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Un des premiers
témoignages de De Coster se trouve dans la lettre d’un officier
allemand, écrite le 16 juillet 1815 et publiée en Angleterre
la même année dans : The Battle of Waterloo, [...],
By a near observer, London, 1815.
Ce témoignage a été traduit en français
et publié en annexe dans le recueil intitulé : |
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Relation
circonstanciée de la dernière campagne de Buonaparte,
par un témoin oculaire. |
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(...)
Le 18,
la bataille recommença à quatre lieues plus près
de Bruxelles des deux côtés du grand chemin. Le terrain
est une plaine parsemée de monticules. Le diamètre
du champ de bataille peut être d'une lieue et demie. Buonaparte
se plaça près de la ferme de Mont-Saint-Jean, sur
un terrain montant, d'où il pouvait tout voir. A côté
de lui était un Belge nommé Lacoste, qui demeure près
du hameau de la Belle-Alliance, et qui servait de guide. Voici ce
que cet homme me dit : Quand les Prussiens sortirent du bois
de Frischemont, Buonaparte les observa avec sa lorgnette, et demanda
à un de ses adjudans qui ils étaient. Cet officier
les regarda aussi avec une lorgnette, et dit : Ce sont les drapeaux
des Prussiens. En ce moment, le visage de Buonaparte devint d'une
pâleur extrême, comme si l'ombre de la bienheureuse
reine de Prusse, que ses persécutions firent mourir, lui
eût alors apparu. Il ne dit rien et secoua seulement une fois
la tête.
Quand il vit
la bataille perdue, il s'éloigna au galop avec son état-major
et le même guide. Il avait dit à Lacoste qu'il désirait
être conduit à Charleroi par un chemin de traverse.
Genappe est
une ville de marché toute ouverte à une lieue et demie
du champ de bataille, et au milieu de laquelle coule la petite rivière
de Dyle. A l'extrémité inférieure de Genappe
est une forge de fer, à qui cette rivière fournit
ses eaux. Un quart de mille plus bas est le village de Wayes, où
il y a un pont.Vers cinq heures de l'après-midi, un officier
était venu à Genappe avec l'ordre d'emmener le bagage.
Buonaparte avait déjà considéré la bataille
comme perdue, parce que les réserves avaient été
au milieu du feu. Quand la fuite devint presque générale,
les bagages militaires furent traînés sur la chaussée
par seize chevaux chacun. Ils s'entassèrent dans l'étroite
enceinte de Genappe, et Lacoste raconte que, pour se frayer un chemin
au milieu d'eux, il fallut cinq quarts d'heure. Il était
minuit et demi avant que Buonaparte pût sortir de la ville
avec cent cinquante cavaliers de l'état-major. Je demandai
à cet homme pourquoi il n'avait pas conduit Buonaparte par
le pont de Wayes, où personne ne passait. Il me répondit
: Je ne connaissais pas ce chemin.
Ainsi, avec
toutes les cartes du dépôt de la guerre, avec tous
ses ingénieurs-géographes qui, au moyen de leurs cartes,
peuvent prendre avec exactitude la position de toutes les places,
Buonaparte et son nombreux état-major furent alors exposés
aux résultats de l'ignorance d'un paysan, qui ne savait pas
qu'à Wayes il y avait un pont sur la Dyle. On parle beaucoup
de talents et de science militaire, et souvent dans les moments
décisifs, le tout depend des connaissances d'un homme très
ordinaire.
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Extrait
de "Waterloo, Récit critique" de Bernard
Coppens (2003) : |
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Dans
les instructions détaillées dictées à
l'intention de ses généraux le 14 juin, Napoléon
recommande :
"Les lieutenants généraux Reille, Vandamme,
Gérard et Pajol se mettront en communication par de fréquents
partis, et ils régleront leur marche de manière à
arriver en masse et ensemble devant Charleroi. Ils mettront, autant
que possible, à l'avant-garde des officiers qui parlent flamand,
pour interroger les habitants et en prendre des renseignements
(…)"
Cette méconnaissance d’une région qui constituait
quelques mois plus tôt encore une partie de son Empire met
à mal l'image de Napoléon entrant à fond dans
tous les détails et les maîtrisant parfaitement, et
montre à quel point la campagne de Belgique avait été
improvisée. Les officiers auraient été en peine
de découvrir au sud de Charleroi un habitant parlant le flamand !
Curieusement,
c'est sur la ligne de partage linguistique que l'armée française
sera arrêtée, trois jours plus tard, par une coalition
anglo-germanique. Le premier Flamand que rencontrera Napoléon
sera le nommé De Coster (souvent nommé Lacoste), qui
exploitait un petit cabaret à côté de la Belle-Alliance.
Il était né en 1762 à Korbeek-Loo près
de Louvain, dans le Brabant flamand, et ce n’était que plus
tard qu’il était venu s’établir à Plancenoit,
dans le Brabant wallon. Le problème n'était pas qu'il
était flamand, mais bien que c'était un personnage
indigne de toute confiance, et que Napoléon, à défaut
d’autre, le prit pour guide.
Pour certains, Napoléon n’a pas pu ignorer l’existence du
château d’Hougoumont derrière le bois, ni se méprendre
sur la situation de exacte de Mont-Saint-Jean, puisqu’il avait à
sa disposition le guide De Coster. L’argument est faible, puisque
Henry Houssaye lui-même écrit : “Selon les traditions
locales, Decoster, soit imbécillité, soit mauvais
vouloir, aurait donné pendant toute la journée de
faux renseignements.”
Le docteur Cabanès écrit : "Decoster, qui
signifie en flamand le Sacristain, n'avait, dit-on, donné
que de faux renseignements à Napoléon, mais il faut
tenir compte qu'il parlait très mal le français, et
il se pourrait que ses indications n'aient pas été
bien comprises. »
Pourtant, nombre de témoignages attestent que le cabaretier
comprenait et parlait bien le français.
Dès 1816, le capitaine anglais Gore notait "les
récits du guide De Coster méritent peu de confiance."
Et Walter Scott écrit qu'il "racontait à
chaque voyageur l'histoire qui semblait le flatter le plus."
Un officier anglais, revenant à Waterloo en 1839, écrivit
:
"Les
fréquentes constatations de ses propensions au mensonge,
les contradictions dont il se rendait coupable au quotidien, démontrent
la folie de ceux qui plaçaient la moindre confiance dans
ses affirmations."
Il ajoute même que plus d’une fois De Coster s’est fait cravacher
par des voyageurs anglais enragés de le prendre en flagrant
délit de mensonge.
Une étude approfondie et comparative des récits de
De Coster reste à faire, mais il semble que ce soit dans
les premiers parus qu’on trouve les éléments les plus
fiables.
Fourbe ou idiot
? En tout cas, son « commerce de fausseté »
exercé pendant douze ans sur le champ de bataille devait
lui être profitable, puisque ses héritiers se partagèrent
300.000 francs… |
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