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FIACRES, voitures publiques à 4 roues
et à 4 places, organisées à Paris, en 1661, par le duc de Roanez
et les marquis de Souches et de Crénant, pour aller d'un quartier de
la ville à l'autre, et faire des promenades à la campagne. C'était
une grande nouveauté, car elle commença à démocratiser les
équipages. Le nom de Fiacre vint de l'image de St Fiacre mise sur la
maison où se trouvait l'entreprise de ces voitures ; le
numérotage des maisons étant alors inconnu, toute boutique avait
son enseigne. Le berceau des fiacres fut rue St-Martin, vis-à-vis
celle de Montmorency. Suivant une autre tradition, le nom viendrait
d'un frère Fiacre, carme déchaussé, aux prières duquel la reine
Anne d'Autriche dut la cessation de sa stérilité. Cette croyance
populaire fit multiplier en petites gravures les portraits du cher
carme, et les cochers les collaient sur les portières des carrosses
de place comme un préservatif contre les accidents.
Le prix de la course des premiers
fiacres fut de cinq sous par heure et par personne ; mais on
n'allait pas vite, et les voitures, avec quelque apparence
extérieure, étaient de vieux carrosses, sales à l'intérieur et
mal entretenus. L'entreprise avait environ une cinquantaine de
chevaux, ce qui laisse supposer 20 voitures tout au plus. Malgré
l'imperfection de ce service, le public y prit goût ; d'autres
établissements semblables se formèrent dans d'autres quartiers de
Paris, et, vers le milieu du XVIIIe siècle, il y avait environ 1.800
fiacres. Les règlements et les privilèges gênaient leur
exploitation ou la grevaient lourdement : le prix de la course
dans Paris était de 24 sols, ou 30 sols la 1re heure et 25 sols les
suivantes ; d'une autre part, chaque fiacre payait l’impôt
considérable de 20 sols par jour, et il lui fallait une permission
particulière pour aller à Versailles et sur les routes où il
existait des services de voitures publiques. Dans ce temps les
carrosses de fiacres étaient tout aussi mauvais qu'auparavant :
les soupentes, et même les roues, cassaient souvent ; les
chevaux étaient de pauvres rosses, et les cochers des espèces de
goujats malpropres et mal habillés. Le régime des fiacres, pendant
la Révolution et le 1er Empire français, resta à peu près le même
qu'auparavant, sauf moins d'entraves à leur industrie, car la
Révolution les affranchit de tout impôt. Avant 1789, ils
dépendaient du lieutenant général de police ; depuis
l'institution de la Préfecture de police, en 1800, ils relèvent de
cette magistrature. Le Préfet fixe le nombre des fiacres nécessaires
pour le service de Paris, et donne autant de numéros qu'il autorise
de voitures. Ce numéro doit être inscrit sur chaque voiture mise en
circulation. Jusqu'en 1855, le service des fiacres continua d'être
fait par divers entrepreneurs particuliers, qui payaient à la ville
de Paris un droit de stationnement de 50 centimes environ par jour et
par voiture ou numéro, et un droit de circulation proportionnel au
nombre des places de la voiture à l'administration des contributions
indirectes. Les cochers étaient des espèces de sous-traitants, qui
s'engageaient à rendre le soir, à leurs patrons, une somme que
ceux-ci fixaient chaque jour, suivant le temps qu'il avait fait et
les occasions que la journée avait pu fournir. C'était,
habituellement, une appréciation équitable de ce que la voiture
avait pu faire de courses, de manière qu'il restât au cocher un
juste salaire pour sa journée. Dès 1808, il y eut deux catégories
de voitures de place, les carrosses, c.-à-d. les fiacres à 4 roues,
4 places, et le cocher au dehors, et les cabriolets à 2 roues et 3
places, dont le cocher occupait une à droite du ou des voyageurs. La
course des premiers était de 1 fr. 50 c., celle des seconds de 1
fr., et 10 centimes, facultatifs de pourboire à l'un et à l'autre.
En 1830, la course des carrosses resta tarifée à 1 fr. 50 c. ;
mais alors on fit des cabriolets à 4 roues, 2 places, et le cocher
en dehors ; la course en fut portée à 1 fr. 25 c.,
indépendamment de 10 centimes de pourboire.
Il y eut trois catégories de voitures
en 1841 : les fiacres à deux chevaux, course, 1 fr. 50 c.; les
fiacres-coupés, à un cheval ou deux petits chevaux, avec 2 places,
3 au besoin, au moyen d'un strapontin pliant sur le devant, et le
cocher en dehors : course, 1 fr. 25 c.; les cabriolets à 4
roues, course, 1 fr., et partout les 10 centimes de pourboire.Ces
nouvelles voitures furent bien établies, les cochers proprement
vêtus, d'une manière uniforme, redingote bleue, gilet de drap
rouge, chapeau noir verni. Il y eut des inspecteurs de place pour
surveiller les cochers et tenir note de leurs courses.
En 1855, la plupart des entreprises
particulières se fondirent en une seule, sous le titre de Compagnie
impériale. Le service fut amélioré, les tarifs modifiés ;
enfin le matériel, chevaux et voitures, par leur aspect, leur
propreté, furent dignes d'une ville comme Paris. Ce service compte
aujourd'hui (1860) 983 voitures à 2 places, 1.063 à 4 places,
roulant tous les jours ; plus 378 voitures à 2 et à 4 places,
et 100 à 5 places, faisant un service supplémentaire les dimanches
et les jours de fête.
En service, les cochers doivent porter
l'uniforme ci-dessus décrit. Il y a 80 places de stationnement
disséminées sur un grand nombre de points de Paris et aux abords de
toutes les gares de chemins de fer, qui, aux heures d'arrivée des
trains, sont presque toujours garnies de fiacres.
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