L’Académie française fut fondée en 1635 par
le cardinal de Richelieu. Elle avait pour mission de fixer la langue
française, de lui donner des règles, de la rendre
pure et compréhensible par tous. C’est dans cet esprit qu’elle
s’assigna pour tâche de composer un dictionnaire.
La première édition de celui-ci parut en 1694.
La seconde édition parut en 1718, la troisième en
1740, la quatrième en 1762.
La quatrième édition connut des publications parallèles,
" non avouées par l’Académie" notamment
celles de Pierre Beaume, Imprimeur du Roi et libraire près
l’Hôtel-de-Ville, à Nismes (Nîmes) en 1778
et 1786-1787.
Dès la parution de la 4e édition, l’Académie
prépara une nouvelle édition, et son secrétaire
perpétuel, d’Alembert, avait annoté un exemplaire
dans ce but. Son ouvrage fut repris après sa mort par Marmontel.
D’après le général Bardin, l’édition
de Beaume de 1786 contenait "les notes et corrections que d’Alembert
et Marmontel avaient minutées dans les marges d’un exemplaire
de 1762".
Par décret du 8 août 1793, la Convention avait supprimé
toutes les académies et sociétés savantes patentées
ou dotées par l’Etat. Par une loi du 6 Thermidor an II, l'exemplaire
annoté devint propriété nationale.
Le premier jour complémentaire de l’an III,
la Convention nationale décida par une loi la publication
d’une nouvelle édition du Dictionnaire de l’Académie,
sur base d’un "exemplaire de la 4e édition chargé
de notes marginales et interlinéaires, actuellement déposé
à la Bibliothèque du Comité d’Instruction publique".
Pierre Larousse écrit dans sa préface
au Dictionnaire du XIXe siècle :
"La Convention avait parlé, il fallait obéir
; les libraires n'eurent pas de peine à trouver des littérateurs
qui se chargèrent d'achever l'œuvre commencée par
d'Alembert et Marmontel ; mais ce que l'Académie aurait fait
en un demi-siècle, peut-être, fut bâclé
en quatre ans, et le nouveau Dictionnaire fut imprimé en
l'an VII (1798). On conçoit aisément que l'Académie
française, lorsqu'elle fut reconstituée, n'ait pas
voulu reconnaître un travail auquel elle avait eu si peu de
part : il ne faut donc tenir aucun compte de cette édition
de 1798, et c'est en 1835 seulement que parut celle qui est réellement
la sixième, et qui doit être regardée comme
succédant directement au dictionnaire de 1762."
On s’étonnera (peut-être) qu’on fasse
largement usage, sur ce site 1789-1815.com, d’une édition
dont Pierre Larousse a écrit qu’il ne fallait tenir aucun
compte. C’est que le point de vue d’un lexicographe n’est pas celui
de l’historien voué à l’approfondissement d’une période
donnée.
D’ailleurs, le général Bardin
écrit dans son Dictionnaire
à propos de cette cinquième édition :
"A cette époque, il n’existait plus d’Académie
; la publication nouvelle était ainsi une entreprise particulière,
mais dans laquelle Suard, Morellet, anciens académiciens,
insérèrent les modifications qui avaient été
préparées de 1762 à 1793. Cette édition,
inférieure, quant au mérite, à celle de 1786,
ne fut pas regardée comme plus authentique ; mais c’est elle
que nous avons consultée de 1810 à 1835"
(date de la parution de la 6e édition).