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De
Paris, le 20 décembre.
- Le jour où le feu prit au cirque du Palais-Egalité,
il éclata sept incendies dans divers quartiers de Paris.
Voici les réflexions que le citoyen Mercier a publiées
à l’occasion de ces événements malheureux :
« Dans un État républicain, dit-il, il
n'y a point d'abus qui soit indifférent. Il en est un que
je dénonce au gouvernement et à l'opinion publique.
Dans un cas d'incendie, qui n'est pas intéressé à
porter des secours ? Mais voulez-vous rendre ce devoir odieux
aux citoyens, contraignez-les à force ouverte. Dès
qu'une cheminée fume, voilà que la force armée
court au galop et le sabre nu, fait marcher tout ce qu'elle rencontre,
sans distinction d'âge, de personnes et d'état ;
c'est un désordre jeté dans un désordre. Cette
force aveugle précipité les uns, amoncelle les autres,
et rend le service difficile et quelquefois impossible. Ceux qui
sont forcés d'une manière violente et brutale, simulent
le travail et n'en font aucun. Cette vexation, pour être passagère,
n'en est pas moins répréhensible et déplacée,
car elle accoutume la force armée à traiter les citoyens
comme des troupeaux, et rappelle ce qu'il y avait de plus arbitraire
sous l'ancien régime. Je suis sûr que des magistrats
du peuple, décorés, invitant de la voix et du geste
ceux qui sont en état de travailler, entraîneraient
plus de citoyens que le fusil, le sabre et le dangereux galop des
chevaux. La contrainte n'est bonne à rien ; elle ôte
à tout acte de civisme son principal mérite, l'élan
volontaire. C'est celui-là seul qui est efficace. Voyez les
pompiers, voyez les magistrats du peuple, comme ils se dévouent !
On ne va point là pour de l'argent, on ne va point là
sous la voix impérieuse d'un militaire menaçant ou
oubliant son devoir. Soldats, rengainez vos armes, portez vous-même
des secours, et tous les citoyens marcheront de concert avec vous,
sans que vous les arrachiez du seuil de leurs portes. Respectez
le peuple qui vous respecte, et songez qu'un sabre levé est
une offense, et nuit plus qu'il ne sert, quand il s'agit d'éteindre
un incendie. Nous serons beaucoup mieux librement que forcément.
Tentez l'expérience. |
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