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Pontonniers

     
 

     
 

Deux compagnies de "bateliers du Rhin" sont formées en 1792 à Strasbourg, qui sont le noyau d'un bataillon de "matelots du Rhin", créé en 1793.

Par la loi du 18 floréal an III (7 mai 1795)  (loi sur l'arme de l'artillerie),le bataillon devient "corps de pontonniers". Il fait partie de l'artillerie, et est destiné à la construction et à l'entretien des ponts sur le Rhin. Il est composé d'un état-major et de huit compagnies, formant un total de 597 hommes.
En l'an III, un second bataillon est organisé pour le service de l'armée de Sambre-et-Meuse. 

En 1796, des compagnies provisoires, composées de bateliers lombards, sont formées à l'armée d'Italie par le général Debelle.
La loi du 23 fructidor an VII (9 septembre 1799), relative au personnel de la guerre, fixait le nombre des bataillons de pontonniers à deux. Chaque bataillon totalisait 599 hommes, et était composée de 8 compagnies. Les pontonniers formaient ainsi un corps de 1.198 hommes.
D’après le tableau de l’emplacement des troupes qui composent les armées de la République française, à l’époque du 1er vendémiaire an 7 (22 septembre 1798), publié dans le Journal militaire du 10 vendémiaire an 7, les deux bataillons de pontonniers sont à Mayence.

 

(Cliquez sur l'image
pour la voir en grand.)

 
 

En l'an IX (27 décembre 1800), un 3e bataillon est formé par le général Marmont au moyen des compagnies provisoires de l'armée d'Italie et de compagnies venues en Italie lors de la dissolution de l'armée de Sambre-et-Meuse.
Ce bataillon est supprimé à Milan le 10 octobre 1801, et est incorporé dans le 2e bataillon, qui venait d'être attaché définitivement à l'armée d'Italie.
Le premier bataillon est alors destiné aux opérations sur le Rhin, l'autre au service des armées au-delà des Alpes.

Le 13 juillet 1808, les 2e et 5e compagnies du 2e bataillon passent au 1er bataillon. Celui-ci est ainsi porté à 10 compagnies, et le 2e est réduit à 6. Quatre compagnies du 1er vont en Espagne et au Portugal ; une compagnie du 2e va en Espagne. Le 16 mars 1809, les bataillons sont réorganisés (le 1er à 10 compagnies et le second à 6), et un dépôt est formé, commandé par un capitaine en second qui est en même temps chargé de l'habillement.
Le 10 octobre 1810, le 1er bataillon s'accroît de la compagnie de pontonniers du royaume de Hollande, et passe ainsi à 11 compagnies.
En 1812, le 1er bataillon fournit à la Grande Armée, destinée à se porter en Russie, sept compagnies, alors que le 2e bataillon marcha tout entier avec l'armée du vice-roi d'Italie, Eugène de Beauharnais.
A Orcha (19 novembre 1812), Napoléon, afin de donner les chevaux des pontonniers à l'attelage des pièces d'artillerie, fit brûler les voitures et 60 bateaux, munis de tous leurs agrès, malgré l'opposition du général Eblé qui insista, en vain, pour conserver au moins 15 bateaux. Eblé, au moyen des faibles ressources qu'il était parvenu à sauver (six caissons renfermant des outils, deux forges de campagne et deux voitures chargées de charbon), à la tête de 7 compagnies de pontonniers (2e, 7e, 9e du 1er bataillon, et 2e, 3e, 4e, et 5e du 2e bataillon) réussit à construire deux ponts sur la Bérézina.
Le dévouement des pontonniers au passage de la Bérézina est connu : "Animés et soutenus par la présence du général Eblé, les pontonniers ont montré une persévérance et un dévouement sans bornes d la pénible réparation des ponts ; sur plus de 100 qui se sont mis à l'eau, soit pour construire, soit pour réparer les ponts, on n'en a conservé qu'un très petit nombre. (...) De tous ces martyrs du devoir, un seul nom est resté dans l'histoire, celui du général Eblé, mort un mois après ; mais ce nom couvre de gloire ceux de 400 héros inconnus, survivants de 2.000, qui égalaient par le cœur leur vénérable chef. (Historique du corps des pontonniers)
Le 1er bataillon, qui se distingua au passage de la Bérézina, disparut totalement après ce tragique événement.
Un décret daté de Mayence le 18 avril 1813, supprima les sept compagnies du 1er bataillon qui n'existaient plus que de nom, et forma six nouvelles compagnies au moyen d'hommes venus du dépôt de Strasbourg et de marins du 17e équipage de flottille. Par le même décret, un 3e bataillon, fort de 6 compagnies, est créé.
Mais toutes ces compagnies furent faites prisonnières au cours de la campagne d'Allemagne, et elles durent être réformées au mois d'octobre au moyen de leurs débris et de matelots et ouvriers de la flotte appelés de tous les ports militaires.
Le 18 novembre 1813, le 1er bataillon est porté à 14 compagnies.
Le 1er décembre 1813, le 2e bataillon est porté à 8 compagnies.
En avril 1814 est formé une compagnie d'ouvriers pontonniers de la Garde impériale.
L'ordonnance du 12 mai 1814 forme, des débris des 3 bataillons, un bataillon de pontonniers de 8 compagnies.
En mai 1815, le bataillon est porté à 10 compagnies.
Les compagnies 1 à 5, et la 8e, firent partie de l'armée du Nord. Un équipage de pont de 207 voitures fait partie du grand parc d'artillerie. Les compagnies de l'armée du Nord se retirèrent à Limoges et à Bourges. Ces compagnies furent licenciées à Limoges le 9 novembre 1815 par le général Charbonnel.
Un nouveau bataillon de pontonniers, créé par l'ordonnance royale du 31 août1815, est formé à Orléans à partir des 6e et 7e compagnies.

Les pontonniers mettaient en œuvre les moyens de faire passer les rivières aux armées : ponts de bateaux, ponts volants ou ponts de chevalets improvisés avec les matériaux trouvés sur place.
Les ponts de bateaux étaient formés soit avec les batelets ou les barques que fournissait le pays, soit avec les pontons (bateaux à fond plat et à l'extrémité équarrie) que l'armée traînait à sa suite. Les ponts volants étaient des "bacs" dirigés en travers d'une rivière le long d'un câble reliant les deux rives.
Les pontons à la suite des armées étaient d'un usage très ancien, mais il s'agissait généralement de barques de modèles divers.
En 1622, les Français capturèrent à la bataille de Fleurus un équipage de pontons hollandais de fer-blanc. C'est à partir de cet exemple que le colonel Martinet, du régiment du roi infanterie, imagina des pontons en cuivre, qui furent utilisés dans la guerre de 1672. Ces pontons furent conservés jusqu'à l'arrêté du 12 floréal an 11, qui les remplaça par les bateaux dits "d'avant-garde".
D'après Bardin, l'armée française faisait usage dans les campagnes de 1812 et de 1813 des équipages de ponts saxons, composés de pontons de cuivre.

La construction des ponts exige le transport d'un matériel important, et c'était la raison pour laquelle les pontonniers étaient restés attachés, dans l'armée française, à l'artillerie plutôt qu'au génie. Dans les armées de la plupart des autres puissances (Angleterre, Autriche, Prusse, Pays-Bas) les pontonniers faisaient partie du génie. En France aussi, le corps du génie réclamait le service des pontonniers, considérant qu'il rentrait dans ses attributions.
"En France, ils dépendent de l'artillerie, quoique les deux genres de manœuvres n'aient rien de commun ; mais les larges moyens de transport dont l'artillerie dispose, et les précautions prises pour la sûreté de ses parcs, la mettent à même de se faire suivre plus facilement des pontons, de leur matériel, de leurs agrès." (Bardin, Dictionnaire, 4469)

 

 

 
     
  Uniforme. Rattaché à l'artillerie, le corps des pontonniers en porte l'uniforme, qui nous est connu par les petits soldats de Strasbourg, ville dans laquelle le corps fut formé à l'origine. La coupe en est plus proche de l'artillerie à cheval que de l'artillerie à pied, avec les parements et les revers en pointe. Le chapeau, à la Henri IV, s'orne d'une ancre en cuivre et de la cocarde tricolore. Un exemplaire en est conservé au Musée de l'Armée à Paris.      

 

 

 

     
 

     

 

 

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