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Paris en 1800

     

  Notes extraites de l'Almanach Parisien, ou Guide de l'étranger à Paris, contenant une indication des choses les plus curieuses et les plus intéressantes, qui méritent de fixer l'attention d'un étranger. A Paris, chez Barba, libraire, palais du Tribunat, galerie derrière le théâtre de la République, n° 51. an IX    
 

Étranger, si vous êtes curieux de savoir ce que fut Paris à diverses époques, si vous êtes jaloux de lire des détails instructifs depuis sa fondation jusqu'à nos jour, lisez les Essais sur Paris, par Sainte-Foi, le Voyageur à Paris, l'ouvrage de Dulaure et le Tableau de Paris, par Mercier. Vous ne devez point vous attendre à trouver dans ce livret ni descriptions ni commentaires. Nous ne l'avons point grossi par la nomenclature des savants et des artistes, nous aurions craint d'omettre involontairement les noms de quelques hommes célèbres. Nous vous parlons des choses, vous entendrez assez parler des individus. Si nous citons quelques acteurs, si à l'article des spectacles nous nous sommes permis quelques réflexions, c'est que cela ne tire point autant à conséquence. Nous convenons que cet ouvrage est bien loin de ce qu’il pourrait être rédigé par des mains plus habiles ; mais tel qu'il est, nous pensons qu'il peut être de quelque utilité.

 

Premières autorités de la république.

 Le premier consul a fixé sa résidence au palais des Tuileries. Le consul Lebrun y demeure également. Le consul Cambacérès est logé au ci-devant hôtel de Marbeuf, place du Carouzel.
 Le 5 de chaque décade, le premier consul, à l'heure de la parade, passe en revue, dans la cour des Tuileries, les différents corps stationnés à Paris.
La belle tenue des troupes, la magnificence des officiers supérieurs, la superbe musique que l'on entend, l'appareil militaire déployé avec pompe et majesté, font de ces parades un spectacle très imposant et toujours très suivi.

 Ministres. voir Ministres

 Conseillers d'Etat

Section des finances
-
Les citoyens Defermont, Devaisnes, Dubois (des Vosges),

Section de législation civile et criminelle.
-
Les citoyens Boulai (de la Meurthe), Berlier, Moreau-Saint-Méri, Emmeri, Réal ;

Section de la guerre
- Les citoyens Brune, Dejean, Lacuée, Petiet, Bernadotte, Marmont

Section de la Marine
Les citoyens Gantheaume, Champagny, Cafarelli du Falga, Fleurieu, L'Escallier (chargé spécialement des colonies), Redon, Barbé-Marbois, Najac.

Section de l'intérieur
- Les citoyens Roederer, Bénézech, Cretet, Chaptal, Regnaud de Saint-Jean-d'Angeli, Fourcroi, Joseph B

Secrétaire général : Locré

 Le sénat conservateur tient ses séances au palais du Luxembourg. Elles ne sont jamais publiques.
Le corps législatif occupe l'ancien palais du conseil des cinq-cents.
- Le Tribunat occupe le Palais-Egalité, que l'on nomme Palais du Tribunat.

Tous les tribunaux sont réunis au palais de Justice.

- Le préfet de police occupe l'ancien hôtel de la Mairie ; c'est là que les étrangers doivent se présenter pour faire visiter leurs passeports.
Le préfet de police, d'après un arrêté des consuls, délivre les cartes de sûreté et les passeports, que délivraient auparavant les municipalités.

Municipalités.

Il y a douze municipalités dans Paris. Chaque municipalité contient quatre divisions.
Le chef-lieu de la première est maison Latour, place Beauveau, n° 62, division du Roule. Cette municipalité est composée des divisions des Tuileries, des Champs-Elysées, du Roule et de la place Vendôme.
Le chef-lieu de la seconde est rue d'Antin, n° 926, division Lepelletier. Les trois autres divisions, dont elle est composée, sont celles de la Butte-des-Moulins, du Mont-Blanc et du faubourg Montmartre.
Le chef-lieu de la troisième est aux ci-devant Petits-Pères, division du Mail. Les trois autres divisions, dont elle est composée, sont celles Poissonnière, Brutus et du Contrat-Social.
Le chef-lieu de la quatrième est rue Coquillière, division de la Halle-au-Bled. Les trois autres divisions sont celles des Gardes-Françaises, du Muséum et des Marchés.
Le chef-lieu de la cinquième est ci-devant Presbytère Laurent, faubourg Martin. Ses quatre divisions sont celles de Bon-Conseil, Bonne-Nouvelle, faubourg du Nord et Bondi.
Le chef-lieu de la sixième est à la ci-devant Abbaye Martin. Ses quatre divisions sont celles du Temple, des Amis de la Patrie, des Gravilliers et des Lombards.
Le chef-lieu de la septième est rue Avoye, n° 160.. Ses quatre divisions sont celles e la Réunion, des Arcis, de l'Homme-Armé et des Droits-de-l'Homme.
Le chef-lieu de la huitième est place du Parc, maison ci-devant Villedeuil, n° 289. Ses quatre divisions sont celles du des Quinze-Vingts, Montreuil, Popincourt et de l'Indivisiblité.
Le chef-lieu de la neuvième est au ci-devant Presbytère Jean-en-Grève.. Ses quatre divisions sont celles de la Fraternité, de la Cité, de la Fidélité et de l'Arsenal.
Le chef-lieu de la dixième est rue de l'Université, n° 347. Ses quatre divisions sont celles des Invalides, de la Fontaine-de-Grenelle, de l'Unité et de l'Ouest.
Le chef-lieu de la onzième est rue Mignon, André-des-Arcs. Ses divisions sont celles du Pont-Neuf, du Théâtre-Français, du Luxembourg et des Thermes.
Le chef-lieu de la douzième est place du Panthéon. Ses quatre divisions sont celles du Panthéon, du Jardin-des-Plantes, de l'Observatoire et du Finistère.

 Emplette nécessaire.
Celui qui arrive pour la première fois à Paris, et à qui ses moyens ne permettent pas d'avoir une voiture à ses ordres, doit se procurer une carte de Paris, qu'il consultera chaque fois qu'il aura de courses à faire ; ce qui lui évitera le désagrément de faire bien des pas inutiles et d'être quelquefois la dupe des fausses indications qu'on pourrait lui donner sans malveillance : les Parisiens sont en général très complaisants sur cet article. Rien de plus ordinaire que de voir une jolie marchande quitter son comptoir pour indiquer la route qu'on lui demande. Il n'en est pas de même à Londres, où les grossiers habitants de cette ville enfumée, se font un malin plaisir de fourvoyer à dessein les pauvres étrangers.

La Bourse.
Elle est maintenant aux Petits-Pères. C'est là que se fait la négociation de tous les effets publics. On ne peut y entrer qu'avec une patente. Elle ouvre  à deux heures. 

Fripiers.
Les marchands de vieux habits se réunissaient autrefois rue de la Ferronnerie ; ils obstruaient le passage : après les avoir délogés de là et du gazon du Louvre, où l'on n'aimait point à les voir, on les a relégués pour toujours dans l'emplacement qu'occupaient les jacobins. Rien n'égale l'activité du commerce de ces fripiers subalternes. Une vieille culotte dans l'espace d'un quart d'heure est vendue et revendue dix fois de suite ; lorsque l'on considère tant de guenilles réunies, on croit voir vendre la défroque des anciens propriétaires de ce local, de ces fameux jacobins sans-culottes, qui nous gouvernaient avec tant de douceur.

Halles.
Halle aux blés, farines et grains, rue de Viarme, quartier Honoré. Cette halle, par sa belle construction, mérite, comme monument public, de fixer l'attention d'un étranger.
Halle aux cuirs, rue Mauconseil. Elle est sur l'emplacement du célèbre hôtel de Bourgogne.
Halle aux draps, aux toiles, à la marée, aux fruits, aux herbages, aux choux, rue de la Ferronnerie.
Halle aux poissons d'eau douce, rue de la Cossonnerie.
Halle aux vins, sur le quai des fossés Bernard.

Marchands de comestibles, restaurateurs, pâtissiers.

Arts, métiers, Manufactures, Marchandises, Remèdes.
Défiez-vous de ces annonces où l'on vous promet des marchandises au-dessous du cours. C'est un charlatanisme dont ceux qui vivent à Paris ne sont plus les dupes.
Un charlatanisme plus dangereux est celui de ces prétendus guérisseurs qui font distribuer au Pont-Neuf et dans tous les lieux où il passe beaucoup de monde, des affiches qui indiquent leur demeure et où ils font un merveilleux étalage de l'excellence de leurs remèdes. Un temps viendra sans doute, où l'on sévira contre ces empoisonneurs publics. Cependant le mal va en croissant, chaque jour voit éclore un empirique nouveau ; et la crédulité, l'espoir trompeur de recouvrer la santé, ce bien si précieux, leur conduisent chaque jour de nouvelles victimes.

Bains publics.
Le C. Albert, quai d'Orsay, au coin de la rue de Belle-Chasse, en face des Tuileries, a bien mérité de l'humanité par son salutaire établissement. A l'imitation de Orientaux, il nous a donné des bains de vapeurs qui soulagent une foule de maux, qui résistent à tous les efforts de la médecine. On y prend les bains médicamentaux, les douches ascendantes et descendantes. Il est fâcheux que les frais qu'ils occasionnent ne permettent qu'à la classe aisée d'en faire usage ; mais tel est partout le sort des pauvres et des indigents : ils sont nés pour souffrir.
Les nouveaux bains de Poitevin au bas du pont national, sont les plus vastes et les plus beaux que l'on eût encore vus sur la rivière. On y a ménagé une terrasse, couverte d'arbustes encaissés, qui offre une promenade agréable, avant et après le bain. Le prix des bains sur la Seine est de 1 fr. 20 cent.
On trouve également des bains dans différents quartiers de Paris. Ceux du Waux-Hall-d'Eté, boulevart du Temple, sont fort agréables ; ils sont du même prix.

Promenades publiques.
Les boulevarts offrent une promenade agréable tout autour de Paris. Ils s ont très bien entretenus. Les élégantes depuis quelque années ont donné la vogue à celui des Italiens.
La belle heure d'y aller est depuis midi, jusqu'à quatre heures.
Le boulevart du Temple est moins couru qu'autrefois. Les parades y attirent vers le soir, les artisans, les enfants et les rentiers du Marais.
Ceux qui aiment la solitude vont aux boulevarts Neufs.
Les Champs-Elysées, dans les beaux jours, offrent un spectacle charmant par la foule des jolies femmes qui viennent pour voir et pour être vues.
Les Tuileries sont depuis quelque temps le jardin à la mode. Les allées qui sont au-dessous de la terrasse des Feuillants sont devenues un rendez-vous général. La foule y est qqf si grande que l'on ne peut ni s'y promener et encore moins s'y procurer une chaise. L'espace ne manque point cependant, mais la mode, ce tyran impitoyable, veut que l'on s’amoncelle dans les deux allées les plus étroites, pendant que le reste du jardin est abandonné aux enfants, à leurs bonnes, aux vieillards, et à ceux qui se promènent pour le plaisir de se promener.
(…).
Le jardin du Palais-Egalité, depuis que le cirque n'existe plus, et qu'il est remplacé par un joli gazon, commence à être fréquenté le soir. Quand les arbres seront assez grands pour donner de l'ombrage, ce jardin sera ce qu'il était autrefois, le rendez-vous général de tous les étrangers. Sa situation au centre des plaisirs et des  affaires, ces boutiques élégantes, qui offrent sans cesse les productions des arts, du luxe et du commerce, flattent l'œil du curieux et provoquent le désir d'acheter ; les cafés, les libraires, les jeux, les spectacles, ces longues galeries couvertes qui présentent un abri contre les orages soudains de l'été, et la seule promenade qui existe dans les jours nébuleux de l'hiver, tout concourt à lui assurer, dans la suite, la prééminence pour l'agrément et les commodités qu'il renferme.

Voitures de place.
Elles sont plus élégantes qu'elles ne l'étaient autrefois ; on en trouve dans tous les quartiers de Paris. Le prix de la course est fixé à 1 fr. 50 c. ; à l'heure, 2 fr. la première, et 1 fr. 50 c. les suivante. Les cochers ont conservé l'habitude d'être insolents, surtout avec les femmes, ou les hommes qui ont un air pacifique. Celui qui croit avoir un sujet de se plaindre d'eux, doit les traduire devant le commissaire de police le plus voisin, qui les punit toujours lorsqu'ils ont tort. La simple menace qu'on leur en fait, suffit toujours pour les rendre plus dociles.

Cabriolets.
Ils se sont multipliés d'une manière effrayante ; comme rien ne les distingue à présent des cabriolets des particuliers, les jeunes gens les préfèrent aux fiacres.
Louis XV disait, "si j'étais lieutenant de police, je défendrais les cabriolets." Depuis la révolution on a essayé tantôt de les interdire, tantôt d'en restreindre le nombre ; mais tant de gens ont jeté les hauts cris, qu'il a fallu laisser subsister cet abus, très agréable pour les gens aisés et les hommes d'affaires. tout ce qu'on a pu obtenir, c'est que les chevaux porteraient un grelot, qui avertirait les piétons de se garer ; mais le grelot ne préserve pas l'ignorant conducteur des accidents qui lui sont personnels. Ces voitures dont la voie est trop étroite et la caisse trop élevée, versent très facilement, et la chute qui vous précipite sur le pavé est toujours dangereuse. Ces voitures ont pour ennemis tous les cochers, les boueurs, les rouliers qui ne se rangent pas pour leur livrer passage, et qui se plaisent à les accrocher. Conduire un cabriolet dans les rues de Paris est bien plus un travail qu'un plaisir. Étranger, si vous aimez vos aises, préférez le fiacre, et les accidents imprévus ne seront point à votre charge.

Cafés.
On trouve des cafés partout ;mais ils ne sont pas tous également fréquentés. On va citer quelques-uns de ceux qui ont la vogue.
Le café du Caveau est renommé pour les glaces à la française ; la rotonde qui est saillante dans le jardin est toujours remplie de jolies femmes et d'amateurs de ce genre de friandises.
Le café Italien, galeries du Palais-Egalité, est renommé pour l'excellence du café qu'on y prend, celui de Foi pour ses liqueurs.
Le café, dit des Aveugles, près le théâtre de la République, offre une bonne musique, exécutée par des Aveugles.
Le café des Mille-Colonnes, présente un local superbe. La bière y est fort bonne.
En général on est fort bien servi dans tous les cafés du centre de Paris.
Ceux qui veulent faire un déjeuner solide, avec du jambon, des viandes froides, de la pâtisserie, vont au café des Colonnes, rue de la Loi. Beaucoup d'artistes s'y réunissent le soir pour y boire de la bière, qui ordinairement y et excellente.
Le bon ton est d'aller prendre des glaces chez Frascati, rue de la Loi, près le bd, et au pavillon d'Hanovre. Les appartements y sont du luxe le plus recherché. On y entend de jolis concerts, et l'on jouit dans l'été du plaisir de la promenade, dans deux jardins décorés avec goût où des glaces disposées avec art, reflètent la lueur tremblante des lampions, grandissent l'espace et procurent  à nos beautés le plaisir de s'admirer elles-mêmes.

Le Panorama, au jardin des ci-devant Capucines, boulevart d'Antin.
Ce sont deux tableaux circulaires qui tapissent deux rotondes bâties exprès. Elles sont éclairées par le haut. Les spectateurs sont placés sur deux galeries rondes, qui occupent le centre de l'édifice, et qui sont à quelque distance des tableaux. Dans une de ces rotondes, on voit Paris, et dans l'autre Toulon. Prix : 1 franc 50 centimes.
 

Bal de l'Opéra.
Longtemps fermé, il a rouvert l'hiver dernier. Il a été suivi avec fureur. Cette bruyante cohue peut amuser ceux qui sont au courant des anecdotes du jour, qui, sous le masque, devinent le personnage important, ou la coquette célèbre qui n'être pas reconnue. On dit et l'on entend qqf des vérités piquantes ; mais l'étranger qui ne connaît personne, qui n'est au fait de rien, ne voit que des masques qui se heurtent, se pressent et se foulent en tous sens. Il se sauve bien vite et ne conçoit pas quel genre de plaisir on peut goûter dans un pareil rassemblement.

Établissement commode.
Un particulier a trouvé le moyen de faire sa fortune en établissant des cabinets d'aisance dans le palais du Tribunat, derrière le théâtre de la République. Il st des moments dans la journée où un étranger peut lui savoir gré d'avoir eu cette idée.

Décrotteurs.
Tous les arts tendent à la perfection : les artistes-décroteurs ont loué des boutiques dans le palais du Tribunat, où l'on vous place commodément sur une estrade, et où l'on vous procure la lecture d'un journal par-dessus le marché. Ces décrotteurs, à qui l'on doit de la reconnaissance, ne font pas payer plus cher que les décrotteurs en plein vent.

Spectacles
Les spectacles à Paris sont d'un intérêt si général, qu'avant d'indiquer les principaux, on nous permettra de faire à leur sujet une digression plus importante qu'elle ne peut le paraître au premier aperçu.
Paris, il y a environ soixante ans, ne possédait que trois théâtre, et souvent ils avaient bien de la peine à se soutenir. Le goût des spectacles s'étant insensiblement répandu, les ministres permirent successivement d'en ouvrir six autres, que l'on nommait petits spectacles (1 : Les grands théâtre étaient l'Opéra, les Français, les Italiens ; les petits, Audinot, Nicolet, les Variétés, les Petits comédiens de Beaujolais, les Associés et les Délassements comiques. Ces deux derniers n'obtenaient que des permissions annuelles, qui étaient toujours prorogées), et qui étaient sans cesse arrêtés, par les grands, dans l'essor qu'ils voulaient prendre. La comédie française avait seule le droit de jouer de grands ouvrages ; elle exerçait encore celui de censure sur les pièces destinées aux petits théâtre ; et elle l'exerçait qqf d'une manière despotique. Les auteurs, toujours en querelle avec les comédiens qui leur faisaient la loi, sollicitaient, mais en vain, l'ouverture d'un second théâtre français. La révolution arriva, et on leur accorda plus qu'ils n'eussent dû obtenir. La liberté illimitée des théâtre fut décrétée. Ce qui sembla d'abord un bienfait, ne tarda pas à amener la décadence d'un art qui tient de très près aux mœurs et à la morale publique Une foule de théâtres nouveaux fut ouverte, et comme le nombre des spectateurs n'augmentait pas, comme celui des spectacles, l'attrait de la nouveauté disséminant les amateurs, la recette, partagée entre tant de concurrents, cessa d'être assez abondante pur chaque établissement en particulier, et ils furent bientôt tous en faillite. Il est temps de mettre un terme à la rapacité de ces entrepreneurs sans moyens et sans talent, qui ne louent un théâtre qu'avec l'intention formelle de faire des dupes. Ils promettent de gros appointements à de malheureux artistes, avec la certitude de ne point les payer ; ils séduisent des auteurs qui ne recueillent avec eux ni gloire, ni profit ; et ils escroquent des fournisseurs que l'appât du gain et le besoin de vendre rendent continuellement leurs victimes. S'ils font par hasard quelques bonnes recettes, elles disparaissent, sans qu'ils daignent en justifier l'emploi. Que l'entreprise aille bien ou mal, ils en tirent toujours de quoi suffire à leurs besoins ; ils trouvent dans la lenteur des tribunaux le moyen d'échapper à la poursuite de leurs créanciers. Un entrepreneur de ce genre a-t-il disparu, il est bientôt remplacé par un autre ; il promet de payer les dettes de son devancier ; il trouve du crédit, pcq chacun espère recouvrer ce qu'il a perdu, et se berce d'un espoir qu'il est impossible de réaliser.
Un moyen bien simple, cependant, s'offre pour faire cesser ce scandaleux brigandage ; il n'attente pas à la propriété, il ne met point de limites à la liberté des théâtre. Cette liberté consiste en ce que chacun d'eux puisse attirer le public de la manière qu'il l'entend ; mais cette liberté ne peut pas être celle de voler avec impunité.
Permettez, si vous le voulez, à tous les comédiens en société d'ouvrir un spectacle à leurs risques et périls, en cautionnant toutefois les frais que nécessite leur exploitation ; mais exigez impérativement que l'entrepreneur qui veut jouir du même droit, dépose chez un notaire, en espèces métalliques, de quoi faire face, pendant un an, aux engagements qu'il contracte. Personne n'aura droit de se plaindre de cette mesure. Pour la mettre en vigueur, l suffira d'un simple arrêté ; le bien e l'art, la morale, l'intérêt public et particulier le réclament. Si ce n'est pas le seul moyen d'opérer une réduction ardemment désirée, c'en est un au moins qui parerait en partie aux abus dont on ressent les tristes conséquences.

Théâtre des Arts, ci-devant de l'Opéra, rue de la Loi.
Théâtre Français de la République, rue de la Loi
Théâtre de l'Opéra-Comique-National, rue Favart
Théâtre Lyrique de Feydau, et l'Odéon
Théâtre de Vaudeville
Théâtre des Troubadours, rue Louvois
Théâtre de la Cité, place du Palais de Justice.
Théâtre Montansier, palais du Tribunat
Théâtre de l'Ambigu-Comique, boulevard du Temple
Théâtre de la Gaîté, boulevard du Temple

Autres théâtres de Paris. Les autres théâtre de Paris ont une existence si éphémère, si incertaine, qu'on n'a pas cru devoir consacrer un article à chacun d'eux en particulier. Qu'en pourrions-nous dire ? on joue la comédie au Marais ; on y distingue mademoiselle Pothier, qui a du talent dans l'emploi des caractères. On y a joué la comédie des Charlatans littéraires, méchante satire, qui n'eût point été achevée sur un théâtre plus fréquenté. Le théâtre des Jeunes Artistes affiche toujours, et est la proie de tous les entrepreneurs sans ressource. On dit que celui de Molière va rouvrir ; une affiche curieuse nous apprend qu'on va jouer le vaudeville ; mais uniquement le vaudeville au théâtre des Victoires Nationales, et que, pour sauver l'ennui des entres actes, on y donnera cependant des comédies. Est-ce une mauvaise plaisanterie, ou une sottise d'un nouveau genre ? C'est au lecteur à prononcer.

     

 

 

 

     
 

     

 

 

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