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Championnet,
général
français 1762-1799
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Bulletin
Vaudois, jeudi 30 janvier 1800. |
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Notice
fur le Général Championnet.
La funeste nouvelle de la mort du brave Championnet vient d'être
confirmée par un de ses aides de camp, qui arrive de Nice
et qui a recueilli ses derniers soupirs.
La maladie de Championnet n'a duré que douze jours. Dans
les 8 premiers, elle ne paraissait point dangereuse.
Le neuvième, une fièvre putride s'est déclarée,
et il a succombé le 9 janvier au soir. Il était depuis
trois jours dans un continuel délire ; il demandait
sans cesse où étaient les vaisseaux chargés
de bled pour l'armée ; s'ils arrivaient de Marseille ;
si on avait envoyé de l'argent, des habits ; si on payait
la solde des troupes ; si on avait battu les Autrichiens ...
Uniquement occupé des besoins de ses frères d'armes,
de ses devoirs de général et des intérêts
de son pays, toutes ses pensées ont été consacrées
jusqu'au dernier moment à ces divers objets.
Il laissait aussi échapper quelques larmes, en songeant à
fa mère : « Elle mourra de douleur, disait-il
à ses amis ; ménagez-lui la nouvelle de ma mort ;
prenez soin de la consoler. »
La mère de Championnet, âgée de cinquante ans,
perd en lui son fils unique et sa seule espérance. Elle habite
Valence, dans le département de la Drôme.
A Valence, tous les compatriotes de Championnet, quelles qu'aient
été les nuances de leurs opinions politiques, le regrettent
également comme un honnête homme, sincèrement
attaché à sa patrie, ayant combattu longtemps pour
elle, ami de la véritable gloire, et, à la fois, intrépide
dans la bataille, simple et fier dans la proscription, modeste et
généreux dans la prospérité.
Il n'avait que trente-sept ans. Jeune encore et destiné sans
doute à de nouveaux succès dans la guerre de la liberté,
il s'est éteint sur un lit de douleur. - « Si
du moins j'étais frappé au champ de bataille! »
Il regrettait de ne pas mourir comme Joubert, atteint d'une blessure
honorable. Il a reçu dans sa maladie une lettre du gouvernement,
pleine des expressions de l'estime et de la reconnaissance.
Bonaparte aime la gloire, disait Championnet ; il sauvera la
République. -
Il aurait voulu le voir avant de mourir.
Un pressentiment secret s'était emparé de lui quand
il tomba malade.
- « Partons de Nice, répétait-il souvent ;
cette ville me sera fatale. »
Mais il n'avait pas voulu la quitter tant que son successeur n'était
pas arrivé ; car il sentait que son départ, avant
qu'il fût remplacé, entraînerait la désorganisation
de l'armée.
Le 13 décembre dernier, il arrêta seul à Nice,
et fit retourner à leurs corps quatre mille hommes des divisions
Victor et Lemoine qui, lassés de l'état affreux de
dénuement où ils étaient, rentraient dans l'intérieur
avec leurs drapeaux.
Championnet n'est mort que parce qu'il était resté
à Nice, et il n'est resté à Nice que pour prévenir
la dissolution de l'armée.
Jusqu'à son dernier jour, il s'est sacrifié tout entier
à sa patrie.
Les amis fidèles de Championnet, Haguay, son aide de camp;
Bassal, qui l'avait suivi dans la campagne de Naples et avait été
associé à sa proscription ; et Laubert, habile
chimiste et excellent républicain, ex-président du
gouvernement provisoire de Naples, n'ont pas quitté le chevet
du lit de leur ami, et ont reçu ses dernières volontés.
Ses autres amis et aides de camp étaient attaqués
de la maladie épidémique qui règne à
Nice, et plusieurs sans doute auront succombé.
L'armée a ressenti vivement la douleur qu'éprouvera
aussi la patrie.
Le département de la Drôme se prépare d'élever
à Valence un monument touchant et simple à la mémoire
du brave auquel elle a donné le jour.
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Arnault,
Jay, Jouy, Norvins, Biographie nouvelle des contemporains, tome 4,
Paris 1827. |
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CHAMPIONNET
(Jean-Étienne), fils naturel d'un avocat distingué
et d'une paysanne du Dauphiné, naquit à Valence en
1762. Le nom de Championnet, qu'il a rendu respectable par des services
nationaux, ne fut dans le principe qu'un surnom d'amitié
que lui donnaient ses compatriotes. Sa jeunesse fut orageuse ;
livré à la fougue de ses passions, ce ne fut qu'après
de nombreux écarts qu'il s'engagea dans les gardes wallonnes.
L'ardeur de son caractère prit dès lors une autre
direction ; il lut avec une attention soutenue presque tous
les ouvrages français qui traitent de l'art militaire. Avant
la révolution, il avait servi au siège de Gibraltar ;;
quand la révolution éclata, son premier fait militaire
fut un acte d'humanité. Envoyé avec un bataillon de
volontaires pour réprimer les révoltes du Jura, il
ne versa pas une goutte de sang, et pacifia le pays. Il passa avec
ses troupes sous le commandement de Hoche ; et après
s'être distingué aux lignes de Weissembourg, obtint,
à la fin de 1795, le titre de général de division.
Son nom fut cité à la bataille de Fleurus. La même
division qu'il avait commandée sur ce champ de bataille se
couvrit de gloire en 1794, 1795 et 1797, et prit une part très
active aux opérations de cette armée sur le Bas-Rhin.
Plusieurs fois Championnet obtint des succès mémorables,
et reçut du Directoire des lettres de félicitations
qui le comblaient d'éloges. Mais il manquait à ses
talents d'avoir subi une dernière épreuve, celle d'un
commandement en chef : on le nomma général de
l'armée qui devait défendre la nouvelle république
romaine contre les entreprises de la cour de Naples. Le poste était
difficile et dangereux ; Championnet ne s'intimide pas ;
presque sans soldats et sans moyens d'organiser une force régulière,
il crée, en moins de trois mois, un rassemblement d'hommes
qu'il décore du nom d'armée, va camper à Rome,
en est chassé par 50.000 Napolitains, rallie ses troupes
sous les murs de la ville, revient sur ses pas, bat les vainqueurs,
fait le général en chef Mack prisonnier, reprend Rome,
et se porte sur Naples, où il entre avec la gloire et les
droits d'un triomphateur. L'histoire militaire, de quelque peuple
que ce soit, présenterait difficilement le récit d'une
expédition plus brillante. Le roi de Naples fuit ; la
liberté est imposée à un peuple qui supporte
avec une impatience égale et le poids de son esclavage et
celui de son indépendance. Championnet se voit obligé
de combattre par les ruses de la politique intérieure ces
hommes faciles à réduire par la force du glaive. Il
désarme les lazzaroni, et emploie tour à tour les
moyens conciliatoires et les moyens d'autorité pour faire
plier Naples et l'accoutumer au pouvoir des Français. Au
milieu des embarras de sa situation, il trouva le temps de faire
ériger un monument en l'honneur de Virgile ; mais une
mésintelligence très vive s'établit entre le
général et le commissaire français envoyé
par le gouvernement à Naples. Championnet, destitué
et décrété d'accusation, remet à Macdonald
le commandement en chef, se livre lui-même à ceux qui
doivent le conduire à Paris, et est traîné de
brigade en brigade jusqu'à Milan. Une adresse arrive de Chambéry,
où l'on réclame contre l'injustice de son arrestation ;
néanmoins une commission se forme à Milan, et la procédure
est au moment de commencer quand le Directoire change d'avis. Championnet,
conduit jusqu'à Grenoble, est jeté dans une prison
où il compose ses mémoires ; ce sont des monuments
précieux pour l'histoire : on les croirait écrits
sous une tente avec la pointe d'une épée. Cependant
le Directoire se renouvelle, et les nouveaux directeurs, non-seulement
font sortir Championnet de prison, mais lui confient le commandement
en chef de l'armée des Alpes. Sa fortune avait pâli ;
il n'obtint plus que des succès équivoques et, chef
d'une armée épuisée par une maladie contagieuse,
il mourut lui-même de cette espèce d'épidémie,
à Antibes, le 10 décembre 1799. |
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