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Le général
de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur (Itinéraire)
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Le
28, monté en voiture à 2 heures du matin pour Ronikontouï
(6 lieues). Monté le Cid à Kapinirgoha. Arrêté
en arrière de Ronikontouï. Déjeuné à
9 heures au bord du bois. Remonté en voiture à 11
heures. Parti pour Wilna (6 lieues).
"Monté le Curde à une demi-lieue de Wilna. Reçu
la députation de la ville. Un peu plus loin passé
la revue du 7e de hussards. Fait des promotions. Vu les hauteurs
autour de la ville. Traversé la ville pour se rendre au pont
qui brûlait. Arrêté au bord de la rivière.
Vu les dispositions pour un pont sur radeaux. Visites sur les bords
de la rivière en la descendant, passé le petit bras
dans l'eau à pied pour faire venir les bateaux qui étaient
de l'autre côté. Remonté à cheval.
Parcouru les hauteurs de la rive gauche, les différents quartiers
de la ville. Revenu au bord de l'eau. Monté le Pimpant, passé
sur le nouveau pont de radeaux, visité les hauteurs de l'autre
côté de la rivière, entré en ville, vu
l'arsenal, la position garnie d'artillerie en arrière. Rentré
à 7 heures, logé au palais. » |
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Le
baron Denniée, attaché à l'état
major général de la Grande Armée : |
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A
deux heures, il (Napoléon) était aux portes de Wilna,
dont l'entrée avait été faiblement disputée ;
il y reçut les félicitations d'une députation
qui lui annonça que l'empereur Alexandre ne s'était
éloigné de cette ville que le 26, accompagné
du général Ouvaroff et du général-conseiller
Beningsen.
On ne put faire aucune distribution régulière dans
Wilna; les Russes, en partant, avaient tout ravagé ;
les moulins étaient détruits, les manutentions démolies,
les magasins dévastés, à ce point que l'on
n'eut d'autre ressource que de faire donner aux troupes qui se portaient
en avant quelque peu de farine ; et, d'autre expédient,
pour procurer du pain à la garde et aux officiers, que d'en
faire fabriquer par les Juifs qui habitaient le faubourg et qui
avaient tous de petits fours dans leurs mansardes.
La marche de Kowno à Wilna, à travers les forêts,
dans un sable mouvant, par une chaleur accablante et par une pluie
abondante et continue, avait occasionné des pertes considérables
en hommes et en chevaux. En effet, 5.000 chevaux avaient péri
dans un trajet de moins de 25 lieues ; il est vrai que cette
énorme perte devait être particulièrement attribuée
à la nécessité où l'on s'était
trouvé de nourrir les chevaux avec le seigle vert que les
cavaliers allaient couper au loin dans la campagne ; mais ces
tristes résultats n'en attestaient pas moins à quel
point il était difficile, pour ne pas dire impossible, de
faire subsister une armée nombreuse, et surtout dans un pays
dépourvu de ressources, alors que les mouvements sont trop
rapides. D'un autre côté, il faut le reconnaître,
le système des équipages militaires était loin
d'avoir été conçu dans une juste appréciation
des besoins d'une expédition lointaine, dans laquelle la
vivacité des marches devait être un des éléments
de succès. Aussi les immenses voitures à la Marlborough,
chargées d'énormes provisions et attelées de
bœufs, se sont-elles traînées lentement derrière
nos colonnes sans jamais pouvoir les rejoindre, tandis que les équipages
légers, et particulièrement les voitures à
la comtoise, sont toutes arrivées jusque dans Moscou. |
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de Baudus, aide
de camp du maréchal Bessières : |
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On
entra le 28 dans Wilna, sans coup férir et aux acclamations
des habitants ; notre cavalerie d'avant-garde n'eut d'engagement
avec l'ennemi qu'après avoir traversé la ville, engagement
dans lequel M. Octave de Ségur fut blessé et fait
prisonnier. Le quartier-général s'établit à
Wilna, et Napoléon s'empressa de donner à tous les
corps qui avaient marché sur ce point, dans l’espoir d'y
livrer une grande bataille, les nouvelles directions qu'ils devaient
suivre pour recueillir les résultats que semblait devoir
lui assurer la belle manœuvre qu'il venait de faire. |
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Le général
de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur : |
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(...)
le 28 il (l'Empereur) arriva à Wilna à neuf heures
du matin. Ce mouvement rapide, sans magasins, épuisa et détruisit
toutes les ressources et les habitations qui étaient sur
la route. L'avant-garde vécut, le reste de l'armée
mourut de faim. La fatigue, jointe aux besoins et à des pluies
très froides pendant les nuits, firent périr 10000
chevaux. Beaucoup d'hommes de la jeune Garde expirèrent sur
la route de lassitude, de et de besoin. Les chefs voulurent faire
rivaliser cette jeunesse avec les vieilles bandes qui avaient survécu
à tant de fatigues, de privations, de périls, et cette
jeunesse fut victime de ce zèle mal placé.
Le prince d'Eckmühl, qui soutenait l'avant-garde du roi de
Naples, avait annoncé que le lieutenant général
de Balachof, aide de camp général de l'empereur de
Russie, était arrivé à son quartier général
avec une mission pour l'Empereur. Il eut ordre de le garder sous
divers prétextes. L'Empereur ne lui donna la permission de
venir à Wilna que deux ou trois jours après son arrivée.
Notre avant-garde avait eu une affaire assez vive quelques lieues
avant d'y arriver et une autre près, de cette ville.
Notre cavalerie n'eut pas l'avantage. M. de Ségur, capitaine
de troupes légères, fut pris.
L'Empereur traversa Wilna sans se faire annoncer. La ville semblait
déserte. Quelques juifs, quelques hommes de la dernière
classe du peuple étaient les seuls qu'on rencontrait dans
ce pays soi-disant ami et que nos troupes, harassées et sans
distributions, avaient déjà traité plus mal
que des ennemis. L'Empereur ne s'arrêta pas en ville.
Il fut reconnaître le pont, les environs en avant et les magasins
incendiés par l'ennemi qui brûlaient encore. Il pressa
les réparations du pont, ordonna quelques ouvrages défensifs
en avant de la ville, y rentra et fut descendre au palais. Quoique
son retour fût annoncé, que sa Maison, que le grand
quartier général, la Garde et tout ce qui constatait
sa présence y fussent établis, il n'y eut pas le moindre
mouvement de curiosité dans la population, personne aux croisées,
aucun enthousiasme, pas même des curieux. Tout était
morne.
L'Empereur en fut frappé et ne put s'empêcher de dire
en entrant dans son cabinet :
« - Ces Polonais-là ne sont pas comme ceux de Varsovie.»
Cela tenait à quelques désordres qui avaient eu lieu
en ville et qui avaient effrayé, et aussi à ce que
ces Polonais, contents du gouvernement russe, étaient peu
portés pour un changement. Puis les Russes étaient
encore bien près et il n'y avait eu aucune affaire décisive.
L'Empereur eut des renseignements certains sur le mouvement rétrograde
des Russes. Il s'étonnait qu'ils eussent livré Wilna
sans combat et qu'ils eussent pris leur parti assez à temps
pour lui échapper.
L'espoir perdu de cette grande bataille avant Wilna était
pour lui un vrai crève-cœur. Il s'en vengeait en criant à
la lâcheté de ses adversaires qui jouaient, disait-il,
son jeu en se déshonorant aux yeux des braves Polonais, dont
ils lui livraient le pays et les fortunes sans leur faire l'honneur
de combattre pour eux. Il se flattait que le prince d'Eckmühl
serait plus heureux dans son mouvement contre Bagration et que les
corps qui marcheraient sur la Dwina auraient pieds ou ailes de la
gauche des Russes. Sa première question à tous les
officiers qui arrivaient des divers corps d'armée était:
« Combien a-t-on fait de prisonniers ? » Il voulait
des trophées pour animer les Polonais et personne n'en envoyait.
M. le duc de Bassano et M. le prince Sapiéha s'occupèrent
d'organiser le pays et de le lever à la polonaise. Les habitants
paraissaient peu disposés à répondre aux appels
faits à leur patriotisme. Le pillage, les désordres
de toute espèce auxquels l'armée s'était livrée
avaient mis en fuite tous ceux de la campagne. En ville, les hommes
marquants restaient chez eux. Il fallait les mander de la part de
l'Empereur, car personne ne se présentait, ne se mettait
en avant, quel que fût le zèle des Polonais qui étaient
venus avec l'armée.
Tous les Lithuaniens faisaient l'éloge de l'empereur Alexandre,
et on eut beaucoup de peine à organiser le pays et à
inspirer aux Lithuaniens le désir ou le sentiment de la renaissance
de la patrie polonaise. Les désordres de l'armée ne
contribuèrent pas peu au mécontentement général. |
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