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Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Souvenirs de l'ex-sergent major Marq

 

     

Paris, Librairie militaire Edmond Dubois, 1901.
Des extraits sont parus dans la Revue Napoléonienne en 1901.

Marq est né à Eclaron le 13 novembre 1792.
Enrôlé dans la 56e cohorte de la Garde nationale le 26 avril 1812, qui devient 2e bataillon du 153e régiment de ligne le 22 février 1813.
Son régiment (celui qui a absorbé le 153e, c'est-à-dire le ...) en 1815 est au Havre, il quitte cette ville le 22 avril pour Paris où il arrive le 2 mai, passé en revue par l'Empereur le 8 mai.

 
 

 

DESCRIPTION DES CAMPAGNES DE GUERRE
Faites par moi MARCQ (François)
Ex-sergent-major de voltigeurs, maintenant retraité
Ecrit à Eclaron en 1817.

   
 

(...)
J’ai rejoint mon Corps le 2 mars 1815. Etant en marche pour y arriver, j’entendais parler de ville en ville le long de ma route, que l’Empereur était débarqué de son île, et qu’il marchait à grande journée avec de la troupe pour se diriger sur Paris. En effet, plusieurs régiments ont reçu l’ordre du Roi de quitter leurs garnisons et de marcher contre l'Empereur, qui comme il est dit se dirigeait sur Paris. Il y en eut qui se sont refusés de marcher, d'autres ont obéi aux ordres, et ont marché sur Lyon où l'Empereur se dirigeait. Enfin le Roi donna aussi ordre à sa Garde de partir, et quand toute sa troupe fut rencontrée avec celle de l'Empereur, plusieurs corps d'armée ont passé avec celui-ci et les autres n'ont pas voulu faire feu. Le Roi fut aussitôt instruit de cela, et il a été obligé ainsi que sa famille, de quitter Paris, et s’enfuirent du côté de l’Ille, et ils ont je crois embarqué pour l'Angleterre. Notre régiment n'a fait aucun mouvement, l'Empereur rentra aussitôt dans ses Etats et il est arrivé à Paris le 1er avril 1815.
Il fit de suite organiser les régiments, et donna ordre de choisir les hommes disponibles, et d'en former trois bataillons de marche par régiment au lieu de 4 dont étaient composés les régiments. Et ceux indisponibles d'en former le dépôt. Cela fut exécuté dans peu de temps, et aussitôt l'exécution de cet ordre, on fit partir le régiment de la dite ville du Havre et le dépôt y resta.
Nous sortîmes de la garnison le 22 avril pour nous rendre à Paris où nous sommes arrivés le 2 mai, et le 8 du même mois nous nous sommes réunis sur la place du château des Thuilleries, où l'Empereur nous y passât en revue avec plusieurs régiments, et il donna ordre de partir le lendemain 9 mai pour nous diriger sur Laon (ville de Picardie) (bour-où nous fûmes cantonnés dans les environs jusqu'au 11 juin, et à cette époque on donna ordre de marcher en colonne sur la vile de Monbeuge où l'ennemi venait nous attaquer. Les 13 et 14 nous avons marché sans l'apercevoir, mais le 15 nous l'avons trouvé près de Charles-le-Roi, où il s'est livré une petite bataille sur les hauteurs devant cette ville.
RN L’ennemi n’étant point en force il s’est retiré rejoindre le fort de leur armée, qui était dans la plaine de Fleurus. Le 16 juin au matin, l'armée française s'est mise en mouvement pour aller attaquer l'ennemi qui se trouvait en bataille dans la dite plaine ; aussitôt que les Français ont débusqué de la forêt située entre Fleurus et Charles-le-Roi, l'ennemi fit feu sur nous, et aussitôt l'artillerie française se mit en bataille et elle a de suite fait feu. La cavalerie, l’infanterie etc. se sont aussi mis en bataille et de suite les tirailleurs ont été envoyés en avant. Le feu s'est animé de part et d'autre, si bien qu'on a continué à se battre jusqu'à huit heures du soir et sans quitter les positions, nous avons fait beaucoup de prisonniers et grand nombre d'hommes furent tués et blessés de part et d'autre, cependant à 9 heures du soir, l'ennemi s'est retiré de sa position et il a pris la fuite pendant la nuit du 16 au 17 juin. Les Français ont bivouaqué sur le champ de gloire, et ayant passé la nuit sous les armes, le 17 au matin nous partîmes de cette position pour aller à la poursuite de l'ennemi.
En traversant le champ de bataille, nous avons été obligés de passer sur les corps morts tant il y en avait de tués ; nous avons vu une grande quantité de Prussiens qui avaient voulu se sauver en passant dans des jardins, et plusieurs étaient tués et restés dans les haies où ils voulaient passer pour s'enfuir. La bataille fut ce jour-là honorable pour les français.
Durant cette journée du 17 il n'a cessé un instant de pleuvoir. La troupe était toute harassée de fatigues. Enfin, on nous fit bivouaquer dans une plaine à près d'une lieue éloignée de Waterloo, c'est-à-dire de l'autre côté du village nommé Jemmapes ; sur la route de Bruxelles, ayant encore passé une triste nuit dans l'eau et sur la terre, nous étions fatigués de la marche, et encore plus par l'eau que nous avions reçu pendant la nuit ; nos armes qui se trouvaient incapables de faire feu tant elles étaient rouillées. On a aussitôt à la pointe du jour donné ordre aux régiments de nettoyer et d'apprêter leurs armes, et de les mettre en état de faire feu ; et en même temps de regarder dans les gibernes si les cartouches n'étaient point mouillées. On en trouva de suite et elles furent remplacées.

Sur les dix heures du matin (18 juin 1815) le régiment sortit de son campement pour se diriger sur Waterloo, où la bataille était déjà animée, les régiments qui faisaient partie de notre corps d'armée (6e d'observation) se sont réunis, et ils ont marché en colonne jusqu'aux environs de la bataille, on nous fit tenir dans cette position jusqu'à trois heures de relevée, et ayant été exposé un grand longtemps par les boulets de canon qui venaient tomber dans nos rangs, on nous fit marcher en colonne serrée jusqu'au milieu du champ de bataille ; marchant pour arriver à cet endroit plusieurs hommes furent tués dans les rangs, et étant arrivés, on nous fit mettre en carré par régiment en raison de ce que la cavalerie anglaise était près de nous qui se battait avec des cuirassiers français, elle est venue plusieurs fois pour foncer nos carrés ; mais elle n'a remportée aucun succès, les boulets et la mitraille tombaient dans nos carrés comme la grêle, nous étions là avec ordre de ne pas tirer un coup de fusil et ayant la baïonnette croisée, beaucoup d'hommes furent tués dans cette position.
Après quelques heures de position en carré, les chefs de bataillon ont reçu ordre d'envoyer leurs voltigeurs en tirailleurs, j'étais sergent-major de la 3e compagnie, et aussitôt cet ordre donné nous y fûmes conduits par nos officiers, et étant arrivés près de l'ennemi nous nous sommes disposés çà et là près d'un bois situé sur la droite de la route de Bruxelles, étant bien animé et soutenu par des colonnes de cavalerie qui étaient derrière nous, nous avons restreint l'ennemi à se retirer ; mais aussitôt notre poursuite quarante mille hommes ennemis débusquèrent à l'instant du bois et ils ont de suite fait feu sur nous ; les voltigeurs qui se trouvaient là ont été tous tués et blessés : moi d'abord je fus blessé d'une balle qui me traversa le corps en passant par l’aine gauche et qui est sortie après une incision faite, au gros de la fesse droite, elle me fit tomber le ventre à terre et je fus de suite ramassé par deux de mes sergents qui se trouvaient alors près de moi, ils m'ont ramassé et m'ont mis sur un cheval d'artillerie ; mais à peine avais-je fait vingt pas sur ce cheval que je fus obligé de me laisser tomber en bas du dit cheval en raison de ce que je ne pouvais supporter sa marche : j'ai resté sur le champ de bataille les 18, 19 et 20 juin, époque où je fus ramassé par des paysans, et de suite conduit à Bruxelles, où l'on me pansa pour la première fois : je faisais partie d'un convoi de 1500 hommes blessés ; la bataille fut terrible pour les Français, ils ont eu une déroute complète, des parcs d'artillerie, de caissons de munitions, et de vivres, furent restés au pouvoir de l'ennemi ; la retraite était si précipitée qu'on n'avait à peine le temps de couper les traits des chevaux attelés après les pièces, pour se sauver. Enfin je ne ferai point la description entière de cette malheureuse retraite, puisque je fus pris prisonnier ; mais étant resté sur le champ de bataille, j'ai vu grande partie de la troupe ennemie qui marchait à la poursuite des Français. J'étais resté sur place baigné dans mon sang, et malgré cette cruelle position, j'eusse encore la précaution avant que l'ennemi ne passe dans nous, de défaire mes culottes et mes caleçons, et de me mettre sur mon ventre le nez en terre pour leur faire voir que j'étais tué et pillé ; quoique cette bonne précaution, il y eut un cavalier qui a voulu se satisfaire de mon sort, il m'a lancé un coup de pointe de sabre sur le cou, mais j'ai encore eu assez de forces pour ne pas bouger de ma position ; car si j'eusse fait le moindre mouvement, il est à croire qu'il m'aurait achevé, et je fus dans mon triste sort assez heureux de conserver un peu d'argent que j'avais eu la précaution de cacher dans ma bouche.
Etant arrivés à Bruxelles comme il est parlé ci-dessus nous y avons resté quelques jours, et de là on nous fit embarquer pour aller à Anvers. (...)

(...)

     

 

 

 

     

 

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