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Waterloo battle 1815

 

 

 

 

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De Coster Jean-Baptiste

 

Jean-Baptiste De Coster était un agriculteur et cabaretier flamand, qui habitait une petite maison située à Plancenoit, sur la chaussée de Charleroi à Bruxelles, à quelques centaines de mètres au sud de la Belle-Alliance. Il est entré dans l'histoire parce qu'il servit de guide à Napoléon pendant la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. Il resta auprès de l'Empereur pendant toute la bataille, et fut entraîné le soir dans sa fuite jusqu'à Charleroi.
Il devint par la suite une sorte d'attraction sur le champ de bataille, et son témoignage était très recherché par les visiteurs anglais ; aussi ne manquait-il pas de se faire rétribuer pour leur livrer ses souvenirs, qu'il adaptait peu ou prou en fonction de ses interlocuteurs. Il existe de ce fait plusieurs relations de la bataille racontées par De Coster. Si ces témoignages sont sujets à caution et s'écartent souvent des connaissances que nous pouvons avoir des faits et gestes de Napoléon à Waterloo, on ne peut néanmoins pas les ignorer : le tout sera d'y démêler le vrai du faux...

 

 

 

  Un des premiers témoignages de De Coster se trouve dans la lettre d’un officier allemand, écrite le 16 juillet 1815 et publiée en Angleterre la même année dans : The Battle of Waterloo, [...], By a near observer, London, 1815.
Ce témoignage a été traduit en français et publié en annexe dans le recueil intitulé :
     
 

Relation circonstanciée de la dernière campagne de Buonaparte, par un témoin oculaire.

   
 

(...)
Le 18, la bataille recommença à quatre lieues plus près de Bruxelles des deux côtés du grand chemin. Le terrain est une plaine parsemée de monticules. Le diamètre du champ de bataille peut être d'une lieue et demie. Buonaparte se plaça près de la ferme de Mont-Saint-Jean, sur un terrain montant, d'où il pouvait tout voir. A côté de lui était un Belge nommé Lacoste, qui demeure près du hameau de la Belle-Alliance, et qui servait de guide. Voici ce que cet homme me dit : Quand les Prussiens sortirent du bois de Frischemont, Buonaparte les observa avec sa lorgnette, et demanda à un de ses adjudans qui ils étaient. Cet officier les regarda aussi avec une lorgnette, et dit : Ce sont les drapeaux des Prussiens. En ce moment, le visage de Buonaparte devint d'une pâleur extrême, comme si l'ombre de la bienheureuse reine de Prusse, que ses persécutions firent mourir, lui eût alors apparu. Il ne dit rien et secoua seulement une fois la tête.

Quand il vit la bataille perdue, il s'éloigna au galop avec son état-major et le même guide. Il avait dit à Lacoste qu'il désirait être conduit à Charleroi par un chemin de traverse.

Genappe est une ville de marché toute ouverte à une lieue et demie du champ de bataille, et au milieu de laquelle coule la petite rivière de Dyle. A l'extrémité inférieure de Genappe est une forge de fer, à qui cette rivière fournit ses eaux. Un quart de mille plus bas est le village de Wayes, où il y a un pont.Vers cinq heures de l'après-midi, un officier était venu à Genappe avec l'ordre d'emmener le bagage. Buonaparte avait déjà considéré la bataille comme perdue, parce que les réserves avaient été au milieu du feu. Quand la fuite devint presque générale, les bagages militaires furent traînés sur la chaussée par seize chevaux chacun. Ils s'entassèrent dans l'étroite enceinte de Genappe, et Lacoste raconte que, pour se frayer un chemin au milieu d'eux, il fallut cinq quarts d'heure. Il était minuit et demi avant que Buonaparte pût sortir de la ville avec cent cinquante cavaliers de l'état-major. Je demandai à cet homme pourquoi il n'avait pas conduit Buonaparte par le pont de Wayes, où personne ne passait. Il me répondit : Je ne connaissais pas ce chemin.

Ainsi, avec toutes les cartes du dépôt de la guerre, avec tous ses ingénieurs-géographes qui, au moyen de leurs cartes, peuvent prendre avec exactitude la position de toutes les places, Buonaparte et son nombreux état-major furent alors exposés aux résultats de l'ignorance d'un paysan, qui ne savait pas qu'à Wayes il y avait un pont sur la Dyle. On parle beaucoup de talents et de science militaire, et souvent dans les moments décisifs, le tout depend des connaissances d'un homme très ordinaire.

 

 

 

 

Extrait de "Waterloo, Récit critique" de Bernard Coppens (2003) :

   
 

Dans les instructions détaillées dictées à l'intention de ses généraux le 14 juin, Napoléon recommande :
"Les lieutenants généraux Reille, Vandamme, Gérard et Pajol se mettront en communication par de fréquents partis, et ils régleront leur marche de manière à arriver en masse et ensemble devant Charleroi. Ils mettront, autant que possible, à l'avant-garde des officiers qui parlent flamand, pour interroger les habitants et en prendre des renseignements (…)"
Cette méconnaissance d’une région qui constituait quelques mois plus tôt encore une partie de son Empire met à mal l'image de Napoléon entrant à fond dans tous les détails et les maîtrisant parfaitement, et montre à quel point la campagne de Belgique avait été improvisée. Les officiers auraient été en peine de découvrir au sud de Charleroi un habitant parlant le flamand !

Curieusement, c'est sur la ligne de partage linguistique que l'armée française sera arrêtée, trois jours plus tard, par une coalition anglo-germanique. Le premier Flamand que rencontrera Napoléon sera le nommé De Coster (souvent nommé Lacoste), qui exploitait un petit cabaret à côté de la Belle-Alliance. Il était né en 1762 à Korbeek-Loo près de Louvain, dans le Brabant flamand, et ce n’était que plus tard qu’il était venu s’établir à Plancenoit, dans le Brabant wallon. Le problème n'était pas qu'il était flamand, mais bien que c'était un personnage indigne de toute confiance, et que Napoléon, à défaut d’autre, le prit pour guide.
Pour certains, Napoléon n’a pas pu ignorer l’existence du château d’Hougoumont derrière le bois, ni se méprendre sur la situation de exacte de Mont-Saint-Jean, puisqu’il avait à sa disposition le guide De Coster. L’argument est faible, puisque Henry Houssaye lui-même écrit : “Selon les traditions locales, Decoster, soit imbécillité, soit mauvais vouloir, aurait donné pendant toute la journée de faux renseignements.
Le docteur Cabanès écrit : "Decoster, qui signifie en flamand le Sacristain, n'avait, dit-on, donné que de faux renseignements à Napoléon, mais il faut tenir compte qu'il parlait très mal le français, et il se pourrait que ses indications n'aient pas été bien comprises. »
Pourtant, nombre de témoignages attestent que le cabaretier comprenait et parlait bien le français.
Dès 1816, le capitaine anglais Gore notait "les récits du guide De Coster méritent peu de confiance." Et Walter Scott écrit qu'il "racontait à chaque voyageur l'histoire qui semblait le flatter le plus."
Un officier anglais, revenant à Waterloo en 1839, écrivit :
"Les fréquentes constatations de ses propensions au mensonge, les contradictions dont il se rendait coupable au quotidien, démontrent la folie de ceux qui plaçaient la moindre confiance dans ses affirmations."
Il ajoute même que plus d’une fois De Coster s’est fait cravacher par des voyageurs anglais enragés de le prendre en flagrant délit de mensonge.
Une étude approfondie et comparative des récits de De Coster reste à faire, mais il semble que ce soit dans les premiers parus qu’on trouve les éléments les plus fiables.

Fourbe ou idiot ? En tout cas, son « commerce de fausseté » exercé pendant douze ans sur le champ de bataille devait lui être profitable, puisque ses héritiers se partagèrent 300.000 francs…

     

 

 

   
 

     

 

         

 

 

     

 

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