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28/11/2002
Nouvelles du jour, 18 nivôse
an 10
La Patience, e-bulletin n°
339, 8 janvier 2002.
Nouvelles du octidi 18 nivôse,
an X de la République.
(8 janvier 1802, ancien style.)
On lit dans “le Moniteur”
de ce jour :
Hongrie.
Semlin, le 15 décembre (24 frimaire). Les insurgés de Belgrade ne veulent
point déposer les armes ; ils comptent sur leurs nombreux partisans dans l'armée
turque et auprès de Passwan-Oglou, qui leur a, disent-ils, promis un corps de
1500 hommes de renfort. La Porte veut maintenant entreprendre un coup décisif,
tant contre le pacha que contre les janissaires insurgés.
Allemagne.
Vienne, le 22 décembre (1er nivôse). Il avait été ordonné que les régiments
de cavalerie qui ont été jusqu'à présent habillés de blanc, le seraient en
vert, et quelques-uns avaient déjà reçu cet uniforme ; mais l'expérience
ayant prouvé que cette couleur n'est pas durable pour le militaire, ces régiments
recevront de nouveau, à l'avenir, des habits blancs.
Angleterre.
Londres, le 1er janvier (11 nivôse). La flotte, sous les ordres de l'amiral
Mitchell, a quitté la baie de Bantry, et est entrée, hier au soir, dans le
port de Portsmouth. Son arrivée met fin à toutes les incertitudes et à toutes
les rumeurs qui couraient sur le bon ou le mauvais esprit qu'on disait régner
parmi les équipages. Il a été détaché de la flotte de l'amiral Saumarez
quatre vaisseaux de ligne pour les Indes-Occidentales.
Lyon, le 11
nivôse. Le Rhône a grossi depuis le 9 d'une manière extraordinaire : il
inonde les quais, et une partie des rues adjacentes ; les habitations situées
dans la plaine des Brotteaux et le faubourg de la Guillotière sont au milieu
des eaux, dont la hauteur est telle, qu'il n'y en avait pas eu d'exemple depuis
l'année 1756.
Paris. le 17
nivôse. Le gouvernement a reçu des nouvelles de l'Isle-de-France, en date du 9
thermidor an 9. A cette époque, il n'y avait rien de nouveau dans cette
colonie.
Muséum
National d'Histoire naturelle.
Circonstances
de la mort de l'éléphant mâle du Museum national d'histoire naturelle. -
Paris, le 17 nivôse an 10.
Depuis
l'arrivée des éléphants en
France, le mâle a eu dans la région des tempes de chaque côté et par une
ouverture naturelle, un écoulement périodique d'une humeur visqueuse qui
tombait continuellement sur ses joues.
Dans le pays
natal ce phénomène a lieu chez tous les individus de cette espèce parvenus à
un certain âge.
Pendant cet
écoulement qui arrivait tous les deux mois environ, le mâle était colère,
mangeait peu et paraissait souffrant.
Il y a
environ deux ans qu'on a remarqué que le mâle par un mouvement particulier des
cuisses, se procurait très fréquemment une évacuation fort abondante d'humeur
spermatique : on a vainement essayé d'arrêter ce mouvement (*). Depuis
quelques jours l'écoulement des tempes avait beaucoup augmenté, et le flux
spermatique était plus considérable qu'il n'avait jamais été.
Hier 16 nivôse,
l'animal n'a point mangé pendant la matinée, vers le soir seulement il a pris
un peu de paille et quelques pommes de terre.
A la chute
du jour, il a cassé un barreau de fer de sa loge, et il en a violemment frappé
les barrières de son enceinte. Lorsqu'on lui a donné de l'eau, après en avoir
bu une certaine quantité, il s'en est servi pour bassiner les ouvertures de ses
tempes, où il semblait avoir plus de douleur et de gêne qu'à l'ordinaire.
Pendant la
nuit, il a fait beaucoup de bruit ; vers quatre heures du matin il a poussé
quelques cris aigus, et vers les six heures il est tombé mort.
La température
de sa loge s'étant trouvé douce
pendant toute la nuit, ainsi qu'elle l'a été depuis la rigueur de la saison,
ses aliments ayant de même nature et de même qualité que ceux qu'on lui
donnait habituellement, tous les soins qu'on lui avait prodigués n'ayant eu
aucun ralentissement, on ne peut rien dire de la cause de sa mort.
On est occupé
en ce moment de recherches anatomiques qui pourront peut-être jeter quelque
jour sur cette cause.
L'anatomie
de l'éléphant de l'Inde n'ayant pas encore été publiée avec l'exactitude
convenable, les professeurs du muséum ont confié au citoyen Cuvier l'examen
anatomique de cet animal, et ont mis à sa disposition tous les moyens propres
à favoriser ses recherches ; des peintres habiles représenteront toutes les
parties peu connues encore, et ce travail sera communiqué à l'Institut.
La femelle
paraît fort affectée de la mort de son mâle, elle a cherché à le relever du
lieu où il est tombé, elle verse des larmes abondantes, elle jette des cris
différents de ceux qu'elle a fait entendre jusqu'à ce moment ; cependant,
depuis qu'elle a été séparée elle commence à manger, mais elle regarde
souvent dans la loge qu'habitait son mâle.
(*) Au sujet de cette curieuse pratique, voir dans l’Annuaire : Manstrupation