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Stevenot

 

 

H. Houssaye, 1815, I, note pages 97-98 :

   
 

Stevenot, d'abord commissaire de section a Paris, fut condamne le 27 septembre 1792, pour spoliation d'effets, à 11 ans de fer avec exposition. Il s'evada deux ans plus tard du bagne de Brest, entra sous le nom de Richard dans l'armée vendéenne où il devint colonel et chevalier de Saint-Louis. Revenu à Paris en 1814, il reprit, on ne sait pourquoi, son nom de Stevenot, et en qualité d'ancien colonel, il sollicita le grade de marechal-de-camp. (Son nom porté sur la liste des propositions ne fut radie qu'au mois de mars, après son arrestation.) En attendant, il s'occupa de recruter dans les cabarets des volontaires pour une légion royale, "destinée, disait-il, a s'opposer aux machinations ourdies par les jacobins et les bonapartistes". Sans peut-être avoir consulte la cour, Dandré fit arrêter Stevenot le 25 février. Des journaux trop pressés annoncèrent cette arrestation dès le 26, ce qui produisit une grande agitation. On se trouva fort embarrassé de ce prévenu, qui prétendait n'avoir agi que d'après les ordres du comte d'Artois, du duc de Berry et de M.d'Escars. On pensait déjà à l'aider à s'échapper quand on découvrit que ce colonel était un forçat évadé. ll était facile de le réintégrer au bagne sans autre forme de procès. En attendant qu'il fût statué sur son sort, on l'ecroua à la Force, puis, Louis XVIII se disposant à laisser Paris à Napoléon, on le mit en liberté le 19 mars. En décembre 1816, il fut question de l'arrêter de nouveau, mais le ministre de la police Decazes écrivit "qu'il serait dangrereux d'envoyer Stevenot devant les tribunaux, car il citerait le nom des princes." On se décida donc à le gracier en 1817. Douze ans plus tard, sur la présentation de plusieurs pièces, entre autres d'une lettre du comte de la Fruglaye, ancien gêneral vendéen, qui affirma que Stevenot n'avait agi en 1814 et 1815, que d'après les ordres des princes, ce personnage fut solennellement réhabilité (arrêt de la cour du 14 juillet 1829) et, peu de jours après, il fut admis à la retraite comme marechal-de-camp. (Dossier de Stevenot. Arch. Guerre. Rapports de police, 4 et 6 mars. Arch. nat. F. 7, 3739.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'Ambigu (de Peltier), n° CCCCXXX, 10 mars 1815.

 
 

Extrait d'une lettre de Paris, du 5 mars 1815.
Un Intrigant, le Colonel Stevenot.
Un prétendu colonel Stevenot avait été arrêté pari; police comme prévenu de recevoir et de provoquer des inscriptions pour la formation d'une garde royale. Il parait que ce Stevenot qui s’intitule colonel, quoiqu’il n'ait aucune commission, aucun brevet de ce grade, est venu d’Angleterre à Paris il y a quelques mois, et que, depuis son arrivée, il n’a cessé d’assiéger le gouvernement de plans et de projets pour la formation de différents corps militaires.
Il en avait entr'autres adressé un directement qui avait pour objet la création d’une légion royale, chargée de la garde de la ville de Paris et de ses environs. Cette proposition, comme toutes celles qui sont faites par des hommes sans mission, est restée sans réponse.
Cela n’a pas empêché le sieur Stevenot d’annoncer comme certaine la formation de ce corps, dont il devait être le commandant, et de faire ou laisser croire qu‘il était chargé de son organisation. En conséquence un grand nombre de demandes lui ont été adressées pour obtenir des emplois dans sa légion. Il avait déjà fait une vingtaine de dupes, lorsque la police a été instruite de cette affaire. Elle a aussitôt fait arrêter le prétendu colonel, et ses papiers ont été saisis.
Alors Stevenot s’est vu obligé de donner sur sa vie des éclaircissements qui ont appris qu’il appartenait à la justice depuis plus longtemps qu’on ne le supposait, et qu'il lui restait à subir encore dix ans de fers au bagne de Brest.
Voici en peu de mots l’histoire du prétendu colonel Stevenot: il était en 1789 facteur de la petite poste de Paris ; s’étant, à cette époque, montré chaud patriote, il fut nommé l’un des commissaires des sections de Paris ; ayant en cette qualité, et à l’aide de la force armée dont il disposait, commis, dans différentes maisons, des vols d‘armes, d’argent et de bijoux, il fut condamné en 1792, par le tribunal du département de la Seine, à douze années de fers, et à être préalablement exposé sur la place de Grève.
Conduit au bagne de Brest en exécution de ce jugement, il parvint à s’en évader au bout de deux ans. Il passa de là en Angleterre, où il a vécu d’intrigues, en prenant, comme à Paris, le faux titre d'émigré et d‘officier de l’armée royale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 

 

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