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De
toutes les humeurs qui font dans notre corps, il n'y en a point
qui soit préparée avec tant de dépense & de soin que la semence
humeur précieuse, source & matière de la vie. Toutes les parties
concourent à sa formation ; et elle n'est qu'un extrait digéré du
suc nourricier, ainsi qu'Hippocrate et quelques anciens l'avaient
pensé, & comme nous l’avons prouvé dans une thèse sur la génération,
soutenue aux écoles de Médecine de Montpellier. Voyez Semence.
Toutes les parties concourent aussi à son excrétion, et elles s'en
ressentent après, par une espèce de faiblesse, de lassitude et d’anxiété.
Il est cependant un temps où cette excrétion est permise, où elle
est utile, pour ne pas dire nécessaire. Ce temps est marqué par
la nature, annoncé par l'éruption plus abondante des poils, par
l' accroissement subit & le gonflement des parties génitales,
par des érections fréquentes ; l'homme alors brûle de répandre cette
liqueur abondante qui distend & irrite les vésicules séminales.
L'humeur fournie par les glandes odoriférantes entre le prépuce
& le gland, qui s'y ramasse pendant une inaction trop longue,
s'y altère, devient âcre, stimulante, sert aussi d'aiguillon ou
de motif. La seule façon de vider la semence superflue qui soit
selon les vues de la nature, est celle qu'elle a établie dans le
commerce & l'union avec la femme dans qui la puberté est plus
précoce, les désirs d'ordinaire plus violents, & leur contrainte
plus funeste ; & qu'elle a consacrée pour l'y engager davantage
par les plaisirs les plus délicieux.
A cette excrétion
naturelle & légitime, on pourrait aussi ajouter celle que provoquent
pendant le sommeil aux célibataires des songes voluptueux qui suppléent
également & quelquefois même surpassent la réalité. Malgré ces
sages précautions de la nature, on a vu dans les temps les plus
reculés, se répandre et prévaloir une infâme coutume née dans le
sein de l'indolence & de l'oisiveté ; multipliée ensuite &
fortifiée de plus en plus par la crainte de ce venin subtil &
contagieux qui se communique par ce commerce naturel dans les moments
les plus doux. L'homme & la femme ont rompu les liens de la
société ; & ces deux sexes également coupables, ont tâché d'imiter
ces mêmes plaisirs auxquels ils se refusaient & y ont fait servir
d'instruments leurs criminelles mains ; chacun se suffisant par-là,
ils ont pu se passer mutuellement l'un de l'autre. Ces plaisirs
forcés, faibles images des premiers, sont cependant devenus une
passion qui a été d'autant plus funeste, que par la commodité de
l'assouvir, elle a eu plus souvent son effet. Nous ne la considérerons
ici qu'en qualité de médecin comme cause d'une infinité de maladies
très graves, le plus souvent mortelles. Laissant aux théologiens
le foin de décider & de faire connaître l' énormité du crime ;
en la faisant envisager fous ce point de vue, en présentant
l'affreux tableau de tous les accidents qu'elle entraîne, nous croyons
pouvoir en détourner plus efficacement. C'est en ce sens que nous
disons que la manustupration qui n'est point fréquente, qui n'est
pas excitée par une imagination bouillante & voluptueuse, &
n'est enfin déterminée que par le besoin, n'est suivie d'aucun accident,
& n'est point un mal (en Médecine.) Bien plus, les anciens,
juges trop peu sévères & scrupuleux, pensaient que lorsqu'on
la contenait dans ces bornes, on ne violait pas les lois de la continence.
Aussi Galien ne fait pas difficulté d'avancer que cet infâme cynique
(Diogène) qui avait l'impudence de recourir à cette honteuse pratique
en présence des Athéniens, était très chaste, quoad continentiam
pertinet constantissimam ; parce que, poursuit-il, il ne le
faisait que pour éviter les inconvénients que peut entraîner la
semence retenue. Mais il est rare qu'on ne tombe pas dans l'excès.
La passion emporte : plus on s'y livre, et plus on y est porté ;
& en y succombant, on ne fait que l'irriter. L'esprit continuellement
absorbé dans des pensées voluptueuses, détermine sans cesse les
esprits animaux à se porter aux parties de la génération, qui, par
les attouchements répétés, sont devenues plus mobiles, plus obéissantes
au dérèglement de l'imagination : de-là les érections presque continuelles,
les
pollutions fréquentes, & l'évacuation excessive de semence.
C'est cette excrétion
immodérée qui est la source d'une infinité de maladies: il n'est
personne qui n'ait éprouvé combien, lors même qu'elle n'est pas
poussée trop loin, elle affaiblit & quelle langueur, quel dérangement,
quel trouble suivent l'acte vénérien un peu trop réitéré : les nerfs
sont les parties qui semblent principalement affectées, & les
maladies nerveuses sont les suites les plus fréquentes de cette
évacuation trop abondante. Si nous considérons la composition de
la semence et le mécanisme de son excrétion, nous serons peu surpris
de la voir devenir la source & la cause de cette infinité de
maladies que les médecins observateurs nous ont transmis. Celles
qui commencent les premières à se développer sont un abattement
de forces, faiblesses, lassitudes spontanées langueur d'estomac,
engourdissement du corps & de l'esprit, maigreur, etc.
Si le malade nullement
effrayé par ces symptômes, persiste à en renouveler la cause, tous
ces accidents augmentent ; la phtisie dorsale survient ; une
fièvre lente se déclare ; le sommeil est court, interrompu, troublé
par des songes effrayants ; les digestions se dérangent totalement
; la maigreur dégénère en marasme ; la faiblesse devient extrême ;
tous les sens, et principalement la vue, s'émoussent ; les yeux
s'enfoncent, s'obscurcissent, quelquefois même perdent tout à fait
la clarté; le visage est couvert d'une pâleur mortelle; le front
parsemé de boutons; la tête est tourmentée de douleurs affreuses;
une goutte cruelle occupe les articulations; tout le corps quelquefois
souffre d'un rhumatisme universel, & surtout le dos et les reins
qui semblent moulus de coups de bâton. Les parties de la génération,
instruments des plaisirs & du crime, sont le plus souvent attaquées
par un priapisme douloureux, par des tumeurs, par des ardeurs d'urine,
strangurie, le plus souvent par une gonorrhée habituelle, ou par
un flux de semence au moindre effort : ce qui achève encore d'épuiser
le malade.
J'ai vu une personne
qui a la suite des débauches outrées, était tombée dans une fièvre
lente; & toutes les nuits elle essuyait deux ou trois pollutions
nocturnes involontaires. Lorsque la semence sortait, il lui semblait
qu'un trait de flamme lui dévorait l'urètre. Tous ces dérangements
du corps influent aussi sur l'imagination, qui ayant eu la plus
grande part au crime, est aussi cruellement punie par les remords,
la crainte, le désespoir, et souvent elle s'appesantit. Les idées
s'obscurcissent ; la mémoire s'affaiblit : la perte ou la diminution
de la mémoire est un accident des plus ordinaires. Je sens bien,
écrivait un mastuprateur pénitent à M. Tissot, que cette mauvaise
manoeuvre m'a diminué la force des facultés et surtout la mémoire.
Quelquefois les malades tombent dans une heureuse stupidité : ils
deviennent hébétés, insensibles à tous les maux qui les accablent.
D'autres fois au
contraire, tout le corps est extraordinairement mobile, et d'une
sensibilité exquise; la moindre cause excite des douleurs aiguës,
occasionne des spasmes, des mouvements convulsifs ; quelques malades
sont devenus par cette cause, paralytiques, hydropiques; plusieurs
font tombés dans des accès de manie, de mélancolie, d'hypocondriacité,
d'épilepsie. On a vu dans quelques-uns la mort précipitée par des
attaques d'apoplexie, par des gangrènes spontanées : ces derniers
accidents font plus ordinaires aux vieillards libertins qui se livrent
sans mesure à des plaisirs qui ne sont plus de leur âge. On voit
par-là qu'il n'y a point de maladie grave qu'on n'ait quelquefois
observé suivre une évacuation excessive de semence ; mais bien plus,
les maladies aiguës qui surviennent dans ces circonstances sont
toujours plus dangereuses, & acquièrent par-là un caractère
de malignité, comme Hippocrate
l'a observé (epidem.lib. III. sect. 3. aegr. 16.) Il semble qu'on
ne saurait rien ajouter au déplorable état où se trouvent réduits
ces malades : mais l'horreur de leur situation est encore augmentée
par le souvenir désespérant des plaisirs passés, des fautes, des
imprudences, & du crime. Sans ressource du côté de la Morale
pour tranquilliser leur esprit, ne pouvant pour l'ordinaire recevoir
de la Médecine aucun soulagement pour le corps, ils appellent à
leur secours la mort, trop lente à se rendre à leurs souhaits ;
ils la souhaitent comme le lent asile à leurs maux, et ils meurent
enfin dans toutes les horreurs d'un affreux désespoir.
Toutes ces maladies
dépendantes principalement de l'évacuation excessive de semence,
regardent presqu'également le coït & la manustupration ;
mais l'observation fait voir que les accidents qu'entraîne cette
excrétion illégitime sont bien plus graves & plus prompts que
ceux qui suivent les plaisirs trop réitérés d'un commerce naturel
: à l'observation incontestable nous pouvons joindre les raisons
suivantes
1° C'est un axiome
de Sanctorius confirmé par l'expérience, que l'excrétion de la semence
déterminé par la nature, c'est-à-dire par la plénitude & l'irritation
locale des vésicules séminales, loin d'affaiblir le corps, le rend
plus agile, & qu'au contraire « celle qui est excitée par l'imagination,
la blesse, ainsi que la mémoire », à mente, mentem & memoriam
lœdit. (sect. VI aphor. 35.) c'est ce qui arrive dans
la manustupration. Les idées obscènes, toujours présentes
à l'esprit occasionnent les érections, sans que la semence y concoure
par sa quantité ou son mouvement. Les efforts que l'on fait pour
en provoquer l'excrétion, sont plus grands, durent plus longtemps,
et en conséquence affaiblissent davantage. Mais ce qu'il y a de
plus horrible, c'est qu'on voit des jeunes personnes se livrer à
cette qu'on passion, avant d'être parvenues à l'age fixé par la
nature, où l'excrétion de la semence devient un besoin ; ils n'ont
d'autre aiguillon que ceux d'une imagination échauffée par des mauvais
exemples, ou par des lectures obscènes; ils tâchent, instruits par
des compagnons séducteurs, à force de chatouillements, d'exciter
une faible érection, & de se procurer des plaisirs qu'on leur
a exagérés. Mais ils se tourmentent en vain, n'éjaculant rien, ou
que très peu de chose sans ressentir cette volupté piquante qui
assaisonne les plaisirs légitimes. Ils parviennent cependant par-là
à ruiner leur santé, à affaiblir leur tempérament, & à se préparer
une vie languissante & une suite d'incommodités.
2° Le plaisir vif
qu'on éprouve dans les embrassements d'une femme qu'on aime, contribue
à réparer les pertes qu'on a fait & à diminuer la faiblesse
qui devrait en résulter. La joie est, comme personne n’ignore, très
propre à réveiller, à ranimer les esprits animaux engourdis, à redonner
du ton & de la force au cœur : après qu'on a satisfait en particulier
à l'infâme passion dont il est ici question, on reste faible, anéanti,
& dans une triste confusion qui augmente encore la faiblesse.
Sandorius, exact observateur de tous les changements opérés dans
la machine, assure que « l'évacuation même immodérée de semence
dans le commerce avec une femme qu' on a désiré passionnément,
n'est point suivie des lassitudes ordinaires ; la consolation de
l'esprit aide alors la transpiration du cœur, augmente sa
force, & donne lieu par- là à une prompte réparation des pertes
que l'on vient de faire.
Sect. vi. aphor 6. C'est ce qui a fait dire à l'auteur
du tableau de l'amour conjugal que le commerce avec une jolie femme
affaiblissait moins qu'avec une autre.
3° La manustrupation
étant devenue, comme il arrive ordinairement, passion ou fureur,
tous les objets obscènes, voluptueux, qui peuvent l'entretenir &
qui lui font analogues, se présentent sans cesse à l'esprit qui
s'absorbe tout entier dans cette idée, il s'en repaît jusque dans
les affaires les plus sérieuses, & pendant les pratiques de
religion ; on ne saurait croire à quel point cette attention à un
seul objet énerve & affaiblit. D'ailleurs, les mains obéissant
aux impressions de l'esprit se portent habituellement aux parties
génitales ; ces deux causes rendent les érections presque continuelles
; il n'est pas douteux que cet état des parties de la génération
n'entraîne la dissipation des esprits animaux ; il est constant
que ces érections continuelles, quand même elles ne seraient pas
suivies de l'évacuation de semence,
épuisent considérablement : j'ai connu un jeune homme qui ayant
passé toute une nuit à côté d'une femme sans qu'elle voulût se prêter
à ses désirs, resta pendant plusieurs jours extraordinairement affaibli
des simples efforts qu'il avait fait pour en venir à bout.
4° On peut tirer
encore une nouvelle raison de l'attitude & de la situation gênée
des mastrupateurs dans le temps qu'ils assouvissent leur passion,
qui ne contribue pas peu à la faiblesse qui en résulte & qui
peut même avoir d'autres inconvénients, comme il paraît par une
observation curieuse que M. Tissot rapporte d'un jeune homme qui,
donnant dans une débauche effrénée sans choix des personnes, des
lieux et des postures, satisfaisait ses désirs peu délicats souvent
tout droit dans des carrefours, fut attaqué d'un rhumatisme cruel
aux reins & d'une atrophie, & demi-paralysie aux cuisses
& aux jambes, qui le mirent au tombeau dans quelques mois.
Pour donner un nouveau
poids à toutes ces raisons, nous choisirons parmi une foule de faits
celui que rapporte M. Tissot, comme plus frappant & plus propre
à inspirer une crainte salutaire à ceux qui ont commencé de se livrer
à cette infâme passion. Un jeune artisan, robuste & vigoureux,
contracta à l'âge de dix-sept ans cette mauvaise habitude, qu'il
poussa si loin qu' il y sacrifiait deux ou trois fois par jour.
Chaque éjaculation était précédée & accompagnée d'une légère
convulsion de tout le corps, d'un obscurcissement dans la vue, &
en même temps la tête était retirée en arrière par un spasme violent
des muscles postérieurs, pendant que le col se gonflait considérablement
sur le devant. Après environ un an passé de cette façon, une faiblesse
extrême se joignit à ces accidents qui, moins forts que
sa passion, ne purent encore le détourner de cette pernicieuse pratique
; il y persista jusqu'à ce qu'enfin il tomba dans un tel anéantissement
que craignant la mort qui lui semblait prochaine, il mit fin à ces
dérèglements. Mais il fut sage trop tard, la maladie avait déjà
jeté de profondes racines. La continence la plus exacte ne pût en
arrêter les progrès. Les parties génitales étaient devenues si mobiles,
que le moindre aiguillon suffisait pour exciter une érection imparfaite
même à son insu, & déterminer l'excrétion de semence ; la rétraction
spasmodique de la tête était habituelle, revenait par intervalles,
chaque paroxysme durait au moins huit heures, quelquefois il s'étendait jusqu’à
quinze, avec des douleurs si aigues que le malade poussait des hurlements
affreux ; la déglutition était pour lors si gênée qu'il ne
pouvait prendre la moindre quantité d'un aliment liquide & solide,
sa voix était toujours rauque, ses forces étaient entièrement épuisées.
Obligé d'abandonner son métier, il languit pendant plusieurs mois
sans le moindre secours, sans consolation, pressé au contraire par
les remords que lui donnait le souvenir de ses crimes récents, qu'
il voyait être la cause du funeste état où il se trouvait réduit.
C'est dans ces circonstances, raconte M. Tissot, qu'ayant ouï parler
de lui, j'allai moi-même le voir : j'aperçus un cadavre étendu sur
la paille, morne, défait, pâle, maigre, exhalant une puanteur insoutenable,
presqu'imbécile, & ne conservant presqu'aucun caractère d'homme,
un flux involontaire de salive inondait sa bouche, attaqué d'une
diarrhée abondante il était plongé dans l'ordure. Ses narines laissaient
échapper par intervalles un sang dissous et aqueux ; le désordre
de son esprit peint dans ses yeux & sur son visage était si
considérable qu'il ne pouvait dire deux phrases de suite. Devenu
stupide, hébété, il était insensible à la triste situation qu'il
éprouvait. Une évacuation de semence fréquente sans érection ni
chatouillement, ajoutaient encore à sa faiblesse et à sa maigreur
excessive; parvenu au dernier degré de marasme, ses os étaient presque
tous à découvert à l'exception des extrémités qui étaient œdémateuses
; son pouls était petit, concentré, fréquent ; sa respiration gênée,
anhéleuse ; les yeux qui dès le commencement avaient été affaiblis,
étaient alors troubles, louches, recouverts d'écailles ( lemosi
) & immobiles : en un mot, il est impossible de concevoir un
spectacle plus horrible. Quelques remèdes toniques employés diminuèrent
les paroxysmes convulsifs, mais ils ne purent empêcher le malade
de mourir quelque temps après, ayant tout le corps bouffi, &
ayant commencé depuis long temps de cesser de vivre. On trouve plusieurs
autres observations à-peu-près semblables dans différents auteurs,
& surtout dans le traité anglais dont nous avons parlé, &
dans l'ouvrage intéressant de M. Tissot. Il n'est même personne
qui ayant vécu avec des jeunes gens n'en ait vu quelqu'un qui, livré
à la manustupration, n'ait encouru par-là des accidents très
fâcheux ; c'est un souvenir que je ne rappelle encore qu'avec effroi,
j'ai vu avec douleur plusieurs de mes condisciples emportés par
cette criminelle passion, dépérir sensiblement, maigrir, devenir
faibles, languissants, & tomber ensuite dans une phtisie incurable.
Il est à remarquer
que les accidents sont plus prompts et plus fréquents dans les hommes
que dans les femmes ; on a cependant quelques observations rares
des femmes qui font devenues par-là hystériques, qui ont été attaquées
de convulsions, de douleurs de reins, qui ont éprouvé en conséquence
des chutes, des ulcères de la matrice, des dartres, des allongements
incommodes du clitoris : quelques-unes ont contracté la fureur utérine:
une femme à Montpellier mourut d'une perte de sang pour avoir soutenu
pendant toute une nuit les caresses successives de six soldats vigoureux.
Quoique les hommes fournissent plus de tristes exemples que les
femmes, ce n'est pas une preuve qu'elles soient moins coupables
; on peut assurer qu'en fait de libertinage les femmes ne le cèdent
en rien aux hommes ; mais répandant moins de vraie semence dans
l'éjaculation, excitée par le coït ou par la manustupration,
elles peuvent sans danger la réitérer plus souvent : Cléopâtre &
Messaline en fournissent des témoignages fameux auxquels on peut
ajouter ceux de la quantité innombrable de nos courtisanes modernes,
qui font aussi voir par-là le penchant effréné que ce sexe a pour
la débauche.
Réflexions pratiques.
Quelqu'inefficaces que soient les traitements ordinaires dans les
maladies qui sont excitées par la manustupration, on ne doit
cependant pas abandonner cruellement les malades à leur déplorable
sort, sans aucun remède. Quand même on serait assuré qu'ils ne peuvent
opérer aucun changement heureux, il faudrait les ordonner dans la
vue d'amuser et de tranquilliser les malades ; il faut seulement dans
les maladies qui exigent un traitement particulier, comme l'hydropisie,
la manie, l'épilepsie, etc. éviter avec soin tous les médicaments
forts, actifs, échauffants, de même que ceux qui relâchent, rafraîchissent
& affadissent trop ; la saignée et les purgatifs sont extrêmement
nuisibles ; les cordiaux les plus énergiques ne produisent qu'un effet
momentané, ils ne diminuent la faiblesse que pour un temps, mais après
que leur action est passée elle devient plus considérable. Les remèdes
qu'une observation constante a fait regarder comme plus appropriés,
comme capables de calmer la violence des accidents et même de les
dissiper lorsqu'ils ne font pas invétérés, sont les toniques, les
légers stomachiques amers et par-dessus tous le quinquina, les eaux
martiales, et les bains froids dont la vertu roborante est constatée
par plus de vingt siècles d'une heureuse expérience. Quelques auteurs
conseillent aussi le lait ; mais outre que l'estomac dérangé de ces
malades ne pourrait pas le supporter, il est très certain que son
usage continué affaiblit. Hippocrate a prononcé depuis longtemps que
le lait ne convenait point aux malades qui étaient trop exténués (
Aphor. 64. lib V ) ; la moindre réflexion sur ses effets suffirait
pour le bannir du cas présent. Voyez LAIT. Le régime des malades dont
il est ici question doit être sévère, il faut les nourrir avec des
aliments succulents mais en petite quantité ; on peut leur permettre
quelques gouttes de vin pourvu qu'il soit bien bon et mêlé avec de
l'eau qui ne saurait être assez fraîche ; on doit de même éviter
trop de chaleur dans le lit, pour cela il faut en bannir tous ces
lits de plumes, ces doubles matelas inventés par la mollesse et qui
l'entretiennent. L'air de la campagne, l'équitation, la fuite des
femmes, la dissipation, les plaisirs qui peuvent distraire des idées
voluptueuses, obscènes, & faire perdre de vue les objets du délire,
sont des ressources qu'on doit essayer et qui ne peuvent qu’être très
avantageuses, si la maladie est encore susceptible de soulagement. |
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