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De
Bruxelles à Namur la route est belle et le pays montueux :
la partie comprise entre cette capitale et Waterloo, traverse la
forêt de Soigne ; cette première portion est en
général très-boisée, offre un aspect
agréable, souvent varié. Cette forêt commence
à peu près à une lieue de Bruxelles, et se
prolonge, le long de la chaussée de Charleroi, jusqu'au Mont-St.-Jean,
sur une étendue d'environ deux lieues. Depuis ce dernier
endroit la route de Namur est généralement découverte ;
elle offre de part et d'autre de grandes plaines et un pays ondulé.
Le premier endroit remarquable est le village et le champ de bataille
de Waterloo. C'est sur l'espace compris entre le Mont-St.-Jean et
Rossomme, le long de la chaussée de Bruxelles à Charleroi,
2400 toises, du sud au nord, et entre le hameau de Smohain et la
chaussée de Nivelles, 2000 toises, de l'orient à l'occident,
que cette mémorable et sanglante lutte a eu lieu, le 18 juin
1815. Ce champ de bataille, déjà maintes fois décrit,
est toujours intéressant pour celui qui le visite, à
cause des grands souvenirs qu'il rappelle à chaque pas. Ici
reposent confondus dans la poussière, pêle-mêle
avec leurs chevaux et dans des fosses communes, des soldats de toutes
les nations, des guerriers de tout âge et de tout rang, des
ennemis sans l'être, dont la plupart ne se connaissaient pas,
qui se sont battus, blessés et tués, sans peut-être
trop savoir pourquoi ; qui la veille étaient loin de
penser que l'heure de la mort allait sonner pour eux, et que le
lendemain serait le dernier jour de leur existence. Ici jouèrent
quitte ou double, aux dépens d'autrui, et entre eux pour
la première et la dernière fois, deux célèbres
rivaux de gloire, dont on se souviendra long-temps, et que l'histoire
jugera de différentes manières.
Plusieurs monuments élevés sur le terrain de cet immense
charnier, sont les seuls objets qui attestent au voyageur que ce
fut ici le champ de bataille de Waterloo. Le monument le plus remarquable
est celui du Lion, appelé de Waterloo ; il a été
élevé à la gloire des armées alliées,
pour transmettre à la postérité le souvenir
de leur éclatante victoire. C'est une éminence artificielle
en terre, de forme conique, dont le diamètre, à la
base, est de 160 mètres, la circonférence de 480,
et la hauteur de 45. Le Lion en fer de fonte, qui surmonte ce monticule,
et son piédestal, sont de grandeur colossale ; le regard
du Lion est tourné vers la France. Du haut de ce monument
l'on découvre facilement tout le champ de bataille ;
il est assis sur le plateau derrière la Haie-Sainte, entre
les chaussées de Charleroi et de Nivelles, à l'endroit
où fut blessé le prince d'Orange. Les autres monuments
sont 1° la pyramide gothique en fer de fonte,élevée
au nord, et près de Planchenoit, par ordre du roi de Prusse,
à la gloire de son armée victorieuse ; 2°
le tombeau du général anglais sir Alexandre Gordon,
érigé par ordre du général duc de Wellington ;
3° le monument consacré à la mémoire des
Hanovriens.
Les deux derniers
monuments se trouvent sur la hauteur, à côté
de la ferme la Haie-Sainte, le premier à l'ouest, le second
à l'est de la chaussée de Charleroi, qui passe entre
les deux tombeaux. L'on voit aussi dans l'église de Waterloo,
et même dans le village, une grande quantité de sépultures
en marbre et en granit, des valeureux guerriers morts au champ d'honneur,
le 18 juin 1815.
Du hameau Mont-St.-Jean
à la ferme la Haie-Sainte, et en suivant la chaussée
de Charleroi, il y a environ 500 toises. C'est autour de cette ferme
qu'a eu lieu le plus rude, le plus acharné et le plus meurtrier
des combats : c'est surtout là que les deux armées
ont déployé la plus grande valeur et se sont disputé
la victoire. Plus loin, au sud, sur la hauteur voisine, à
la distance de 600 toises, et contre la même chaussée,
se trouve la ferme la Belle Alliance. Rossomme se trouve à
650 toises plus en avant ; la maison du roi et la ferme du
Caillou, où l'empereur Napoléon établit son
quartier général le 17, veille de la bataille, sont
éloignées de Rossomme de 400 toises environ. Le temps
et la main de l'homme ont tout réparé, et, sans les
monuments dont je viens de parler, on passerait sur le champ de
Waterloo, sans s'en apercevoir.
Le bourg de
Genappes, le hameau des Quatre-Bras, l'ancienne chaussée
des Romains qui conduit de Bavay à Tongres, les villages
de Sombreffe, de Ligny et le Mazy sont les endroits les plus remarquables
que l'on voit avant d'arriver à Namur.
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