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Journal
de Paris, 29 pluviôse an 9, 18 février 1801 : |
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Du
Café
Les
Européens ont affecté à cette production le nom du ballot qui la
contient lorsqu’elle arrive des ports d’Afrique. Le Caphas*
est un sac carré construit avec les feuilles les plus tendres du
dattier, entrelacées en réseau. Ce ballot est cousu avec des cordons
de la même feuille, vu qu’elle n’est pas contumace,
ou conducteur de la peste**. Le mot caff
signifie avoir peur en
arabe ; ce qui n’offre aucune analogie avec la dénomination en question.
Les Arabes appellent le café potable, ou en poudre, kawhé.
Le café en graine ou comme arbuste, porte le nom de bounn
; ces mots ne changent pas dans les différents dialectes. On
les a conservés dans la langue turque.
Les
Médicis trafiquaient du café, lorsqu’ils faisaient dans le Levant
ce vaste commerce, qui leur a valu des grandes richesses. Mais ils
le prenaient en Afrique, en échange des soies et des laines travaillées,
et le vendaient dans les ports de l’Asie ou de la Turquie européenne.
Les Romains et les Napolitains ont probablement connu le café avant
nous ; ils ne le connaissaient pas en 1615. (...)
On
ne peut se procurer facilement au Caire du café de Moka
ou d’Yémen, sans mélange.
Pour l’obtenir très pur il convient d’envoyer des gens affidés qui
le reçoivent à Souez, et
l’accompagnent au Caire. On prétend qu’il est parfois mélangé à
Djedda même. Les Européens
transportent souvent du café des Antilles à Alexandrie ou dans la
mer Rouge. Dès qu’il est rendu au Caire, on le mêle très fréquemment,
à moitié volume, avec des cafés d’Arabie ; on l’emballe ensuite
dans les caphas, et c’est
là la majeure partie du café Moka
dont l’Europe est abreuvée. Lorsque cette marchandise, arrivant
dans nos ports, est extraite des caphas
pour être versées dans les tonneaux, elle souffre d’autres mélanges.
Celle que l’on vend à Paris, dans des magasins renommés, ne contient
qu’une très petite quantité du café dit Moka.
On connaît ce dernier à sa couleur verte et foncée ; les grains
sont petits, et une bonne moitié de ceux que contient le caphas
de première origine, conserve une coque ou enveloppe mince,
ridée, et dont la couleur approche de celle du café en poudre. Ils
ressemblent à de petites olives desséchées.
Les
Turcs et les Arabes boivent du café très épais, et sans être reposé***
; ils l’appellent kawhé lila,
pour le distinguer du café clair dont les Européens font usage,
et qu’ils désignent sous le nom ironique de kawhé
khaphipha, ce qui signifie mince ou léger. Depuis notre arrivée
en Égypte, les mêlaient volontiers du sucre avec leur café. Les
tasses orientales sont petites, coniques et sans anse. Elles sont
portées dans des coquetiers d’argent souvent travaillés en filigrane.
En servant une tasse de café dans un lieu public, on apporte sur
la soucoupe un charbon destiné à allumer la pipe.
La
première bouture de café fut apportée de Leyde à Paris en 1712.
En 1716, M. Declieu apporta les deux premiers arbustes du café à
la Martinique. Il se priva pendant une grande portion de la traversée,
de sa ration d’eau pour conserver ces plantes qui ont produit de
si grandes richesses. C’est donc au Jardin des Plantes, dont le féroce Henriot demandait la destruction,
que l’on doit un bienfait si important pour le commerce et la prospérité
de nos Colonies.
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*Autrement
el-farda, mais le farda-&-boun
est plus communément le ballot qui vient de l’Arabie à Suez
et de cette ville au Caire.
** La peste n’est communiquée que par l’attouchement.
L’expérience et l’avis respectable des savants officiers de santé
de l’armée d’Egypte, lèvent toute espèce de doute à ce sujet.
Le venin morbifique n’est, selon quelques physiciens,
qu’un gluten, ou amas
semi-fluide de plusieurs vermisseaux excessivement petits. Il est
probable que ces insectes abhorrent certaines feuilles, le verre,
les métaux, etc., où ils ne peuvent se loger, et qu’ils s’attachent
avec facilité aux laines et à d’autres matières. On prétend que
la galle même est produite par la présence d’un insecte dont on
possède le dessin.
*** On peut hâter la précipitation des parties les
plus épaisses, en infusant dans le café, à l’instant de l’ébullition,
de la colle de poisson, ou une amande triturée, et dont la pâte
a été glomérée. Il vaut mieux poser la cafetière sur un trépied
qui la soutiendrait sur trois pointes. On peut prolonger l’action
très vive du calorique, en faisant usage des cafetières qui ont
une double enveloppe, et qu’un artiste célèbre a perfectionnées.
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Dictionnaire de
l’Industrie, Paris, An IX- 1801, Tome 2 : |
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Café
: La semence appelée café nous offre une boisson si agréable
au goût, et tellement en possession d'être regardée comme un digestif,
que son usage est devenu presque universel. (...)
Racines
et semences qu'on peut substituer au café.
Il y en a qui font du café avec des fèves ou haricots ; d'autres,
avec la racine de chicorée, que l'on fait sécher : on la coupe ensuite
par morceaux ; on la brûle, et on la passe au moulin comme le vrai
café.
L'usage de cette boisson est commun en Allemagne.
En 1785, le sieur Frenchard, rue Sainte-Marguerite, près la rue
des Ciseaux, vendait une farine torréfiée, composée de riz, d'orge,
de seigle, d'amandes, de sucre, qu'il nommait café de santé,
et qu'il assurait fournir une boisson presqu'aussi agréable
que le café ordinaire, sans en avoir les inconvénients. (Voyez le
Journal d'Histoire naturelle, 1787, t. II. p. 444.)
Peut-être ces différentes boissons ne nous répugneraient pas,
si la mode nous permettait de regarder les denrées qui croissent
autour de nous, et que nous pouvons nous procurer facilement, comme
aussi bonnes, et même souvent meilleures que celles qu'on nous apporte
à grands frais des pays lointains. Il est vraisemblable qu'on substitue
ces légumes ou ces racines au véritable café, dans la boisson que
l'on vend au peuple de Paris, et dont il fait un grand usage le
matin, sous le nom de café au lait.
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