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Chronique
des Sciences et des Arts, et Variétés.
Le
Lion De Waterloo. — Les amis de la patrie, les véritables
Belges, chez lesquels nationalité et indépendance
ne sont pas un vain mot, une lettre morte, se sont indignés
en entendant récemment un littérateur welche ou franco-wallon
demander la destruction du Lion de Waterloo, glorieux trophée,
érigé à la valeur belge et en mémoire
de la délivrance de la Belgique du joug français.
Ce vandalisme anti-national, on aura, sans doute, assez de pudeur
pour ne pas le commettre ouvertement ; mais on fera en sorte que,
faute d'entretien, le Lion de Waterloo s'écroulera de lui-même.
Déjà le tertre ou colline artificielle, qui lui sert
de base, est ruiné par les pluies, privé, en grande
partie, du gazon qui le recouvrait autrefois et sillonné
de toutes parts de larges crevasses. Les cabinets britannique et
prussien, avertis de l'état d'abandon où se trouve
ce monument, engagèrent, l'année dernière,
le gouvernement belge à ordonner les travaux nécessaires
pour sa conservation ; leur demande ne fut point accueillie. Ainsi,
si quelque voix puissante et patriotique ne proteste hautement contre
ce refus, il est de toute probabilité que dans peu d'années
le Lion belge aura succombé sous les coups de bec du Coq
gaulois. Au reste, si alléguant le défaut de fonds,
le gouvernement ne prend point de mesures pour empêcher que
cet emblème de notre indépendance disparaisse du sol
belge, nous savons, de bonne part, qu'on s'apprête à
ouvrir des listes de souscription, tant dans la partie wallonne
que dans la partie flamande de la Belgique, pour venir au secours
des réparations à faire à ce monument. Tous
ceux qui savent et qui se rappellent que sans Waterloo, il n'y aurait
point de Belgique, tous ceux qui ne veulent point que notre pays
soit englobé un jour dans la France, s'empresseront d'apporter
leur obole patriotique dans cette circonstance! — Non, il ne faut
pas que le Lion soit un symbole de guerre, mais il doit être
un gage de paix et de neutralité, et rester debout sur son
tertre, comme un écriteau gigantesque, où nos voisins
du Midi aient à lire sans cesse : Royaume de Belgique. |
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