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La
Bande des brigands d'Orgères |
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Paris
pendant l’année 1800, vol. XXVIII (Par Peltier,
Londres, 1800) : |
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Sur
les Brigands d’Orgères.
De Chartres, le 6 octobre.
Le 12 de ce mois, à trois heures après-midi, vingt-un
des brigands d’Orgères ont expié sur l’échafaud
les nombreux forfaits dont ils ont pendant trop longtemps épouvanté
l’humanité. Tous ont fait voir à leur dernière
heure un sang-froid et une gaieté dignes d'une meilleure
cause. Quelques-uns seulement ont montré quelques remords
; les autres ont plaisanté jusqu'au dernier moment. — Nous
allons voir si Marabou a bien fait préparer le souper, disait
l'un. Nous allons en vendanges, disait l'autre. — Allons,
houppe! s'écria le borgne du Mans, au moment où
l'exécuteur s'emparait de sa personne. — Que de réflexions
fait naître un si profond mépris de la mort !
Extrait d'une lettre de Chartres,
du 7 Octobre.
Je vous ai raconté hier la fin des brigands d'Qrgeres. -
Il faut vous dire aujourd'hui quelque chose de l'histoire de leur
association.
On prétend qu'elle remonte jusqu'aux guerres civiles de Charles
VI ; mais sans vouloir contester l'ancienneté de cette origine,
les faits ne sont authentiques et indubitables que depuis une soixantaine
d'années. Aimerigot, surnommé Tête- Noire,
était le chef de cette étrange société,
il y a plus de 60 ans : il s'était rendu redoutable et par
sa bravoure et par ses cruautés. Les forêts de Sarcot,
de la Porte et de Chambaudoin étaient le théâtre
de ses exploits. Il eut pour successeurs Renard, Poulaillier, Robilard,
Fleur-d'Epine, etc.
C'était un hardi et profond scélérat que ce
Fleur-d'Epine. Il fit de sa bande un peuple, et des pays qu'il dévastait,
un territoire. Il partagea ce territoire en cantons, établit
des tribunaux et des rangs, fit des lois et y tint la main. Il avait
dans sa troupe des éclaireurs, une poste, un chiffre, des
correspondants, et jusqu à un curé. Sa justice criminelle
était sévère et prompte. Un de ses complices,
nommé Tranche- Montagne, fut arrêté,
jugé et pendu en trois minutes, pour avoir lâché
pied dans une affaire. Ce Fleur-d'Epine fut arrêté
avec Grand-Cadet, par la gendarmerie d'Angerville. Ils
étaient sur le point d'expier leurs forfaits sur l'échafaud,
lorsqu'ils furent enveloppés dans le massacre de Versailles.
Leur sang coula avec celui des innocents.
La troupe ne fut point déconcertée par la perte de
son chef. On le remplaça par un autre, nommé le
Beau-Français ; mais sous le règne de celui-ci,
la bande fut dissoute et dispersée par la bravoure du citoyen
Levasseur, maréchal-des-logis de la gendarmerie, résidant
à Janville, et par les soins, le travail et le patriotisme
des citoyens Poulain et Paillard, juges de paix du canton.
En lisant cette histoire, on est moins effrayé des crimes
dont elle se compose, que des dangers nouveaux qu'ils ont fait courir
à la société. De tout temps il y eut des crimes
et des brigands qui bravèrent les lois et la justice, pour
se livrer pendant leur vie à l'oisiveté, à
l'intempérance, à tous les excès de la débauche.
Mais dans aucun temps que je sache, les brigands n'ont manifesté,
comme dans celui-ci, un mépris aussi réfléchi
de la mort. Depuis quelques années les plus grands scélérats
montent sur l'échafaud, non seulement avec gaîté,
ce qui pourrait être une affectation, mais avec calme, ce
qui suppose une grande indifférence pour la vie.
On attribue cette indifférence à plusieurs causes,
à l'habitude des dangers, aux excès du libertinage,
aux secousses de la révolution, à l'absence de tous
les principes religieux, etc. ; mais, d'où qu'elle provienne,
elle est effrayante pour la société, remarquable pour
le philosophe, et digne de fixer l'attention du législateur.
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Bulletin
du Bouquiniste, 1858, p. 627 : |
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Histoire de la
Bande d’Orgères
par A.-F. Coudray-Maunier (1).
A la fin du
dernier siècle, les départements du Loiret, de Seine-et-Oise
et d’Eure-et-Loir étaient en proie aux terreurs les plus
vives. Une bande de voleurs et d’assassins, connue depuis sous le
nom de bande d’Orgères, les parcourait, ravageant
et pillant tout, châteaux, chaumières, fermes et boutiques.
Cette horde homicide et dévastatrice dont l’origine, dit-on,
remontait au malheureux règne de Charles VI, ne comprenait
pas moins de deux ou trois cents individus, hommes, femmes et enfants,
obéissant à un chef suprême. Celui-ci arrêtait
les expéditions à faire, choisissait les soldats devant
y prendre part et les affiliés devant les suivre, puis on
partait avec armes et bagages vers l’endroit condamné au
pillage. Les portes étaient-elles fermées ? On se
procurait de suite une poutre, un tronc d’arbre ou quelqu’instrument
de ce genre, et, le convertissant en bélier, on enfonçait
tout. Une fois entrés, les bandits dont le visage était
noirci, se répandaient dans la maison, garottant, baillonnant
et précipitant dans les caves les malheureux habitants qui,
glacés d’épouvante, n'opposaient qu’une faible résistance.
Si le butin qu’ils convoitaient ne s’offrait pas de suite à
leurs regards, ils allumaient un grand feu, et s’emparant du maître
du logis, ils exposaient ses pieds nus à l’action de la flamme
juqu’à ce qu’il eût révélé l’endroit
où se trouvait l’argent qu’il possédait.
Pour l’honneur de l’humanité, Dieu n’a pas permis que de
pareils forfaits retassent impunis. Grâce à la vigilance
et au courage de la gendarmerie, le lieu de refuge de ces misérables
fut découvert, et bientôt ils tombèrent eux-mêmes
entre les mains de la force armée. Une procédure volumineuse,
puisqu’elle ne comporte pas moins de huit volumes in-folio, fut
commencée immédiatement et elle se termina, le 12
vendémiaire an IX (5 octobre 1800), par l’exécution,
à Chartres, de vingt-et-un accusés principaux.
M. Coudray-Maunier offre aujourd'hui au public une analyse succinte,
un résumé historique des faits concernant cette bande
de scélérats. Il a tout passé en revue : son
organisation, ses habitudes, ses mariages, son code criminel, et
l’énorme quantité de crimes qu’elle a commis. De plus,
il a donné, avec les complaintes du temps, le portrait de
ceux qui ont joué les rôles les plus importants, et
une représentation fac-simile d’un dessin conservé
à la bibliothèque communale de la ville de Chartres,
représentant le Rouge d’Auneau, l’un des chefs de
la bande.
Cette publication se recommande donc tout à la fois comme
une étude de ce que l’audace pouvait à cette époque
et en même temps des progrès qu’a faits depuis lors
la répression pénale en France.
A.
Sorel.
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