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Bruges,
9 messidor an XI (28 juin 1803).
Général,
J'ai ouï parler bien avantageusement du préfet du département
de la Lys (1). Ce fonctionnaire jouit de beaucoup de considération,
et il m'a paru très attaché au Gouvernement. Les sous-préfets
se conduisent aussi très bien, on fait un éloge particulier
de celui d'Ypres.
Il n'y a que très peu de temps que le maire de Bruges a été
nommé. On attend beaucoup de lui, ayant été
désigné par le préfet.
La contrebande ne se fait pas dans ce département. Sa position
n'y prête pas comme dans celui des Deux-Nèthes.
Les grains sont à des prix modérés. La récolte
comme partout ailleurs promet beaucoup.
On ne dit rien des prêtres.
Bruges est une ville assez considérable, riche, mais les
habitants en sont un peu apathiques. Son principal commerce était
l'entrepôt ; il était assez florissant, mais dans ce
moment il est tombé en stagnation à cause de la guerre.
Comme Gand, cette ville est traversée par beaucoup de canaux
: celui d'Ostende est très large, des bâtiments considérables
peuvent y naviguer. Ce sont des avantages très précieux
pour ce beau pays, et qui le rendent très florissant. Il
y a à Bruges un
superbe bassin ; malheureusement il a été négligé,
et il y a actuellement de grandes réparations à faire.
Le département de la Lys n'est pas considérable, mais
il est très riche et sa population est hors de toute proportion
avec son étendue. On y fabrique des chapeaux, des dentelles
et beaucoup de toiles, principalement du côté de Courtrai
; il y a encore quelques tanneries.
Un bataillon de la 51e est à Bruges; les deux autres sont
à Ostende; ils ont des détachements sur la côte.
Cette demi-brigade a reçu 230 conscrits, qui sont tous habillés
et même instruits ; elle est tenue et l'esprit est bon. Le
chef va bien, il est, je crois, très attaché au gouvernement.
Il en était tout autrement de la 8e de ligne, que la 51e
a remplacée et qui actuellement est dans l'armée de
Hanovre. D'après ce que j'en ai ouï dire, elle mérite
d'être observée de près, ainsi que le chef.
Salut et respect.
Lagrange.
J'ai été, Général,
à Ostende. Cette petite ville était une de celles
qui avaient le plus gagné depuis la paix. Son commerce était
déjà florissant, il promettait de le devenir davantage.
On s'y adonnait avec succès à la pêche de la
morue, objet d'un grand intérêt et pour les habitants
et pour l'Etat, à cause des matelots qui s'y forment. Le
quai du port d'Ostende est assez beau, mais les digues et les jetées
ont besoin de grandes réparations ; l'entrée du port
m'a paru un peu encombrée par les sables. Les écluses
du canal de Bruges sont très belles ; on fait quelque ouvrage
pour les défendre, et les mettre à l'abri d'une seconde
tentative de la part des Anglais.
Lagrange.
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