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Rogniat

     
 

     
 

Le général Rogniat commandait à Waterloo le génie de l'armée. A ce titre, il est un témoin particulièrement qualifié.

En 1816, il fit paraître un ouvrage intitulé : "Considérations sur l'art de la guerre", dans lequel il ne ménage pas Napoléon. Celui-ci, qui reçut l'ouvrage à Sainte-Hélène, n'apprécia pas du tout d'être mis en cause. Aussi dicta-t-il des notes, non seulement pour réfuter ce que le livre de Rogniat présentait de discutable, mais aussi pour ridiculiser l'auteur.

Voici le début du témoignage de Rogniat sur Waterloo, témoignage d'autant plus précieux qu'il est un des premiers témoignages publiés (après le Bulletin et le discours de Drouot) émanant d'un membre de l'état-major général, et rédigé avant la parution de l'ouvrage de Gourgaud dicté par Napoléon, qui allait définitivement brouiller l'histoire de la campagne.

 
 
 

 

Rogniat, Considérations sur l'art de la guerre :

   
 

(...)
Mais si nous voulions la faire charger (la cavalerie de ligne) dès le commencement de la bataille, sur de l'infanterie intacte et aguerrie, elle serait infailliblement ramenée sur le reste de l'armée, où elle communiquerait son désordre . Je sais qu'on pourrait opposer à ces raisonnements l'exemple récent de deux généraux illustres qui engagèrent leur cavalerie presque dès le début de la bataille de Waterloo. Voici comment : la droite des Français, composée de quatre divisions d'infanterie, chacune formée en colonne serrée par division, s'avançait pour attaquer la gauche et le centre de la ligne anglaise, lorsque le général anglais lança sur ces colonnes en marche une brigade de cavalerie de sa gauche. Cette charge eut du succès contre toute probabilité. Une de nos colonnes, effrayée au seul aspect de cette cavalerie, s'enfuit, et se dispersa en abandonnant une batterie de trente pièces d'artillerie qu'elle était chargée de soutenir ; mais la cavalerie anglaise, en se retirant après sa charge, fut prise en flanc et à dos par les autres divisions d'infanterie et par quelques escadrons français ; elle souffrit beaucoup, et ces deux régiments furent presque détruits.
La cavalerie française s’engagea immédiatement après, et nous chargeâmes avec environ douze mille chevaux sur le centre de la ligne anglaise, au moment où notre infanterie de droite attaquait le village du Mont-Saint-Jean. Cette charge eut d’abord quelques succès ; nous rompîmes plusieurs bataillons, nous prîmes du canon, et une partie de la ligne anglaise perdit du terrain et fut obligée de reculer pour aller se rallier vers sa seconde ligne, qui se forma aussitôt en trois gros quarrés, qui arrêtèrent notre charge. Nos succès se bornèrent là, et notre cavalerie fit en vain des prodiges de valeur pour enfoncer les quarrés de la seconde ligne anglaise : ils restèrent entiers. Cependant on s’obstina à garder jusqu’au soir la position qu’on avait enlevée, et nos cavaliers se firent presque tous tuer sous une grêle épouvantable de projectiles plutôt que de l’abandonner.
Je remarquerai que ces charges de cavalerie faites dès le début d’une bataille, quoique justifiées en partie par le succès, ne peuvent point être proposées comme des exemples à suivre. La charge de la brigade anglaise sur nos colonnes d’attaque, avant qu’elles ne fussent battues en brèche et démolies à coups de canon, ne réussit en partie que par l’inexpérience de nos fantassins, qui, nouvellement réunis sous leurs drapeaux, n’avaient pas encore acquis l’ensemble et l’esprit de corps, qui font la force de l’infanterie. Au reste, la manœuvre du général anglais, justifiée par le succès, ne compromettait qu’une faible partie de sa cavalerie.
Lorsque la cavalerie française s’engagea sur les lignes anglaises avant qu’elles ne fussent ébranlées par le feu du canon et des petites armes, Napoléon, trop éloigné du champ de bataille pour bien voir, parut surpris, et douta un moment que ces masses de cavalerie qu’il voyait au milieu des Anglais lui appartinssent ; et lorsqu’il en eut la certitude, il sembla mécontent de cette charge prématurée.
Cependant, comme son caractère inflexible ne savait jamais céder à propos à l'empire des circonstances, il aima mieux faire détruire assez inutilement sa cavalerie sous le feu des Anglais que de la faire replier. Cette charge déplacée se fit sans doute à son insu ; mais pourquoi se tenait-il hors de portée de bien voir ? pourquoi ne surveillait-il pas son champ de bataille pour donner et faire exécuter ses ordres ? Tout général en chef n'est-il pas responsable des fautes qui se commettent sur un champ de bataille qui n'a qu'une demi-lieue d'étendue ? et le sien n'était guère plus grand.

(...)

     

 

 

 

L'ouvrage du général Rogniat est disponible sur Google Books : Considérations sur l'art de la guerre

     
 

     

 

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