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Gloubokoé,
le 22 juillet 1812.
Le corps du
prince Bagration est composé de quatre divisions d'infanterie,
fortes de vingt-deux à vingt-quatre mille hommes; des cosaques
de Platow, formant six mille chevaux, et de quatre à cinq
mille hommes de cavalerie. Deux divisions de son corps ( la neuvième
et la onzième ) voulaient le rejoindre par Pinsk ; elles
ont été interceptées et obligées de
rentrer en Volhynie.
Le 14, le général Latour-Maubourg, qui suivait l'arrière-garde
de Bagration, était à Romanow. Le 16, le prince Poniatowski
y avait son quartier-général.
Dans l'affaire du 10, qui a eu lieu a Romanow, le général
Rozniecki, commandant la cavalerie légère du quatrième
corps de cavalerie, a perdu six cents hommes tués ou blessés,
ou faits prisonniers. On n'a à regretter aucun officier supérieur.
Le général Rozniecki assure que l'on a reconnu sur
le champ de bataille, les corps du général de division
russe comte Pahlen, des colonels russes Adrianow et Jesowayski.
Le prince de Schwartzemberg avait, le 13, son quartier-général
à Prazana. Il avait fait occuper, le 11 et le 12, la position
importante de Pinsk, par un détachement, qui a pris quelques
hommes et des magasins assez considérables. Douze houlans
autrichiens ont chargé quarante-six cosaques, les ont poursuivis
pandant plusieurs lieues, et en ont pris six. Le prince de Schwartzemberg
marche sur Minsk.
Le général Reynier est revenu, le 19, à Slonim,
pour garantir le duché de Varsovie d'une incursion, et observer
les deux divisions ennemies rentrées en Volhynie.
Le 12, le général baron Pajol, étant a Jghoumen,
a envoyé le capitaine Vaudois, avec cinquante chevaux, à
Khaloui. Ce détachement a pris là un parc de deux
cents voitures du corps de Bagration, a fait prisonniers six officiers,
deux canonniers, trois cents hommes du train , et a pris huit cents
beaux chevaux d'artillerie. Le capitaine Vaudois, se trouvant éloigné
de quinze lieues de l'armée, n'a pas jugé pouvoir
amener ce convoi, et l'a brûlé; il a amené les
chevaux harnachés et les hommes.
Le prince d'Eckmùhl était le 15 à Jghoumen;
le général Pajol était à Jachitsié,
ayant des postes sur Swisloch : ce qu'apprenant,Bagration a renononcé
a se porter sur Bobruisk, et s'est jeté quinze lieues plus
bas du côté de Mozier.
Le 17, le prince d'Eckmûhl était a Golognino.
Le 15, le général Grouchy était a Borisow.
Un parti qu'il a envoyé sur Star-Lepel, y a pris des magasins
considérables, et deux compagnies de mineurs de huit officiers
et de deux cents hommes.
Le 18 , ce général était à Kokanow.
Le même jour, a deux heures du matin, le général
baron Colbert est entré a Orcha, où il s'est emparé
d'immenses magasins de farine, d'avoine, d'effets d'habillement.
Il a passé de suite le Borysthène, et s'est mis à
la poursuite d'un convoi d'artillerie.
Smolensk est en alarme. Tout s'évacue sur Moscou. Un officier
envoyé par l'empereur pour faire évacuer les magasins
d'Orcha, a été fort étonné de trouver
la place au pouvoir des Français ; cet officier a été
pris avec ses dépêches.
Pendant que Bagration était vivement poursuivi dans sa retraite,
prévenu dans ses projets , séparé et éloigné
de la grande armée, la grande armée, commandée
par l'empereur Alexandre, se retirait sur la Dwina. Le 14, le général
Sebastiani, suivant l'arrière-garde ennemie, culbuta cinq
cents cosaques et arriva a Drouïa.
Le 13, le duc de Reggio se porta sur Dunabourg, brûla d'assez
belles baraques que l'ennemi avait fait construire, fit lever le
plan des ouvrages, brûla des magasins et fit cent cinquante
prisonniers. Après cette diversion sur la droite, il marcha
sur Drouïa.
Le 15, l'ennemi qui était réuni dans son camp retranché
de Drissa , au nombre de cent à cent vingt mille hommes,
instruit que notre cavalerie légère se gardait mal,
fit jeter un pont, fit passer cinq mille hommes d'infanterie et
cinq mille hommes de cavalerie, attaqua le général
Sébastiani à l'improviste, le repoussa d'une lieue,
et lui fit éprouver une perte d'une centaine d'hommes, tués,
blessés, et prisonniers , parmi lesquels se trouvent un capitaine
et un sous-lieutenant du onzième de chasseurs. Le général
de brigade baron Saint-Geniès, blessé mortellement,
est resté au pouvoir de l'ennemi.
Le 16, le maréchal duc de Trévise, avec une partie
de la garde a pied et de la garde a cheval, et la cavalerie légère
bavaroise, arriva a Gloubokoé. Le vice-roi arriva a Dockchitsié
le 17.
Lé 18, l'empereur porta son quartier-général
à Gloubokoé.
Le 20, les maréchaux ducs d'Istrie et de Trévise étaient
à Ouchatsch; le vice-roi à Kamen; le roi de Naples
à Disna.
Le 18, l'armée russe évacua son camp retranché
de Drissa, consistant en une douzaine de redoutes palissadées,
réunies par un chemin couvert et de trois mille toises de
développement dans l'enfoncement de la rivière. Ces
ouvrages ont coûté une année de travail; nous
les avons rasés.
Les immenses magasins qu'ils renfermaient ont été
brûlés ou jetés dans l'eau.
Le 19, l'empereur Alexandre était à Witepsk.
Le même jour, le général comte Nansouty était
vis-a-vis Polotsk.
Le 20, le roi de Naples passa la Dwina, et fit inonder la rive droite
par sa cavalerie.
Tous les préparatifs que l'ennemi avait faits pour défendre
le passage de la Dwina, ont été inutiles. Les magasins
qu'il formait à grands frais depuis trois ans, ont été
détruits. Il est tels de ses ouvrages qui, au dire des gens
du pays, ont coûté dans une année six mille
hommes aux Russes. On ne sait sur quel espoir ils s'étaient
flattés qu'on irait les attaquer dans des camps qu'ils avaient
retranchés.
Le général comte Grouchy a des reconnaissances sur
Babinovitch et sur Sienno. De tous côtés on marche
sur la Oula. Cette rivière est réunie par un canal
à la Bérésina, qui se jette dans le Borysthène;
ainsi, nous sommes maîtres de la communication de la Baltique
à la mer Noire.
Dans ses mouvemens, l'ennemi est obligé de détruire
ses bagages, de jeter dans les rivières son artillerie ,
ses armes. Tout ce qui est Polonais profite de ces retraites précipitées
pour déserter et rester dans les bois jusqu'à l'arrivée
des Francais. On peut évaluer à vingt mille les déserteurs
polonais qu'a eus l'armée russe.
Le maréchal duc de Bellune, avec le neuvième corps,
arrive sur la Vistule.
Le maréchal duc de Castiglione se rend à Berlin, pour
prendre le commandement du onzième corps.
Le pays entre l'Oula et la Dwina est très-beau et couvert
de superbes récoltes. On trouve souvent de beaux châteaux
et de grands couvents. Dans le seul bourg de Gloubokoé, il
y a deux couvents qui peuvent contenir chacun douze cents malades. |
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