BASSANO
Hugues-Bernard Maret, duc de) ministre secrétaire d'État,
pair de France , etc., né en 1763
à Dijon, était fils d'un médecin distingué,
auquel on doit d'utiles ouvrages. A l'âge de 18 ans, il
concourut pour le prix proposé par l'académie de
Dijon, dont le sujet était l'Éloge de Vauban. Carnot
fut couronné; mais l'ouvrage de Maret, remarqué
par ses juges, obtint le 1er accessit. Le comte de Vergennes,
informé des dispositions de son jeune compatriote, le fit
venir à Paris, avec l'intention de le placer dans la diplomatie;
mais la mort prématurée de ce ministre et les événements
qui la suivirent, retardèrent son entrée dans une
carrière qu'il devait parcourir avec tant de succès.
Il était allé en Allemagne étudier le droit
public, lorsque la révolution éclata, et il se hâta
de revenir à Paris pour assister à l'ouverture des
états généraux. Dès les premières
séances de l'assemblée constituante, il conçut
avec Méjan l'idée d'en rédiger le Bulletin,
et, peu de temps après, il se chargea pour le Moniteur,
du même travail qu'il continua jusqu'à la fin de
la session. Dans les premiers moments de la révolution,
il s'était fait affilier à la fameuse société
des Amis de la constitution, qui prit le nom de Jacobins; mais
en 1791, après les événements
de Champ-de-Mars, il cessa d'en faire partie, et devint l'un des
fondateurs du club monarchiste des Feuillants. Après le
10 août 1792, Lebrun, ministre des affaires étrangères,
lui offrit une place de chef de division, le fit ensuite directeur
général, et l'envoya négocier à Londres
un traité de neutralité. La mort de Louis XVI mit
fin à cette mission, et Maret, rappelé en France,
fut destiné à l'ambassade de Naples. Arrêté
dans sa route (juillet 1793) par les troupes autrichiennes, il
fut enfermé dans une forteresse de la Moravie d’où
il ne sorti qu'au bout de trois ans, compris dans l'échange
contre Mme la duchesse d'Angoulême. L'année suivante
(1797), il fut envoyé à Lille pour traiter de la
paix avec l'Angleterre. La journée du 18 fructidor arrêta
les négociations, et Maret de retour à Paris, cessa
d'être employé. Il se consola de sa disgrâce
par la culture des lettres, et il venait de faire recevoir une
pièce au Théâtre-Français, lorsque
arriva 18 brumaire. Lié avec les principaux auteurs de
cette révolution, et déjà connu du général
Bonaparte, il fut nommé secrétaire général
des consuls, place qui fut depuis érigée en ministère
sous le titre de secrétairerie d'État. Il concourut
en 1805 au traité de
paix avec l'Autriche. L'année suivante il fut chargé
de l'organisation du gouvernement polonais. Quelque temps après
il conclut et signa avec l'ambassadeur persan, qui se trouvait
au quartier général de Finckestein, un traité
d'alliance entre la France et la Perse.
Appelé en 1814 au ministère
des, affaires étrangères, il remit, l'année
suivante, le portefeuille des affaires étrangères
à M. de Caulaincourt; mais il resta ministre secrétaire
d'État, et Napoléon continua de l'employer dans
des missions importantes. Il reçut ses adieux à
Fontainebleau, et ne le quitta pas un instant jusqu'au départ
pour l'île d'Elbe. Resté sans fonctions pendant la
première restauration, au retour de Napoléon il
reprit sa place de secrétaire d'État, et après
la seconde abdication, il rentra dans la vie privée, pour
se retirer en Suisse où il fut arrêté, livré
aux Autrichiens, et n'obtint la permission de revenir en France
qu'en 1820. Il acquit peu de temps après le château
de Beaujeu, près de Gray, et il y vécut jusqu'en
1830. Nommé pair par Louis-Philippe, il prit part à
toutes les discussions importantes. Fait premier ministre, président
du conseil en 1835, il ne conserva que peu de jours cette haute
position, céda la place à une nouvelle combinaison,
et mourut en 1839. Membre de l'Institut lors de sa réorganisation,
sous le consulat, il cessa d'en faire partie en 1815; mais plus
tard il fut élu à l'Académie française.