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Tunquin
(le), Tunquinum, Royaume d’Asie dans les Indes, sous la
zone torride, par le royaume de Cochinchine, O. borné N.E.
par le royaume de Laos. On lui donne 500 lieues de long sur 200
de large. C’est un des plus beaux et des plus considérables
royaumes de l’Orient, pour le nombre de ses habitants, les richesses
qu’il renferme, et l’abondance de toutes les choses nécessaires
à la vie. Les étrangers y avaient des établissements
pour leur commerce ; aujourd'hui les Chinois sont seuls admis dans
l’intérieur du royaume ; quelques vaisseaux hollandais ou
anglais y vont cependant chaque année ; mais ils s’arrêtent
au premier port. La partie du royaume qui avoisine la mer, consiste
en des plaines très vastes, fort aquatiques, qui sont favorables
à la culture du riz, mais malsaines pour les hommes, à
cause de la chaleur humide de l’atmosphère. La partie du
royaume frontalière de la Chine est montagneuse, plus saine,
moins fertile, et par conséquent moins peuplée. Quoique
la religion chrétienne soit proscrite dans ce royaume, il
y a cependant un assez grand nombre de chrétiens et de missionnaires.
Les Tunquinois sont assez bien proportionnés dans leur taille
; ils sont d’un bon tempérament, ont l’esprit bon et la mémoire
heureuse. Ils aiment le métier de la guerre ; ils sont fort
affables envers les étrangers, et fort amateurs de curiosités.
Ils ne boivent et ne mangent jamais qu’ils ne le fassent avec excès,
regardant l’ivrognerie et l’intempérance comme des galanteries.
Ils sont idolâtres et fort superstitieux. Rien n’est plus
singulier que leur manière d’enterrer les morts. Les dépenses
des funérailles sont étonnantes. En général,
on ne ferme le cercueil que sept jours après le trépas
du défunt ; on veut voir pendant tout ce temps, si l’âme
ne reviendra pas dans son ancienne demeure. Après l’enterrement,
on fait des festins et des fêtes extraordinaires, plus oui
moins grandes, selon les richesses des parents du défunt.
Les obsèques des rois se font avec toute la magnificence
imaginable. Le principe de toutes ces dépenses est la piété
filiale, qui est un des principaux préceptes de la morale
de Confucius, qu’ils suivent comme à la Chine, dont le Tonquin
a fait partie. Encore aujourd'hui, chaque année le roi de
Tunquin envoie à celui de la Chine quelques livres d’or,
et reçoit son sceau à son avènement au trône,
en signe d’approbation, ce qui ne nuit nullement à la souveraineté
du roi de Tunquin. La plus solennelle des fêtes des Tunquinois
est la nouvelle année ; après minuit, tout
le monde est obligé d’ouvrir sa porte, par respect pour les
morts, qu’ils croient venir leur rendre visite au renouvellement
de l’année. Tous les crimes, excepté le vol, sont
punis du dernier supplice dans le Tunquin : quand on mène
quelque coupable au lieu où il doit être mis à
mort, il troue là un grand repas préparé ;
et sans s’épouvanter du supplice qui l’attend, il mange avec
appétit des mets qui lui sont servis, après quoi on
le fait mourir. Le genre de mort le moins diffamant est d’être
pendu. Checo est la capitale du Tunquin. Le P. Marigny, Relation
du Royaume de Tunquin.
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Cochinchine
Laos
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