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BOISTE
(Pierre-Claude-Victoire), né a Paris en 1765, et mort à
Ivri-sur-Seine le 24 avril 1824, avait depuis longtemps altéré
sa santé par ses immenses travaux, malgré la vie paisible
et régulière qu'il menait. C'était un homme
laborieux et consciencieux, mais de peu de goût et de jugement.
Ses lectures prodigieusement étendues , quant au nombre de
volumes, n'avaient pas été soumises a un contrôle
assez sévère, surtout n'avaient jamais été
suffisamment classées dans sa tête. Son style est souvent
peu net et quelquefois trivial. On a de lui : I. (en collaboration
avec Bastien ) Dictionnaire universel de la langue française,
1800 , in-8° ; 2e éd. , 1803, 2 vol, in-8° ; 3e,
1808 ; 4e, 1812 , in-4° oblong, et 2 vol. in-8° ; 5e, 1819,
in-4° oblong, et 2 vol. in-8° ; 6° Verdière,
1823, in-4°, ou 2 vol. in-8"° ; 7e édit., 1834,
in-4°.Ce grand ouvrage est sous quelques rapports un des meilleurs
que nous ayions dans notre langue. Ses définitions ne manquent
point d'exactitude ; ses exemples éclairent et prouvent,
ses autorités sont bien choisies : il épuise les sens
divers du même mot, et souvent les échelonne, les gradue
avec bonheur. En revanche ou lui a reproché, outre des omissions
réelles et quelques fautes qui sont le contraire des qualités
générales spécifiées ci-dessus, la multiplicité
des abréviations et des signes presque hiéroglyphiques
qui rendent difficile l'usage de son livre, la négligence
avec laquelle il a glissé sur la prononciation, l'idée
bizarre qu'il a eue de ne pas admettre dans le corps de l'ouvrage,
et en conséquence de rejeter a la fin, sous la forme d'un
lexique particulier, une foule de mots scientifiques de jour en
jour plus familiers, et qui d'ailleurs ont tout autant la physionomie
française que parallélipipède, hypoténuse
et sphéroïde. Mais les tables d'homonymes et
de paronymes, le recueil de synonymes avec les sens et les nuances
de chacun d'eux, les dictionnaires de noms propres historiques,
mythologiques, géographiques et autres, le dictionnaire de
rimes, le tableau synoptique de grammaire française , tous
ces appendices fort considérables, joints au corps de l'ouvrage,
sont autant de services rendus a toutes les classes de lecteurs
; et il est certain que jusqu'à ce que l'on ait fait mieux,
l'ouvrage de Boiste sera le vrai manuel de la langue française.
On raconte à propos de la deuxième édition
de ce Dictionnaire, imprimée en 1803 , une anecdote assez
curieuse. A côté de chaque mot sujet d'un article,
l'auteur plaçait une autorité : il se trouva qu'à
la suite du mot spoliateur était écrit Bonaparte.
La police eut vent de cette inadvertance ou de cette malice ; on
exigea de l'auteur un carton, et Frédéric-le-Grand
remplaça Bonaparte. II. Nouveaux principes de grammaire,
suivis de notes grammaticales élémentaires, de solutions
de questions et difficultés grammaticales d'après
ces principes, de réflexions sur la génération
des idées, sur le langage et l'harmonie, avec un appendice
sur la philosophie et une lettre sur la critique, Paris, 1820,
1 vol. in-8°. III. Dictionnaire des belles-lettres, contenant
les éléments de la littérature théorique
et pratique appuyés d'extraits raisonnés, des écrits
didactiques d'Aristote, de Cicéron, d'Horace, de MM. de Barante,
Lefebure, Guizot, etc., Paris, 1821-24, in-8° , 5 vol.
(on en promettait dix). Cet ouvrage, avec les deux précédents,
devait, selon les idées de Boiste, former un Art d'écrire
et de parler français ; et ces mots se retrouvent effectivement
comme faux-titre sur le premier recto de chacun des trois.) IV.
Dictionnaire de géographie universelle, ancienne et moderne,
comparée, rédigée sur la plan de Vosgien,
Paris, 1806 , 1 vol. in-8° , avec un atlas de 51 cartes coloriées.
V. L’ Univers, poème en prose et en douze chants,
publié sous le voile de l'anonyme, Paris, 1801 (an IX), 2°
édit., 1802, 2 vol. in-8° ; 3e 1805 ; puis reproduit
sous le titre de l'Univers délivré, narration
épique en vingt-cinq livres, 1809, in-8°, fig. Ce
poème prétendu est accompagné de notes et observations
tant sur le système de Newton que sur la théorie physique
de la terre. Boiste se proposait d'y combattre certaines théories
cosmogoniques et métaphysiques, fausses selon lui. Malheureusement
il raisonnait physique comme un poète, et maniait la langue
poétique comme un physicien. On est demeuré d'accord
que son Univers était le chaos ; et, s'il est vrai
que ce poème en prose ait eu quatre éditions réelles,
on peut tenir pour certain qu'il n'en aura pas une cinquième.
P—OT. (Parisot)
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