|  | Étranger, 
              si vous êtes curieux de savoir ce que fut Paris à diverses époques, 
              si vous êtes jaloux de lire des détails instructifs depuis sa fondation 
              jusqu'à nos jour, lisez les Essais sur Paris, par Sainte-Foi, 
              le Voyageur à Paris, l'ouvrage de Dulaure et le Tableau 
              de Paris, par Mercier. Vous ne devez point vous attendre à trouver 
              dans ce livret ni descriptions ni commentaires. Nous ne l'avons 
              point grossi par la nomenclature des savants et des artistes, nous 
              aurions craint d'omettre involontairement les noms de quelques hommes 
              célèbres. Nous vous parlons des choses, vous entendrez assez parler 
              des individus. Si nous citons quelques acteurs, si à l'article des 
              spectacles nous nous sommes permis quelques réflexions, c'est que 
              cela ne tire point autant à conséquence. Nous convenons que cet 
              ouvrage est bien loin de ce qu’il pourrait être rédigé par des mains 
              plus habiles ; mais tel qu'il est, nous pensons qu'il peut être 
              de quelque utilité.  
                 
              Premières autorités de la république.  
               Le 
              premier consul a fixé sa résidence au palais des Tuileries. Le consul 
              Lebrun y demeure également. Le consul Cambacérès est logé au ci-devant 
              hôtel de Marbeuf, place du Carouzel.Le 5 de chaque décade, le premier consul, à l'heure de la 
              parade, passe en revue, dans la cour des Tuileries, les différents 
              corps stationnés à Paris.
 La belle tenue des troupes, la magnificence des officiers supérieurs, 
              la superbe musique que l'on entend, l'appareil militaire déployé 
              avec pompe et majesté, font de ces parades un spectacle très imposant 
              et toujours très suivi.
  
               Ministres. 
               voir Ministres  
               Conseillers 
              d'Etat  
              Section des finances- Les citoyens  
              Defermont, Devaisnes, Dubois (des 
              Vosges),
  
              Section de législation civile et criminelle.- Les citoyens  
              Boulai (de la Meurthe), Berlier, 
              Moreau-Saint-Méri, Emmeri, Réal ;
 Section 
              de la guerre- Les citoyens Brune, Dejean, Lacuée, Petiet, Bernadotte, 
              Marmont
  
              Section de la MarineLes citoyens Gantheaume, Champagny, Cafarelli du Falga, 
              Fleurieu, L'Escallier (chargé spécialement des colonies), Redon, 
              Barbé-Marbois, Najac.
  
              Section de l'intérieur- Les citoyens Roederer, Bénézech, Cretet, Chaptal, Regnaud 
              de Saint-Jean-d'Angeli, Fourcroi, Joseph B
 Secrétaire 
              général : Locré
  
               Le sénat conservateur tient ses séances au palais du 
              Luxembourg. Elles ne sont jamais publiques.Le corps 
              législatif occupe l'ancien palais du conseil des cinq-cents.
 - Le 
              Tribunat occupe le Palais-Egalité, que l'on nomme Palais 
              du Tribunat.
  
              Tous les tribunaux sont réunis au palais de Justice.  
              - Le préfet de police occupe l'ancien hôtel de la Mairie 
              ; c'est là que les étrangers doivent se présenter pour faire visiter 
              leurs passeports.Le préfet de police, d'après un arrêté des consuls, délivre les 
              cartes de sûreté et les passeports, que délivraient auparavant les 
              municipalités.
  
                Municipalités.  
              Il y a douze municipalités dans Paris. Chaque municipalité contient 
              quatre divisions.Le chef-lieu de la première est maison Latour, place Beauveau, n° 
              62, division du Roule. Cette municipalité est composée des divisions 
              des Tuileries, des Champs-Elysées, du Roule et de la place Vendôme.
 Le chef-lieu de la seconde est rue d'Antin, n° 926, division Lepelletier. 
              Les trois autres divisions, dont elle est composée, sont celles 
              de la Butte-des-Moulins, du Mont-Blanc et du faubourg Montmartre.
 Le chef-lieu de la troisième est aux ci-devant Petits-Pères, division 
              du Mail. Les trois autres divisions, dont elle est composée, sont 
              celles Poissonnière, Brutus et du Contrat-Social.
 Le chef-lieu de la quatrième est rue Coquillière, division de la 
              Halle-au-Bled. Les trois autres divisions sont celles des Gardes-Françaises, 
              du Muséum et des Marchés.
 Le chef-lieu de la cinquième est ci-devant Presbytère Laurent, faubourg 
              Martin. Ses quatre divisions sont celles de Bon-Conseil, Bonne-Nouvelle, 
              faubourg du Nord et Bondi.
 Le chef-lieu de la sixième est à la ci-devant Abbaye Martin. Ses 
              quatre divisions sont celles du Temple, des Amis de la Patrie, des 
              Gravilliers et des Lombards.
 Le chef-lieu de la septième est rue Avoye, n° 160.. Ses quatre divisions 
              sont celles e la Réunion, des Arcis, de l'Homme-Armé et des Droits-de-l'Homme.
 Le chef-lieu de la huitième est place du Parc, maison ci-devant 
              Villedeuil, n° 289. Ses quatre divisions sont celles du des Quinze-Vingts, 
              Montreuil, Popincourt et de l'Indivisiblité.
 Le chef-lieu de la neuvième est au ci-devant Presbytère Jean-en-Grève.. 
              Ses quatre divisions sont celles de la Fraternité, de la Cité, de 
              la Fidélité et de l'Arsenal.
 Le chef-lieu de la dixième est rue de l'Université, n° 347. Ses 
              quatre divisions sont celles des Invalides, de la Fontaine-de-Grenelle, 
              de l'Unité et de l'Ouest.
 Le chef-lieu de la onzième est rue Mignon, André-des-Arcs. Ses divisions 
              sont celles du Pont-Neuf, du Théâtre-Français, du Luxembourg et 
              des Thermes.
 Le chef-lieu de la douzième est place du Panthéon. Ses quatre divisions 
              sont celles du Panthéon, du Jardin-des-Plantes, de l'Observatoire 
              et du Finistère.
  
               Emplette nécessaire.Celui qui arrive pour la première fois à Paris, et à qui ses 
              moyens ne permettent pas d'avoir une voiture à ses ordres, doit 
              se procurer une carte de Paris, qu'il consultera chaque fois qu'il 
              aura de courses à faire ; ce qui lui évitera le désagrément de faire 
              bien des pas inutiles et d'être quelquefois la dupe des fausses 
              indications qu'on pourrait lui donner sans malveillance : les Parisiens 
              sont en général très complaisants sur cet article. Rien de plus 
              ordinaire que de voir une jolie marchande quitter son comptoir pour 
              indiquer la route qu'on lui demande. Il n'en est pas de même à Londres, 
              où les grossiers habitants de cette ville enfumée, se font un malin 
              plaisir de fourvoyer à dessein les pauvres étrangers.
  
              La Bourse. Elle est maintenant aux Petits-Pères. C'est là que se fait la négociation 
              de tous les effets publics. On ne peut y entrer qu'avec une patente. 
              Elle ouvre  à deux heures.
 Fripiers.Les marchands de vieux habits se réunissaient autrefois 
              rue de la Ferronnerie ; ils obstruaient le passage : après les avoir 
              délogés de là et du gazon du Louvre, où l'on n'aimait point à les 
              voir, on les a relégués pour toujours dans l'emplacement qu'occupaient 
              les jacobins. Rien n'égale l'activité du commerce de ces fripiers 
              subalternes. Une vieille culotte dans l'espace d'un quart d'heure 
              est vendue et revendue dix fois de suite ; lorsque l'on considère 
              tant de guenilles réunies, on croit voir vendre la défroque des 
              anciens propriétaires de ce local, de ces fameux jacobins sans-culottes, 
              qui nous gouvernaient avec tant de douceur.
  
              Halles.Halle aux blés, farines et grains, rue de Viarme, quartier Honoré. 
              Cette halle, par sa belle construction, mérite, comme monument public, 
              de fixer l'attention d'un étranger.
 Halle aux cuirs, rue Mauconseil. Elle est sur l'emplacement du célèbre 
              hôtel de Bourgogne.
 Halle aux draps, aux toiles, à la marée, aux fruits, aux herbages, 
              aux choux, rue de la Ferronnerie.
 Halle aux poissons d'eau douce, rue de la Cossonnerie.
 Halle aux vins, sur le quai des fossés Bernard.
  
              Marchands 
              de comestibles, restaurateurs, pâtissiers.  
              Arts, 
              métiers, Manufactures, Marchandises, Remèdes.Défiez-vous de ces annonces 
              où l'on vous promet des marchandises au-dessous du cours. C'est 
              un charlatanisme dont ceux qui vivent à Paris ne sont plus les dupes.
 Un charlatanisme plus dangereux est celui de ces prétendus guérisseurs 
              qui font distribuer au Pont-Neuf et dans tous les lieux où il passe 
              beaucoup de monde, des affiches qui indiquent leur demeure et où 
              ils font un merveilleux étalage de l'excellence de leurs remèdes. 
              Un temps viendra sans doute, où l'on sévira contre ces empoisonneurs 
              publics. Cependant le mal va en croissant, chaque jour voit éclore 
              un empirique nouveau ; et la crédulité, l'espoir trompeur de recouvrer 
              la santé, ce bien si précieux, leur conduisent chaque jour de nouvelles 
              victimes.
  
              Bains publics.Le C. Albert, quai d'Orsay, au coin de la rue de Belle-Chasse, 
              en face des Tuileries, a bien mérité de l'humanité par son salutaire 
              établissement. A l'imitation de Orientaux, il nous a donné des bains 
              de vapeurs qui soulagent une foule de maux, qui résistent à tous 
              les efforts de la médecine. On y prend les bains médicamentaux, 
              les douches ascendantes et descendantes. Il est fâcheux que les 
              frais qu'ils occasionnent ne permettent qu'à la classe aisée d'en 
              faire usage ; mais tel est partout le sort des pauvres et des indigents 
              : ils sont nés pour souffrir.
 Les nouveaux bains de Poitevin au bas du pont national, sont les 
              plus vastes et les plus beaux que l'on eût encore vus sur la rivière. 
              On y a ménagé une terrasse, couverte d'arbustes encaissés, qui offre 
              une promenade agréable, avant et après le bain. Le prix des bains 
              sur la Seine est de 1 fr. 20 cent.
 On trouve également des bains dans différents quartiers de Paris. 
              Ceux du Waux-Hall-d'Eté, boulevart du Temple, sont fort agréables 
              ; ils sont du même prix.
  Promenades 
              publiques.Les boulevarts offrent une 
              promenade agréable tout autour de Paris. Ils s ont très bien entretenus. 
              Les élégantes depuis quelque années ont donné la vogue à celui des 
              Italiens.
 La belle heure d'y aller est depuis midi, jusqu'à quatre heures.
 Le boulevart du Temple est moins couru qu'autrefois. Les parades 
              y attirent vers le soir, les artisans, les enfants et les rentiers 
              du Marais.
 Ceux qui aiment la solitude vont aux boulevarts Neufs.
 Les Champs-Elysées, dans les beaux jours, offrent un spectacle charmant 
              par la foule des jolies femmes qui viennent pour voir et pour être 
              vues.
 Les Tuileries sont depuis quelque temps le jardin à la mode. Les 
              allées qui sont au-dessous de la terrasse des Feuillants sont devenues 
              un rendez-vous général. La foule y est qqf si grande que l'on ne 
              peut ni s'y promener et encore moins s'y procurer une chaise. L'espace 
              ne manque point cependant, mais la mode, ce tyran impitoyable, veut 
              que l'on s’amoncelle dans les deux allées les plus étroites, pendant 
              que le reste du jardin est abandonné aux enfants, à leurs bonnes, 
              aux vieillards, et à ceux qui se promènent pour le plaisir de se 
              promener.
 (…).
 Le jardin du Palais-Egalité, depuis que le cirque n'existe plus, 
              et qu'il est remplacé par un joli gazon, commence à être fréquenté 
              le soir. Quand les arbres seront assez grands pour donner de l'ombrage, 
              ce jardin sera ce qu'il était autrefois, le rendez-vous général 
              de tous les étrangers. Sa situation au centre des plaisirs et des  
              affaires, ces boutiques élégantes, qui offrent sans cesse les productions 
              des arts, du luxe et du commerce, flattent l'œil du curieux et provoquent 
              le désir d'acheter ; les cafés, les libraires, les jeux, les spectacles, 
              ces longues galeries couvertes qui présentent un abri contre les 
              orages soudains de l'été, et la seule promenade qui existe dans 
              les jours nébuleux de l'hiver, tout concourt à lui assurer, dans 
              la suite, la prééminence pour l'agrément et les commodités qu'il 
              renferme.
  
              Voitures de place. Elles sont plus élégantes qu'elles ne l'étaient autrefois ; on en 
              trouve dans tous les quartiers de Paris. Le prix de la course est 
              fixé à 1 fr. 50 c. ; à l'heure, 2 fr. la première, et 1 fr. 50 c. 
              les suivante. Les cochers ont conservé l'habitude d'être insolents, 
              surtout avec les femmes, ou les hommes qui ont un air pacifique. 
              Celui qui croit avoir un sujet de se plaindre d'eux, doit les traduire 
              devant le commissaire de police le plus voisin, qui les punit toujours 
              lorsqu'ils ont tort. La simple menace qu'on leur en fait, suffit 
              toujours pour les rendre plus dociles.
  
              Cabriolets. Ils se sont multipliés d'une manière effrayante ; comme rien 
              ne les distingue à présent des cabriolets des particuliers, les 
              jeunes gens les préfèrent aux fiacres.
 Louis XV disait, "si j'étais lieutenant de police, je défendrais 
              les cabriolets." Depuis la révolution on a essayé tantôt de 
              les interdire, tantôt d'en restreindre le nombre ; mais tant de 
              gens ont jeté les hauts cris, qu'il a fallu laisser subsister cet 
              abus, très agréable pour les gens aisés et les hommes d'affaires. 
              tout ce qu'on a pu obtenir, c'est que les chevaux porteraient un 
              grelot, qui avertirait les piétons de se garer ; mais le grelot 
              ne préserve pas l'ignorant conducteur des accidents qui lui sont 
              personnels. Ces voitures dont la voie est trop étroite et la caisse 
              trop élevée, versent très facilement, et la chute qui vous précipite 
              sur le pavé est toujours dangereuse. Ces voitures ont pour ennemis 
              tous les cochers, les boueurs, les rouliers qui ne se rangent pas 
              pour leur livrer passage, et qui se plaisent à les accrocher. Conduire 
              un cabriolet dans les rues de Paris est bien plus un travail qu'un 
              plaisir. Étranger, si vous aimez vos aises, préférez le fiacre, 
              et les accidents imprévus ne seront point à votre charge.
  
              Cafés. On trouve des cafés partout ;mais ils ne sont pas tous également 
              fréquentés. On va citer quelques-uns de ceux qui ont la vogue.
 Le café du Caveau est renommé pour les glaces à la française ; la 
              rotonde qui est saillante dans le jardin est toujours remplie de 
              jolies femmes et d'amateurs de ce genre de friandises.
 Le café Italien, galeries du Palais-Egalité, est renommé pour l'excellence 
              du café qu'on y prend, celui de Foi pour ses liqueurs.
 Le café, dit des Aveugles, près le théâtre de la République, offre 
              une bonne musique, exécutée par des Aveugles.
 Le café des Mille-Colonnes, présente un local superbe. La bière 
              y est fort bonne.
 En général on est fort bien servi dans tous les cafés du centre 
              de Paris.
 Ceux qui veulent faire un déjeuner solide, avec du jambon, des viandes 
              froides, de la pâtisserie, vont au café des Colonnes, rue de la 
              Loi. Beaucoup d'artistes s'y réunissent le soir pour y boire de 
              la bière, qui ordinairement y et excellente.
 Le bon ton est d'aller prendre des glaces chez Frascati, rue de 
              la Loi, près le bd, et au pavillon d'Hanovre. Les appartements y 
              sont du luxe le plus recherché. On y entend de jolis concerts, et 
              l'on jouit dans l'été du plaisir de la promenade, dans deux jardins 
              décorés avec goût où des glaces disposées avec art, reflètent la 
              lueur tremblante des lampions, grandissent l'espace et procurent  
              à nos beautés le plaisir de s'admirer elles-mêmes.
  
              Le Panorama, au 
              jardin des ci-devant Capucines, boulevart d'Antin.Ce sont deux tableaux 
              circulaires qui tapissent deux rotondes bâties exprès. Elles sont 
              éclairées par le haut. Les spectateurs sont placés sur deux galeries 
              rondes, qui occupent le centre de l'édifice, et qui sont à quelque 
              distance des tableaux. Dans une de ces rotondes, on voit Paris, 
              et dans l'autre Toulon. Prix : 1 franc 50 centimes.
  
              Bal de l'Opéra. 
              Longtemps fermé, il a 
              rouvert l'hiver dernier. Il a été suivi avec fureur. Cette bruyante 
              cohue peut amuser ceux qui sont au courant des anecdotes du jour, 
              qui, sous le masque, devinent le personnage important, ou la coquette 
              célèbre qui n'être pas reconnue. On dit et l'on entend qqf des vérités 
              piquantes ; mais l'étranger qui ne connaît personne, qui n'est au 
              fait de rien, ne voit que des masques qui se heurtent, se pressent 
              et se foulent en tous sens. Il se sauve bien vite et ne conçoit 
              pas quel genre de plaisir on peut goûter dans un pareil rassemblement.
  
              Établissement 
              commode.Un particulier a trouvé 
              le moyen de faire sa fortune en établissant des cabinets d'aisance 
              dans le palais du Tribunat, derrière le théâtre de la République. 
              Il st des moments dans la journée où un étranger peut lui savoir 
              gré d'avoir eu cette idée.
  Décrotteurs.Tous les arts tendent 
              à la perfection : les artistes-décroteurs ont loué des boutiques 
              dans le palais du Tribunat, où l'on vous place commodément sur une 
              estrade, et où l'on vous procure la lecture d'un journal par-dessus 
              le marché. Ces décrotteurs, à qui l'on doit de la reconnaissance, 
              ne font pas payer plus cher que les décrotteurs en plein vent.
  SpectaclesLes spectacles à Paris sont 
              d'un intérêt si général, qu'avant d'indiquer les principaux, on 
              nous permettra de faire à leur sujet une digression plus importante 
              qu'elle ne peut le paraître au premier aperçu.
 Paris, il y a environ soixante ans, ne possédait que trois théâtre, 
              et souvent ils avaient bien de la peine à se soutenir. Le goût des 
              spectacles s'étant insensiblement répandu, les ministres permirent 
              successivement d'en ouvrir six autres, que l'on nommait petits spectacles 
              (1 : Les grands théâtre étaient l'Opéra, les Français, les Italiens 
              ; les petits, Audinot, Nicolet, les Variétés, les Petits comédiens 
              de Beaujolais, les Associés et les Délassements comiques. Ces deux 
              derniers n'obtenaient que des permissions annuelles, qui étaient 
              toujours prorogées), et qui étaient sans cesse arrêtés, par les 
              grands, dans l'essor qu'ils voulaient prendre. La comédie française 
              avait seule le droit de jouer de grands ouvrages ; elle exerçait 
              encore celui de censure sur les pièces destinées aux petits théâtre 
              ; et elle l'exerçait qqf d'une manière despotique. Les auteurs, 
              toujours en querelle avec les comédiens qui leur faisaient la loi, 
              sollicitaient, mais en vain, l'ouverture d'un second théâtre français. 
              La révolution arriva, et on leur accorda plus qu'ils n'eussent dû 
              obtenir. La liberté illimitée des théâtre fut décrétée. Ce qui sembla 
              d'abord un bienfait, ne tarda pas à amener la décadence d'un art 
              qui tient de très près aux mœurs et à la morale publique Une foule 
              de théâtres nouveaux fut ouverte, et comme le nombre des spectateurs 
              n'augmentait pas, comme celui des spectacles, l'attrait de la nouveauté 
              disséminant les amateurs, la recette, partagée entre tant de concurrents, 
              cessa d'être assez abondante pur chaque établissement en particulier, 
              et ils furent bientôt tous en faillite. Il est temps de mettre un 
              terme à la rapacité de ces entrepreneurs sans moyens et sans talent, 
              qui ne louent un théâtre qu'avec l'intention formelle de faire des 
              dupes. Ils promettent de gros appointements à de malheureux artistes, 
              avec la certitude de ne point les payer ; ils séduisent des auteurs 
              qui ne recueillent avec eux ni gloire, ni profit ; et ils escroquent 
              des fournisseurs que l'appât du gain et le besoin de vendre rendent 
              continuellement leurs victimes. S'ils font par hasard quelques bonnes 
              recettes, elles disparaissent, sans qu'ils daignent en justifier 
              l'emploi. Que l'entreprise aille bien ou mal, ils en tirent toujours 
              de quoi suffire à leurs besoins ; ils trouvent dans la lenteur des 
              tribunaux le moyen d'échapper à la poursuite de leurs créanciers. 
              Un entrepreneur de ce genre a-t-il disparu, il est bientôt remplacé 
              par un autre ; il promet de payer les dettes de son devancier ; 
              il trouve du crédit, pcq chacun espère recouvrer ce qu'il a perdu, 
              et se berce d'un espoir qu'il est impossible de réaliser.
 Un moyen bien simple, cependant, s'offre pour faire cesser ce scandaleux 
              brigandage ; il n'attente pas à la propriété, il ne met point de 
              limites à la liberté des théâtre. Cette liberté consiste en ce que 
              chacun d'eux puisse attirer le public de la manière qu'il l'entend 
              ; mais cette liberté ne peut pas être celle de voler avec impunité.
 Permettez, si vous le voulez, à tous les comédiens en société d'ouvrir 
              un spectacle à leurs risques et périls, en cautionnant toutefois 
              les frais que nécessite leur exploitation ; mais exigez impérativement 
              que l'entrepreneur qui veut jouir du même droit, dépose chez un 
              notaire, en espèces métalliques, de quoi faire face, pendant un 
              an, aux engagements qu'il contracte. Personne n'aura droit de se 
              plaindre de cette mesure. Pour la mettre en vigueur, l suffira d'un 
              simple arrêté ; le bien e l'art, la morale, l'intérêt public et 
              particulier le réclament. Si ce n'est pas le seul moyen d'opérer 
              une réduction ardemment désirée, c'en est un au moins qui parerait 
              en partie aux abus dont on ressent les tristes conséquences.
  
              Théâtre des Arts, ci-devant de l'Opéra, rue de la Loi.Théâtre Français de la République, rue de la Loi
 Théâtre de l'Opéra-Comique-National, rue Favart
 Théâtre Lyrique de Feydau, et l'Odéon
 Théâtre de Vaudeville
 Théâtre des Troubadours, rue Louvois
 Théâtre de la Cité, place du Palais de Justice.
 Théâtre Montansier, palais du Tribunat
 Théâtre de l'Ambigu-Comique, boulevard du Temple
 Théâtre 
              de la Gaîté, boulevard du Temple
  
              Autres théâtres de Paris. Les autres théâtre de Paris ont 
              une existence si éphémère, si incertaine, qu'on n'a pas cru devoir 
              consacrer un article à chacun d'eux en particulier. Qu'en pourrions-nous 
              dire ? on joue la comédie au Marais ; on y distingue mademoiselle 
              Pothier, qui a du talent dans l'emploi des caractères. On y a joué 
              la comédie des Charlatans littéraires, méchante satire, qui n'eût 
              point été achevée sur un théâtre plus fréquenté. Le théâtre des 
              Jeunes Artistes affiche toujours, et est la proie de tous les entrepreneurs 
              sans ressource. On dit que celui de Molière va rouvrir ; une affiche 
              curieuse nous apprend qu'on va jouer le vaudeville ; mais uniquement 
              le vaudeville au théâtre des Victoires Nationales, et que, pour 
              sauver l'ennui des entres actes, on y donnera cependant des comédies. 
              Est-ce une mauvaise plaisanterie, ou une sottise d'un nouveau genre 
              ? C'est au lecteur à prononcer. |  |  |  |