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Napoléon a-t-il pu voir
les Prussiens à Saint-Lambert ?

     
 

     
 

Dans le récit dicté par Napoléon au général Gourgaud à Sainte-Hélène, c'est vers 11 heures du matin que Napoléon aurait aperçu les Prussiens "sur les hauteurs de Saint-Lambert".
Personne n’a mis son affirmation en doute.
Il semble bien, pourtant, que la disposition du terrain s’y oppose entièrement. En outre, Napoléon écrit lui-même « le temps était assez brumeux », ce qui est confirmé par d’autres témoignages. En météorologie, on parle de brume lorsque la visibilité est comprise entre 1 et 5 kilomètres. Même si la brume avait été légère, Napoléon n’aurait pas pu apercevoir ce corps de troupes qui « ne paraissait plus éloigné que de deux petites lieues du champ de bataille », soit 8 kilomètres, distance effective à vol d’oiseau entre son observatoire et Saint-Lambert.
Les ordres qu’il prétend avoir donnés à ce moment-là, pour envoyer contre Bülow les divisions de cavalerie de Domon et de Subervie, et le 6e corps de Lobau, n’ont pas été exécutés. Pourquoi ? Le plus probable est qu’ils n’ont pas été donnés.
Aucun témoignage écrit avant 1818 (date à laquelle Napoléon affirme le fait pour la première fois) ne vient à l’appui de la version de Sainte-Hélène.
Même si Napoléon avait préféré, pour l'une ou l'autre raison, laissé s’approcher les Prussiens, il aurait envoyé des patrouilles pour être tenu au courant de leur approche. Il n’existe pas de trace de la moindre précaution. Une seule explication subsiste : Napoléon n’a pas vu les Prussiens à Saint-Lambert.
Un général français (Delort), annotant en 1840 l’ouvrage de Damitz, parle de "ce coup d'œil d'aigle auquel rien n'échappait." A Waterloo, l’aigle avait perdu son coup d’œil.
D’ailleurs, dans une armée bien organisée, ce seraient évidemment des patrouilles de cavalerie légère, protégeant les flancs de l'armée, qui auraient dû les premiers apercevoir les colonnes ennemies, plutôt que chef au centre de son armée.
Mais l’image de Napoléon et de son regard d’aigle est tellement imprégnée dans notre inconscient qu’elle ne permet pas aux objections les plus élémentaires de se faire jour.

 
 

 

 

 

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