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La
Serbie formait un royaume indépendant depuis le XIIIe siècle.
Mais à partir de 1371, les Turcs entreprennent la conquête
de ce pays et de la Bulgarie. Les Serbes subissent une lourde défaite
le 27 juin 1371 à Kossovo (Kosovo Polié, champ des
Merles), et une grande partie du pays tombe sous le joug ottoman.
Mais les Serbes opposent une farouche résistance, et il faut
attendre 1459 pour que tout le pays soit conquis, à l’exception
toutefois de Belgrade, qui ne sera prise qu’en 1521.
Pendant trois siècles la Serbie n’est qu’une province de
l’empire ottoman, mais cette sujétion ne parvient à
effacer ni le souvenir de la grandeur passée du royaume de
Serbie, ni ses traditions religieuses.
Par le traité de Passarowitz (1719),
les Turcs cèdent à l’Autriche le nord de la Serbie,
région que les Autrichiens doivent restituer en 1739
par le traité de Belgrade.
Après leur défaite dans la guerre contre l’Autriche
et la Russie, les Turcs doivent concéder aux Serbes la liberté
de commerce et la liberté religieuse.
A la fin de 1801, des janissaires
rebelles assassinent le pacha de Belgrade et s’emparent de l’autorité
(voir Belgrade 1802). Ils exercent une tyrannie très dure
à l’encontre de la population : les droits récemment
consentis sont annulés, les terres sont confisquées,
les taxes augmentées, et le travail forcé est introduit.
Redoutant une insurrection, les janissaires commencent en février
1804 à mettre à mort tous les Serbes qui leur paraissent
susceptibles de diriger une révolte. Ce "massacre des
princes" sera le signal de l’insurrection.
Les insurgés, qui ont mis à leur tête le haïdouk
(brigand) Tchernigeorges Petrovitch, connu sous le nom de Karageorges
ou Karadorde (Georges le noir), massacrent des garnisons de janissaires,
et mettent le siège devant Belgrade.
En 1805, les insurgés remportent une première victoire
sur les troupes du sultan à Ivankovac, et l’année
suivante ils détruisent à Misar une armée ottomane
venue de Bosnie ; en 1807, ils s’emparent de Belgrade.
Par le traité
de Bucarest (1812), les Russes et les Autrichiens forcent le sultan
à accorder une certaine autonomie aux Serbes.
En 1813, n’ayant rien à redouter des Russes occupés
dans leur lutte contre Napoléon, les Ottomans envahissent
la Serbie de trois côtés à la fois avec des
forces écrasantes. Karageorges, paralysé par des luttes
internes et par la désunion de son armée, s’enfuit
à Semlin sans avoir pu tenter une seule bataille pour la
conservation des conquêtes faites depuis 1814.
Les Turcs, redevenus maîtres du pays, se vengent cruellement
de leurs défaites passées.
Un des lieutenants de Karageorges, Miloch Obrenovitch, qui avait
fait sa soumission à la Porte en 1813 et qui s’était
même vu confier l’administration du district de Roudnik, lève
une nouvelle fois l’étendard de la révolte en 1815.
Après avoir battu à plusieurs reprises les troupes
du sultan, il négocie et amène la Porte à signer
un traité de paix qui assure à la Serbie une certaine
autonomie, sous la suzeraineté du Sultan.
En 1817, il aurait fait assassiner Karageorges, et se fera proclamer
prince suprême héréditaire de Serbie. |
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