Accueil
Annuaire
Faits et événements
Personnages
Napoléon
La France et le Monde
Waterloo 1815
Belgique
Armées
Uniformes
Reconstitution
Publications
Liens
Nouvelles du Jour
Plan du site
Balises
|
.
|
Licenciement
des régiments suisses 1792 |
|
|
|
|
Mortimer-Ternaux
(Louis), Histoire de la Terreur, 1792-1794, Paris, 1863. Tome
troisième, pages |
|
|
|
|
LICENCIEMENT
DES RÉGIMENTS SUISSES, APRÈS LE 10 AOUT 1792.
|
|
Régiments
suisses |
|
|
Après
le 10 août, la situation des régiments suisses au service
de la France se trouva des plus délicates. Ils étaient
disséminés dans un grand nombre de garnisons ; seul,
le régiment dit des gardes suisses résidait dans la
capitale, à Rueil et à Courbevoie. (...)
Le 20 août, comme nous l'avons dit, l'Assemblée législative
déclara définitivement les régiments suisses
dissous, par un décret dont voici les considérants et
les principaux articles :
« L'Assemblée nationale, considérant qu'il importe,
dans les circonstances actuelles, de fixer promptement le sort des
Suisses qui sont à la solde de la France, et que le terme de
la plupart des capitulations est expiré, décrète
qu'il y a urgence.
« L'Assemblée nationale, fidèle aux principes
de la liberté française, qui ne lui permettent pas d'entretenir
au service de la France des troupes étrangères, sous
un régime particulier et différent de celui des troupes
françaises, décrète ce qui suit :
« Art. Ier. Les régiments suisses et alliés de
la Suisse actuellement au service de la France cesseront d'y être.
« Art. II. Le pouvoir exécutif est chargé de témoigner
aux cantons helvétiques, au nom de la nation française,
sa reconnaissance pour les services par eux rendus dans les armées
françaises.
« Art. III. L'Assemblée nationale, voulant donner aux
Suisses une preuve de son estime, décrète que les Suisses
qui ont jusqu'à présent servi la nation française
et qui voudront entrer dans des régiments français ou
dans des légions, jouiront de tous les droits accordés
aux citoyens français (c'est-à-dire conserveront leurs
grades et recevront, en s'engageant, la prime de 300 livres pour les
sergents, 200 pour les caporaux, 150 pour les soldats).
« Art. IV. Les retraites, pensions et indemnités pour
les capitaines propriétaires de compagnies, les pensions pour
les sous-officiers et soldats suisses qui voudront se retirer, seront
fixées conformément à l'esprit des capitulations
et à la générosité qui caractérise
la nation française et qu'elle doit à de fidèles
alliés. Les pensions et retraites seront payées, conformément
aux capitulations et comme par le passé, en argent, ainsi que
celles accordées aux Suisses retirés jusqu'à
ce jour.
« Art. V. Le pouvoir exécutif est chargé de pourvoir
à la sûreté de tous officiers et soldats suisses
qui voudront se retirer, et de veiller à ce qu'ils soient traités
comme d'anciens alliés ; mais ils ne peuvent se rendre aux
frontières que par détachements, qui n'excéderont
pas 20 hommes, et ils seront sans armes. Le prix des armes sera remboursé
par le pouvoir exécutif à qui de droit. » |
|
|
|
|
Le
jour même où le licenciement des Suisses était
prononcé, les dangers et l'injustice de cette mesure étaient
démontrés, la fidélité et la bonne foi
des soldats étrangers, dont la France allait se priver, étaient
attestées par un des plus illustres généraux
de la république.
Le général Kellermann à M. de Clavière,
ministre de la guerre par intérim.
«20
août 1792.
« M. de Biron m'ayant laissé, monsieur, par son
départ pour Strasbourg, le commandement en chef de l'armée
campée sur la Lauter, j'ai ouvert le paquet que vous lui
avez adressé par un courrier extraordinaire ; je vois par
ce qu'il renferme, en date du 16 de ce mois, que les mesures de
l'Assemblée nationale ont pour objet le licenciement des
régiments suisses.
« Permettez-moi, comme attaché à ma patrie et
au bien de la chose publique, quelques observations ; elles sont
dictées par ma franchise et par mon désir pour le
succès des vues de l'Assemblée nationale. Il me paraît
que cette nation, qui a toujours servi l'État avec autant
de distinction que de loyauté jusqu'à ce moment-ci,
devrait être recherchée par tous les moyens possibles
pour s'assurer la continuation de son alliance.
« Je vous ai mandé, monsieur, par ma dernière,
qu'il fallait que l'Assemblée nationale emploie toutes les
ressources de persuasion et autres pour le renouvellement d'une
alliance d'un prix incalculable, surtout dans la crise actuelle
des affaires; elle ne peut ignorer les ressorts employés
pour la contrarier, ni les inconvénients funestes de perdre
douze braves régiments de cette nation d'une part, et de
l'autre les avoir contre nous, ainsi que cette nation.
« Est-il possible, monsieur, que sur un avis d'un voyageur
français, donné à M. de Maisonneuve, ministre
plénipotentiaire à Stuttgard, on statue sur le sort
de la nation suisse sur des bavardages de quelques émigrés
de Coblentz ? Est-ce que l'on ne sait pas jusqu'à présent
tous les moyens qu'ils emploient pour nous brouiller et nous diviser
avec nos alliés les plus sûrs ? Méfions-nous
donc enfin de ce lieu commun, et soyons aussi sages que fermes au
soutien de la constitution, et pour ce, ménageons une brave
nation qui nous est attachée depuis plusieurs siècles.
« Si les Suisses eussent été capables de
trahison, Sarrelouis ne serait plus à nous ; le régiment
de Sonnenberg y était seul il y a trois mois, ils n'avaient
avec eux que le 2e bataillon du 8e régiment d'infanterie,
tous les officiers de ce bataillon ont quitté leurs drapeaux,
des officiers d'artillerie et du génie en ont fait autant,
ainsi que M. de Wurmser, maréchal de camp, qui en avait le
commandement ; cet exemple suffit pour justifier ce brave régiment
; dans ce temps je campais avec mon armée à Neunkirch.
« A Bitche, le régiment suisse de Châteauvieux
pouvait fermer les portes et se donner aux émigrés
ou autres ennemis sans courir le moindre danger, cependant ce régiment
tient la place dans le meilleur ordre et dans la meilleure disposition
pour la nation; la preuve en est encore, que des officiers d'artillerie
et du génie employés dans cette place ont quitté
leurs postes, ce qu'ils n'auraient pas fait s'ils avaient pu compter
sur une infidélité de la part des Suisses.
« Quant au régiment de Steiner-Suisse, en garnison
à Landau, je n'en ai entendu faire que des éloges
de la part de l'excellente municipalité et bons citoyens
de cette ville ; dans le temps que la garnison était faible,
ils ont inspiré la plus haute confiance; maintenant qu'elle
est de 7,000 hommes passé, comment les émigrés
peuvent-ils se vanter de prendre la place par leurs moyens ? Ce
n'est donc qu'une perfidie de plus, pour nous brouiller avec l'Europe
entière. Il est révoltant pour des hommes de voir
que l'on croit à toutes les bêtises qui, partout ailleurs,
ne seraient payées que du parfait mépris.
« Je vous prie, monsieur, de donner une pleine communication
à l'Assemblée nationale de tout le contenu de ma lettre
: elle renferme la loyauté et la vérité d'un
soldat qui n'a à cœur que le bien de sa patrie, le soutien
de la constitution, et de défendre l'une et l'autre jusqu'à
la dernière goutte de son sang.
« J'enverrai copie de votre lettre à M. de Biron
ainsi qu'à M. de Custine, qui commande à Landau; je
suis persuadé que ces deux braves généraux
n'auront pas plus d'inquiétude que moi sur la loyauté
et la fidélité des Suisses.
« Je ne puis que vous répéter combien il
est important de tâcher de détourner l'Assemblée
nationale de décréter le licenciement des Suisses,
dont les suites sont incalculables.
«
Le lieutenant commandant l'armée campée sur la
Lauter,
«
Kellermann. » |
|
Kellermann
|
|
|
A
l'occasion de la dissolution des troupes helvétiques au service
de la France, le régiment de Châteauvieux prit une attitude
qui racheta la conduite tenue par lui, deux années auparavant,
lors de cette insurrection de Nancy, dont nous avons parlé
dans notre livre 1er. Il était en garnison à Bitche
; son commandant, le lieutenant-colonel Mérian, sommé
de reconnaître le nouveau régime qui venait de s'imposer
par la violence, écrivit à Lukner, le 21 août,
la lettre suivante :
« Monsieur le maréchal,
« Plein de respect pour vos ordres, nous ne pouvons acquiescer
à celui que M. A. Berthier vient de nous donner en votre nom,
pour partir de Bitche avec le régiment suisse de Châteauvieux
le 24 de ce mois, pour être rendus le 28 à Toul. Nous
sommes entrés dans cette place par ordre du roi, chef suprême
de l'armée, nous n'en sortirons que par les siens. Je vous
écris au nom de tout le corps qui me charge de signer en son
nom.
«
Le lieutenant-colonel commandant le régiment suisse de
Châteauvieux,
«
Mérian. A Bitche, ce 21 août 1792. »
|
|
Régiment
de Châteauvieux
Insurrection
de Nancy
|
|
|
Cependant,
le colonel Mérian ne voulut point entrer en relations avec
les émigrés et leurs alliés ; il conserva, en
face des armées étrangères, la place forte qui
lui avait été confiée. Enfin, lorsqu'il eut été
bien constaté que le roi, auquel il avait prêté
serment, se trouvait dans l'impossibilité absolue de le relever
de son poste, il consentit à remettre les clefs de Bitche entre
les mains d'officiers porteurs des ordres du nouveau ministre de la
guerre, et laissa licencier son régiment comme tous les autres
régiments suisses. |
|
|
|
_
Retour au haut
de la page.
|