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Discours
de Drouot
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Le
22 juin 1815, au cours de la séance à la Chambre des Pairs, le ministre
de l’intérieur, Carnot, lut une note du maréchal Davout qui assurait
que les désastre n’était pas aussi grand qu’on l’avait d’abord dit.
Voici
la partie du discours de Drouot concernant la bataille de Waterloo.
On
remarquera que Drouot ne fait aucune allusion à l’existence d’un château-ferme
crénelé derrière le bois d’Hougoumont, et qu’il confond la Haie-Sainte et Mont-Saint-Jean.
L'Anglais
Booth, dans son ouvrage sur Waterloo paru en 1817, écrit en note
de la traduction du discours de Drouot : "It
is evident that here, as in other French accounts, Mont St. Jean
is put for La Haye Sainte. Mont St. Jean was in the rear of the
British position, and no French soldier came within half a mile
of it. " (vol. II, p. 112). Il est étonnant de constater
que cette judicieuse observation sur la confusion commise par les
Français n'ait éveillé l'attention d'aucun des stratèges qui se
sont penchés sur l'histoire de la bataille.
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Discours du Général Comte Drouot,
prononcé dans la séance de la Chambre des Pairs, du 23 juin : |
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(...)
Le premier corps qui était en tête, attaqua et culbuta plusieurs
fois l'arrière-garde ennemie, et la suivit jusqu'à la nuit, qu'elle
prit position sur le plateau en arrière
du village de Mont-Saint-Jean, sa droite s'étendant
vers le village de Braine, et sa gauche se prolongeant indéfiniment
dans la direction de Wavre. Il faisait un temps affreux. Tout le
monde était persuadé que l'ennemi prenait position pour donner à
ses convois et à ses parcs le temps de traverser la forêt de Soignes,
et que lui-même exécuterait le même mouvement à la pointe du jour.
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En
réalité, l'armée anglaise était en avant
du village de Mont-Saint-Jean. |
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Au
jour, l'ennemi fut reconnu dans la même position.
Il faisait un temps effroyable, qui avait tellement dénaturé les chemins,
qu'il était impossible de manœuvrer avec l'artillerie dans la campagne.
Vers neuf heures, le temps s'éleva, le vent sécha un peu la campagne,
et l'ordre d'attaquer à midi fut donné par l'empereur.
(...)
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Le
deuxième corps commença l'attaque à midi. La division commandée par
le prince Jérôme, attaquait le bois qui était placé en avant de la
droite de l'ennemi. Il s'avança d'abord et fut repoussé, et n'en resta
entièrement maître qu'après plusieurs heures de combat opiniâtre.
Le premier corps dont la gauche était appuyée à la grand'route,
attaquait en même temps les maisons de Mont-Saint-Jean,
s'y établissait, et se portait jusque sur la position de l'ennemi.
Le maréchal Ney qui commandait les deux corps, se trouvait de sa personne
sur la grand'route, pour diriger les mouvements suivant les circonstances.
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Il
s'agit de la ferme de la Haie-Sainte. La confusion a été
relevée dès 1816 dans l'ouvrage de Booth. Voir note.
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Le
maréchal me dit, pendant la bataille, qu'il allait faire un grand
effort sur le centre de l'ennemi, pendant que la cavalerie ramasserait
les pièces qui paraissaient n'être pas beaucoup soutenues. Il me dit
plusieurs fois, lorsque je lui portais des ordres, que nous allions
remporter une grande victoire.
Cependant le corps prussien qui s'était joint à la gauche des Anglais,
se mit en potence sur notre flanc droit et commença à l'attaquer vers
cinq heures et demie du soir. Le 6e corps, qui n'avait pas pris part
à la bataille du 16, fut disposé pour lui faire face, et fut soutenu
par une division de la jeune garde et quelques batteries de la garde.
Vers sept heures, on aperçut dans le lointain, vers notre droite,
un feu d'artillerie et de mousqueterie. On ne douta pas que le maréchal
Grouchy n'eût suivi le mouvement des Prussiens et ne vînt prendre
part à la victoire. Des cris de joie se font entendre sur toute notre
ligne. Les troupes, fatiguées par huit combats, reprennent vigueur
et font de nouveaux efforts. L'Empereur regarde cet instant comme
décisif. Il porte en avant toute sa garde ; ordonne
à quatre bataillons de passer près le village de Mont-Saint-Jean,
de se porter sur la position ennemie, et d'enlever
à la baïonnette tout ce qui résisterait. La cavalerie de la garde
et tout ce qui restait de cavalerie sous la main, seconda ce mouvement.
Les quatre bataillons, en arrivant sur le plateau, sont accueillis
par le feu le plus terrible de mousqueterie et de mitraille. Le grand
nombre de blessés qui se détache fait croire que la garde est en déroute.
Une terreur panique se communique aux corps voisins, qui prennent
la fuite avec précipitation. La cavalerie ennemie qui s'aperçoit de
ce désordre, est lâchée dans la plaine ; elle est contenue pendant
quelque temps par les douze bataillons de vieille garde qui n'avaient
point encore donné et qui, entraînés eux-mêmes par ce mouvement inexplicable,
suivent, mais en ordre, la marche des fuyards.
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L'itinéraire
suivi par la Moyenne Garde est bien connu. Elle passe à côté
de la ferme de la Haie-Sainte, que Drouot nomme errronément
"village de Mont-Saint-Jean". |
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Toutes
les voitures d'artillerie se précipitent sur la grande route, bientôt
elles s'y accumulent tellement qu'il est impossible de les faire marcher,
elles sont pour la plupart abandonnées sur le chemin, et dételées
par les soldats qui en emmènent les chevaux.
Tout se précipite vers le pont de Charleroi et celui de Marchiennes,
d'où les débris furent dirigés sur Philippeville et Avesnes.
Tel est l'exposé de cette funeste journée. Elle devait mettre le comble
à la gloire de l'armée française, détruire toutes les vaines espérances
de l'ennemi, et peut-être donner très prochainement à la France la
paix si désirée ; mais le ciel en a décidé autrement, il a voulu qu'après
tant de catastrophes notre malheureuse patrie fût encore une fois
exposée aux ravages des étrangers.
Quoique nos pertes soient considérables, notre position n'est cependant
pas désespérée. Les ressources qui nous restent sont bien grandes
si nous voulons les employer avec énergie.
(...) |
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"It
is evident that here, as in other French accounts, Mont St. Jean
is put for La Haye Sainte. Mont St. Jean was in the rear of the
British position, and no French soldier came within half a mile
of it. " (vol. II, p. 112).
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