|
DEWEZ
(Louis-Dieudonné-Joseph), naquit à Namur le 4 janvier
1760. Une chaire de rhétorique, qu'il occupa pendant dix
ans au collège de Nivelles, lui donna les moyens de satisfaire
son goût pour les lettres, mais n'était pas propre
à le tirer de l'obscurité. Quand arriva la révolution
française, Dewez, quoique sans ambition, sortit de son école,
et se tourna vers les fonctions administratives, où il ne
se rendit pas moins utile par sa sévère intégrité
que par son esprit naturellement bon et conciliant. Il fut d'abord
commissaire du Directoire exécutif près le tribunal
correctionnel de Nivelles, puis substitut du commissaire du Directoire
près les tribunaux civils et criminels du département
de Sambre-et-Meuse. Il devint ensuite sous-préfet de Saint-Hubert,
emploi qu'il remplit jusqu'aux événements de 1814,
et dans lequel il mérita l'estime et l'affection publiques.
Lorsque la Belgique fit partie du royaume des Pays-Bas, Dewez consentit
a être attaché au département de Waterstaat,
dirigé par un homme aussi distingué par la noblesse
de son caractère que par ses connaissances étendues,
le duc d'Ursel ; mais sa véritable place était
dans l'instruction publique.
Nommé inspecteur-général des athénées
et collèges, il se livra a ses travaux littéraires
avec une nouvelle ardeur, et rendit de fréquents services
aux personnes qui recouraient à son ministère. Son
désir d'obliger et de ne heurter aucune opinion dégénérait
souvent en faiblesse ; mais, chose remarquable, cet homme facile
à dominer était, quand il ne s'agissait que de lui-même,
d'une extrême indépendance. Plus d'une fois il se trouva
en position de faire une brillante fortune : la carrière
des honneurs s'ouvrit souvent devant lui ; mais il négligea
d'en profiter, et n'accepta que le ruban du Lion-Belgique.
A la révolution de 1830, il conserva son inspection, que
la liberté illimitée de l'enseignement réduisit
presque à rien. Le loisir qu'elle lui laissait, il le consacra
à l'étude, surtout à celle de l'histoire, sa
passion favorite. Son style était, il faut le dire, traînant
et décoloré, sa critique incertaine et peu profonde ;
cependant il est juste de lui tenir compte des difficultés
qu'il avait eues à vaincre, et de considérer qu'au
moment où il commença d'écrire, la Belgique,
condamnée à l'immobilité littéraire,
se croyait a peine le droit de bégayer le français.
D'ailleurs la science historique n'était pas sous l'Empire
ce qu'elle est aujourd'hui, et il est difficile à un âge
avancé de refaire son éducation intellectuelle. Dewez,
toujours le premier à reconnaître ce qui lui manquait,
corrigeait en silence ses premiers écrits, et aurait dû
désarmer la critique, au moins par sa docilité et
sa modestie.
Dès la réorganisation de l'académie de Bruxelles,
en 1816, il se vit appelé à partager ses travaux.
Ses qualités personnelles et son zèle lui valurent
en 1821 le titre de secrétaire perpétuel de cette
compagnie. L'institut des Pays-Bas se l'associa également.
Il fut chargé, en outre, en 1828, du cours d'histoire au
Musée. La perte de ses deux filles lui porta un coup funeste :
d'autres chagrins achevèrent de troubler ses dernières
années ; néanmoins il mourut avec la sérénité
d'un sage, le 28 oct. 1834, à la suite d'une douloureuse
maladie.
Voici la liste de ses ouvrages :
I. Histoire générale de la Belgique, Bruxelles,
1805-1807 ; 2e édition, 1826-1828, 7 vol. in-8°.
Lorsque la première édition parut, M. de Stassart
en fit, dans le Moniteur, une analyse détaillée, qui
a été imprimée à part en un vol. in-8°,
Avignon,1810, tiré seulement à vingt exemplaires.
II. Géographie ancienne du département de Sambre-et-Meuse,
Namur, 1812, in-8°.
III. Histoire particulière des provinces belgiques,
Bruxelles, 1816, 3 vol. in-8°.
IV. Abrégé de l'Histoire belgique, ibid.,
1817 ; 2e édit. 1819, avec un frontispice gravé.
La 3e édition allait être mise sous presse au moment
du décès de l'auteur.
V. Rhétorique extraite de Cicéron, ibid.,
1818, in-8°.
VI. Géographie du royaume des Pays-Bas, ibid., 1819,
in-12; 2e édit., 1820 ; 3e édit., 1825 ;
4e édit., Géographie du royaume de Belgique, 1834.
La première édition fut vivement critiquée
dans l'Oracle, par M. Audoor, greffier en chef de la cour
supérieure de Bruxelles. Malheureusement le censeur citait
des faits, et Dewez, au lieu d'avouer des fautes incontestables,
se défendit mal, en disant que les feuillets de son manuscrit
s'étaient dérangés à l'impression.
VII. Dictionnaire géographique du royaume des Pays-Bas,
Bruxelles, 1819, in-8°, auquel il faut ajouter une Description
statistique des provinces, imprimée quelque temps après.
VIII. Histoire du pays de Liège, ibid., 1822, 2
vol. in- 8°.
IX. Abrégé de l'Histoire de la province de Namur,
par demandes et par réponses, ibid., 1822, in-12.
X. Abrégé de l'Histoire du duché de Brabant,
du marquisat d'Anvers, et de la seigneurie de Malines, par demandes
et par réponses, ibid., 1824, in-12, en français
et en hollandais.
XI. Abrégé de l'Histoire de la province du Hainaut
et du Tournaisis, par demandes et par réponses, ibid.,
1823, in-12 ; 2° éd., 1827.
XII. Cours d'Histoire belgique, contenant les leçons
publiques données au Musée des lettres et des sciences
de Bruxelles, ibid., 1833, 2 vol. in-8°.
Dewez a inséré, dans le recueil de l'académie
de Bruxelles, tome II des Nouveaux Mémoires :
Rapport sur l'état des travaux et des opérations de
l'Académie.
- Mémoire dans lequel on examine quelle peut être
la situation des différents endroits de l'ancienne Belgique,
devenus célèbres dans les Commentaires de César,
par les événements mémorables qui s'y sont
passés.
- Mémoire sur cette question : A quel titre Baudouin,
surnommé Bras-de-Fer, premier comte de Flandre, a-t-il gouverné
cette province?
Tome III :
- Mémoire pour servir a l'Histoire d'Alpaïde, mère
de Charles-Martel.
- Mémoire sur les invasions, rétablissement et
la domination des Francs dans la Belgique.
- Mémoire sur le gouvernement et la constitution des
Belges, avant l'invasion des Romains.
Tome IV :
- Examen de cette question : Les Bataves ont-ils fait une alliance
avec les Romains?
Tome V :
- Mémoire sur le droit public du Brabant au moyen-âge.
- Id. sur le droit public du pays de Liège.
Tome VI :
- Notice sur Froissart. Cette Notice n'apprend rien de
neuf.
- Mémoire sur la bataille de Roosebeke. Dewez se
contente d'adopter, sans le dire, les résultats exposés
dans le Messager des sciences et des arts de Gand, par
M. Vander Meersch d'Audenarde.
- Mémoire sur la ressemblance des Germains et des Gaulois.
Les journaux et bulletins de l'Académie contiennent, de plus,
différentes notes et communications du même écrivain.
Lorsque l'Observateur parut à Bruxelles, en 1815,
Dewez fut invité à en être un des collaborateurs ;
mais, ennemi de toute polémique, il n'y prit aucune part.
R—F—G.
|
|
|
|