur des nations. Ils sont plus que jamais convaincus que la sûreté et la force des Etats ne peuvent être garanties que par la sagesse des gouvernements et l'amour de leurs peuples ; que les conventions les plus positives, les traités les plus solennels, les combinaisons les plus profondes de l'art diplomatique ne sont que d'inutiles auxiliaires, si la justice et la modération ne président pas dans les cabinets ; et que la meilleure garantie de la tranquillité générale repose dans la volonté de chaque puissance de respecter les droits de ses voisins, ainsi que dans leur décision f          fermement prononcée de faire cause commune contre tous ceux qui, en méconnaissant ce principe, tenteraient de franchir les frontières que le système politique vient de leur assigner.

En se séparant, les souverains, déjà unis par leurs malheurs passés et par le sentiment de leurs intérêts actuels, ont conclu une alliance simple et sacrée, celle de subordonner toute considération à l'inviolable maintien de la paix, et d'étouffer dans sa naissance tout projet tendant à la détruire par tous les moyens que la Providence a placés dans leurs mains.

Puissent les nations de l'Europe se reposer avec confiance sur cette union solennelle ! Puisse de nouveau reparaître au milieu d'elles l'espoir et la sécurité, et, avec eux, les travaux de la paix et les progrès des arts ! Puissent de sombres alarmes ne pas rappeler au souvenir ces infortunes cruelles dont les souverains sont jaloux d'éloigner pour jamais le retour ! Puissent la religion, le respects pour les autorités légitimes, la soumission aux lois, l'horreur enfin de tout ce qui pourrait troubler l'ordre et le repos public, devenir les nouveaux liens de la socité ! Puissent d'utiles relations rapprocher tous les peuples, et faire disparaître chez eux toute autre jalousie que celle des vertus ! Hommage enfin à ce grand et éternel principe, qu'il n'y a pour les peuples et les individus de bonheur que dans le bien-être de tous !"

     

 

 

 

 

 

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