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21e demi-brigade d'infanterie légère

 

     
 

Le Moniteur du 19 pluviôse an 10 (7 février 1802) contient le passage suivant, plus que probablement dicté par le premier consul lui-même (voir Bonaparte journaliste) :

" Les journaux anglais  ont beaucoup parlé d'un prétendu drapeau qui aurait été pris en Égypte, à la bataille du 30 ventôse, au corps dit les invincibles de Bonaparte. Il n'y a jamais eu de corps portant ce nom. Il est vrai qu'à cette bataille, le 3e bataillon de la 21e légère, composé de trois cents hommes, dont plus de la moitié étaient des gens du pays, ayant été envoyés en tirailleurs pour déborder une aile, trente hommes seuls restèrent à la garde du drapeau. Les tirailleurs ayant été ployés, les trente hommes furent entourés et périrent tous. Par-là le drapeau tomba au pouvoir de l'ennemi. Le premier consul, passant à Lyon la revue de cette demi-brigade, et ne voyant pas de drapeau au 3e bataillon, avant de déclarer que l'honneur de la demi-brigade n'était en rien compromis par cet événement, acquit la preuve que pas un des trente hommes restés pour la garde du drapeau, n'avait survécu.
"Le genre de service auquel est tenue l'infanterie légère, fait que lorsqu'on lui donne des drapeaux en temps de paix, elle doit, en temps de guerre, les laisser au dépôt. C'est pour avoir manqué à cet usage, que ce drapeau a été pris. "

Il est intéressant de constater que c'est le général Bonaparte lui-même, au moment de la préparation de l'expédition d'Egypte, qui a fait donner des ordres pour que la 21e légère reçoive des drapeaux, ainsi que l'a montré O. Hollander : 

"Les demi-brigades légères qui firent partie de l'armée d'Orient reçurent, avant leur départ pour l'Égypte, de nouveaux drapeaux en avril 1798. Nous avons trouvé des documents l'attestant pour les 2le et 22e légères. En effet, le 20 germinal an VI (9 avril 1798), Bonaparte écrit de Paris au général Baraguay d'Hilliers : ... Donnez trois drapeaux à la 22e d'infanterie légère...
A la même date, il écrit au général Desaix qui était à Rome :
... Faites donner un drapeau à chaque bataillon de la 21e d'infanterie légère...

A la réception de cet ordre, l'adjudant général Donzelot, chef d'état-major de Desaix, écrivit à Belliard, général de brigade à Civita Vecchia, la lettre suivante :

Rome, le 29 germinal an VI (18 avril 1798).

"Le général Desaix est dans l'intention, citoyen général, de donner des drapeaux aux bataillons de la 21e demi-brigade d'infanterie légère. Il désire connaître les actions glorieuses de ce corps, pour en inscrire les plus remarquables sur ces drapeaux. Il vous invite à les lui faire connaître."

Il semble donc que le général en chef de l'armée d'Egypte avait oublié les usages concernant l'infanterie légère, et que le premier consul avait oublié cet oubli quatre années plus tard...

Il est curieux également de constater que Napoléon a dicté, à Sainte-Hélène, la note suivante pour réfuter le général Rogniat qui critiquait le fait que l'instruction et le service de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère  ne présentaient plus de différence :

"Il n'y a et ne peut y avoir qu'une seule espèce d'infanterie, parce que le fusil est la meilleure machine de guerre qui ait été inventée par les hommes."

Contradiction, ou évolution dans les conceptions tactiques de Napoléon ? Dans la seconde hypothèse, ne peut-on pas penser que la blessure d'amour-propre infligée par les journaux anglais au premier consul y soit pour quelque chose ?

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O. Hollander, dans son ouvrage "les Drapeaux des Demi-brigades d'Infanterie de 1794 à 1804" (1913) a consacré plusieurs pages au drapeau de la 21e légère. C'est sur cet ouvrage qu'est basée la reconstitution du drapeau  donnée ici. 

   
 

O. Hollander :

21e demi-brigade légère
(Drapeau du 3e bataillon)

Le drapeau du 3e bataillon de la 21e demi-brigade légère fut perdu à la bataille d'Alexandrie, le 21 mars 1801.
Des notes, rassemblées vers 1841 par le capitaine anglais Ford, et que nous avons consultées à la Bibliothèque Royale, au Château de Windsor, contiennent les renseignements dont voici la traduction :

Drapeau pris à la bataille d'Alexandrie, en Egypte.
Il a été pris par le simple soldat Anthony Lutz, du 97e régiment ou Queen's Germans.
Il porte, d'un côté, le bonnet de liberté avec les faisceaux romains.
D'après l'ouvrage de Stewart, il paraît que le drapeau dessiné ci-contre est celui qui a été pris par Lutz. (Deux régiments anglais s'attribuaient la gloire, de cette capture.)
Il a été rendu par un officier français au major Stirlin, qui l'a remis au sergent Sinclair, de son régiment, avec mission d'en avoir la garde et de rester auprès d'un canon qui avait été également pris sur l'ennemi. Le sergent, resté de faction ainsi qu'il avait été commandé, fut renversé et étourdi par la cavalerie française qui avait chargé sur les derrières (1). Lorsqu'il reprit ses sens, le drapeau avait disparu et il lui était impossible d'en donner aucun autre détail. Quelque temps après, un soldat du régiment de Stuart apporta un drapeau à Sir Abercromby et déclara qu'il l'avait pris à un officier de cavalerie française. On lui délivra un reçu et une récompense de vingt dollars. (Stewart's Highlanders, p. 459. Edit. 1825.)
Suivant l'ouvrage de Wilson, le certificat délivré à Lutz est ainsi conçu :
Je certifie par les présentes qu'Anthony Lutz, simple soldat du régiment de Minorque ou Stuart, a pris sur l'ennemi, le 21 mars 1801, durant l'action entre les armées française et anglaise, commandées par sir Ralph Abercromby du côté anglais, et par le général en chef Menou, ledit jour, à trois milles d'Alexandrie, un drapeau portant diverses marques de distinctions honorifiques telles que le Passage de la Piava et du Tagliamento, sous Bonaparte en Italie, et au centre duquel est un cornet de chasse entouré de feuilles de laurier.
Ce certificat porte ensuite que Lutz a reçu vingt piastres de l'adjudant général Mac Donald et que le drapeau fut porté par ledit Anthony Lutz à sir Ralph Abercromby qui était malade de ses blessures à bord du Foudroyant et il est signé : John Mac Donald, asst adjt génl', 3 avril 1801.

Au sujet du drapeau pris aux Invincibles, sir Robert Wilson, dans son ouvrage sur l'expédition d'Égypte, se livre à ces réflexions :
Le général Reynier prétend que le bataillon auquel appartenait ce drapeau, était composé principalement de Cophtes (2) ; mais, seul, ce général pourrait expliquer comment les Cophtes portaient un drapeau sur lequel étaient inscrits: Passage de la Scrivia, Passage du Tagliamento Passage de l'Isonzo, Prise de Gratz, le Pont de Lodi.

J'ai examiné, dit le capitaine Ford, dans ses Notes, le drapeau dessiné ci-dessus étant debout sur une échelle, et je n'ai pu découvrir une seule lettre restant des inscriptions ; car il ne subsiste qu'à peine un peu plus du quart du drapeau après la hampe; toutefois, c'est bien le drapeau représenté dans tous les imprimés du temps.

Ces notes de l'officier anglais sont quelque peu confuses, mais il s'en dégage assez nettement que le drapeau du 3e bataillon de la 21e légère devait porter au centre et d'un côté, entre deux branches de chêne un faisceau de licteur surmonté d'un bonnet rouge (3), de l'autre côté, entouré d'une couronne de lauriers, un cornet, signe distinctif de l'infanterie légère. Ce dernier côté, d'après le certificat de Lutz, aurait eu entre autres inscriptions: Passage de la Piava et du Tagliamento, actions auxquelles, en effet assista bien la 21e légère.
D'après Wilson, il y aurait eu sur ce drapeau cinq inscriptions : Passage de la Scrivia, Passage du Tagliamento, Passage de l'Isonzo, Prise de Gratz, le Pont deLodi (4).

Le Journal historique des opérations de la 21e légère, cite la plupart de ces faits à l'actif du corps; toutefois on n'y trouve ni le Passage de la Scrivia, ni le Pont de Lodi, et quant à la Prise de Gratz, elle doit vraisemblablement être celle de Gradisca.

En 1894 à notre tour, nous avons examiné les restes de ce drapeau conservés au Royal Hospital Chelsea à Londres. Il ne restait plus qu'une faible partie de l'étoffe dont les parcelles avaient été rassemblées et collées sur de la gaze.
Le fragment principal consiste dans la partie centrale, celle qui avait été le carré blanc, et dans quelques vestiges de la bordure tricolore. Le peu qui subsiste permet de supposer que le dispositif des trois couleurs devait être analogue à celui des drapeaux de l'infanterie de bataille.
La peinture, presque entièrement effacée, ne permet pas de préciser la nature du feuillage. Au milieu du cercle formé par la couronne, figure un cornet brodé de soie jaune mêlée d'or. Le revers qui, d'après la description de l'officier anglais, était orné de l'attribut républicain, n'existe plus.
La hampe à laquelle ces débris ont été fixés est celle même de l'origine ;elle est surmontée d'une pique conforme au modèle donné à l'armée d'Italie et possède une cordelière à glands en soie tressée, aux couleurs nationales (1).

D'après le livre : L'Egypte après la bataille d'Héliopolis, publié en l'an X par le général de division Reynier, le drapeau du 3e bataillon de la 21e demi-brigade légère fut perdu dans les circonstances suivantes :
La 32e, ayant à sa tète le général Rampon, attaque ensuite la première ligne des Anglais ; elle est repoussée ; ce général est démonté et ses habits sont percés de balles. L'adjudant-commandant Sornet, en marchant aussi sur la ligne ennemie, est blessé mortellement, et les grenadiers qu'il commande ne peuvent pénétrer. Le général Destaing suit la route d'Aboukir, et passe dans l'intervalle de la droite et du centre de la première ligne des Anglais; il y reçoit un feu très vif de la seconde ligne et des redoutes et se retire après une blessure légère ; le chef de bataillon Hausser, qui commandait sous ses ordres la 21e légère, avait eu la cuisse emportée ; cette demi-brigade reste sans chef au milieu de l'armée anglaise; un régiment en est détaché pour lui couper la retraite ; le second bataillon parvient à se retirer, mais trois compagnies du troisième bataillon, composées en partie de Cophtes enrôlés dans la Haute-Égypte, et qui étaient dispersées en tirailleurs, sont forcées de se rendre; trente hommes qui gardaient le drapeau se font tuer avant de le céder aux ennemis.

Après la campagne d'Égypte, les demi-brigades légères cessèrent d'emporter leurs drapeaux en campagne.

Une note officieuse, insérée dans le Moniteur universel du 19 pluviôse an X (8 février 1802) donne, relativement à cette mesure, les détails généralement ignorés que voici : (voir le texte du Moniteur en haut de l'article.)

Notes

(1)   La charge des 3e et 14e dragons français fut conduite par le général Boussart sur le 42e régiment anglais. Ce régiment est percé. Dans cette situation, le régiment de Minorque, accouru pour soutenir le 42e, se met en bataille dans l'intervalle entre la redoute et les Gardes. Nouvelle charge des 15e, 18e et 20e dragons. Charge désespérée sur nos deux régiments (42e anglais et Minorque) ... Un drapeau couvert d'emblèmes rappelant les exploits militaires du corps auquel il appartenait, et qui, d'après le rapport du général Reynier, était celui d'un bataillon de la 21e demi-brigade, tomba au pouvoir du régiment de Minorque ou régiment allemand de la Reine. Il fut pris par un soldat nommé Anthony Lutz qui reçut de l'adjudant général un certificat de cette action d'éclat et une somme de vingt dollars. Cet homme, ne sachant ni lire ni écrire, ne put être nommé sergent, grade qu'il eût obtenu sans cela. Dès le commencement de l'affaire, le 42e avait aussi enlevé un drapeau aux Français ; mais, malheureusement, il fut repris dans la charge impétueuse des dragons, qu'il essuya quelque temps après. (Journal de l'expédition anglaise en Égypte..., du capitaine Th. Watts, traduit de l'anglais par M. A. T.. 2e édition, in-8. Paris, 1829 Levavasseur).

(2) Reynier ne dit pas principalement, mais en partie de Cophtes. Le général Kléber avait complété l'effectif de la 21e légère par l'incorporation d'environ 300 Cophtes.

(3) Rappelons que c'est sur cette face que figuraient les inscriptions réglementaires : République Française - Discipline et Soumission aux Loix militaires.

(4) Les documents anglais ne mentionnent pas les inscriptions de batailles que le drapeau de la 21e légère dut recevoir en Egypte; mais dans les instructions que donne Bonaparte à Berthier, le 2o septembre 1798, pour la fête du Ier vendémiaire il dit: ... on leur attachera avec une épingle un écriteau en lettres d'or où sera écrit: prise d'Alexandrie, BATAILLE DE CHEBRERISSE, BATAILLLE DES PYRAMIDES.

Cet « écriteau», faiblement attaché, a pu facilement disparaître, soit au cours de la bataille d'Alexandrie, soit même auparavant.

(5) Nous avons trouvé dans une édition française de l'ouvrage de Wilson, publiée à Londres en 1803 de nouveaux renseignements relatifs à la prise par le soldat Lutz de ce drapeau de la 21e légère, qui complètent, sans les modifier sensiblement, ceux que nous avons déjà reproduits. 
Lutz fut, à cette occasion, l'objet d'une distinction qu'il n'est pas sans intérêt de relever, nous semble-t-il, car la tradition s'en est perpétuée dans l'armée anglaise.
Copie d'un ordre du régiment de Minorque dit Stuart actuellement appelé régiment allemand de la Reine, du 4 avril 1801.
Le soldat Anthony Lutz, qui prit le drapeau à l'ennemi le 21 du mois dernier, est invité à porter, sur le bras droit, la forme d'un drapeau, d'après le modèle choisi par le brigadier-général, comme une marque de sa bonne conduite.
D'après un ordre postérieur, cet insigne devait être porté sur le côté gauche de la tunique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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